1955, un voyage extraordinaire pour le jeune Jacques Séguéla

En 1955, le jeune Jacques n’a que 21 ans. Elève au lycée Arago, il a eu son bac à la 2e tentative et son père l’a inscrit à l’université pour des études de pharmacie. Mais Séguéla junior a la bougeotte. Avec deux de ses amis, Jean-Claude Baudot et Henri Desperret, il monte une véritable expédition : une « croisière d’étude » de Perpignan à Karachi et retour en 2cv ! Et comme il a déjà le sens de la com, il se débrouille pour que l’Indépendant les suivent. Les trois compères, vêtus de costumes blancs posent devant leur véhicule avant le départ, le 12 août. Ils ont prévu un périple de 22 000 km en 72 jours en passant par l’Italie, la Yougoslavie, la Grèce, la Turquie, le Belouchistan et l’Inde avant de revenir par l’Irak, la Syrie, Jérusalem, l’Egypte et à nouveau la Grèce et l’Italie.

Le 25 septembre, ils envoient une photo de Karachi où ils sont arrivés après 44 jours malgré la crue de l’Indus. A leur retour, fin octobre, ils racontent leur odyssée dans le journal : le militaire qui les a escorté en Turquie, les 42° à Téhéran, le grand désert salé, la collision avec un camion au Belouchistan qui « plie » la Deudeuche et envoie ses 3 occupants à l’hôpital, les 52° à Karachi, la déception de ne pas trouver une seule rose à Ispahan, le pèlerinage au Golgotha, l’embarquement sur le Corinthia pour aller de Beyrouth à Port-Saïd et Alexandrie … une moyenne de 526 km par étape, un record du monde pour une 2cv ! Le trio se met en scène pour le photographe avec tapis persan, service à café de cuivre martelé et narguilé, et se déclare fourbu mais ravi ! Ce périple va leur donner le goût de l’aventure puisque trois ans après Séguéla et Baudot vont se lancer dans un tour du monde, toujours en 2cv à la recherche des plantes médicinales rares. 100 000 km et une cinquantaine de pays en 400 jours … mais ça je vous l’ai déjà raconté !

Aventure toujours, les meilleurs pilotes du monde sont à Perpignan pour le grand « Meeting national de l’air » !

Un événement auquel était inscrit le champion de voltige et pilote de guerre Marcel Doret, as de tous les meetings européens, mais celui-ci, atteint d’un cancer, s’est éteint le 31 août. La réunion perpignanaise lui est donc dédiée. Au programme : la Patrouille de France, l’escadre de Mistral de la base d’Orange, et un des avions les plus rapides du monde, un « Mystère » qui doit franchir le mur du son : un double bang après un piqué à 1200 km/h (et l’Indépendant explique le phénomène, schémas à l’appui). La piste de la Llabanère ne faisant que 1300m, ces avions ultramodernes, venant de leur base, Mont de Marsan pour le Mystère, feront un passage en rase-motte. Les « Flèche volantes » de la Royal Air Force en revanche atterriront. L’équipe fanion de l’US Air Force sera également présente. Ajoutez à cela un festival de chute libre avec la nouvelle recordwoman Colette Duval et vous comprendrez pourquoi 30 000 personnes viennent assister au spectacle !

Et sinon ?

Mme Coty, victime d’une crise cardiaque, meurt subitement le 12 novembre 1955 et la France la pleure. Pourtant quand son mari, René Coty, est devenu Président de la République, la presse tournait en dérision sa silhouette épaisse et son goût pour les tâches ménagères. N’accueillait-elle pas les journalistes en tablier ? C’est une Catalane qui a changé son image auprès du public. Claude-Salvy, née Sauvy, de Villeneuve de la Raho, sœur cadette d’Elisabeth dite Titaÿna, et d’Alfred, père de la statistique française. Attachée de presse de l’Elysée, elle permet à Germaine Coty de gagner le cœur des Français. L’Indépendant rappelle de son côté que, fuyant les bombardements, Mme Coty s’était réfugié avec ses enfants à Perpignan en 1915, pendant que son époux, avocat, se battait au front. Pendant deux ans, elle vécut ainsi rue Rempart-Villeneuve, s’occupant de ses deux filles et de diverses organisations caritatives. Son mari devenu Président, elle tint à recevoir son ancienne logeuse catalane à l’Elysée.