Attaque du Hamas contre Israël : le poids du contexte régional

Un soldat libanais surveille une zone frontalière avec la ville de Metulla, le 8 octobre 2023. ©AFP - MAHMOUD ZAYYAT / AFP
Un soldat libanais surveille une zone frontalière avec la ville de Metulla, le 8 octobre 2023. ©AFP - MAHMOUD ZAYYAT / AFP
Un soldat libanais surveille une zone frontalière avec la ville de Metulla, le 8 octobre 2023. ©AFP - MAHMOUD ZAYYAT / AFP
Publicité

L’attaque du Hamas en Israël menée ce samedi 7 octobre 2023 plonge les pays frontaliers dans le trouble. Depuis 2020, Israël a engagé un rapprochement avec plusieurs pays du Moyen-Orient, qui pourrait changer la donne : quelles en sont les conséquences dans le conflit aujourd’hui ?

Avec
  • Ziad Majed Chercheur et politiste franco-libanais, professeur et directeur du programme des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris

Samedi 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque en Israël, plongeant les nations voisines dans l'incertitude. Depuis 2020, Israël a initié des rapprochements avec plusieurs nations du Moyen-Orient, potentiellement modifiant l'équation du conflit actuel. Quelles répercussions cela peut-il avoir sur le conflit en cours ?

Une attaque surprenante ?

Au lendemain de cette attaque, il est légitime de se demander dans quelle mesure une telle opération était prévisible : “il est évident que c’est une attaque surprenante au niveau de son organisation, son impact psychologique et au niveau du nombre de victimes civiles et militaires du côté israélien. Si le timing est intrigant, il était attendu qu’une escalade ait lieu si l'on considère les attaques de l’armée israélienne et des colons en Cisjordanie, ainsi que le siège de Gaza qui dure depuis 2007”, explique Ziad Majed, politologue et professeur à l'Université américaine de Paris.

Publicité

“Nous sommes à la fois dans un contexte régional où certaines promesses de normalisation ont été tenues et en même temps un contexte palestinien peu médiatisé où la colonisation israélienne s’est intensifiée. Il y avait des éléments pour une explosion de la violence, mais peu de gens s’attendaient à une opération de cette ampleur”, poursuit-il.

France Culture va plus loin (l'Invité(e) des Matins)
35 min

Un "crime de guerre"

Cette attaque a délibérément pris pour cible des civils, la rendant dès lors qualifiable de “crime de guerre”, selon Ziad Majed : “toute attaque délibérée contre des civils est un crime de guerre selon la Convention de Genève. C’est un crime de guerre, tout comme les crimes de guerre commis par l’État d'Israël et les colons, qui eux sont rarement condamnés. Au niveau du nombre de victimes, Israël a tué 1 400 civils palestiniens dans la guerre de 2014 à Gaza, par exemple. Les bombardements israéliens ont donc aussi beaucoup fait souffrir les Palestiniens. Au niveau international, toute attaque contre des civils, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, est un crime de guerre”.

Concernant la réponse israélienne à venir, le politologue appelle à la prudence face au danger d'une escalade incontrôlable : “dans une zone de 343 kilomètres carrés où vivent deux millions de Gazaouis, il est impossible de penser qu’on peut frapper le Hamas sans massacrer des civils. Il est nécessaire de mettre fin à ce cercle vicieux de la violence en allant vers une solution politique qui n’exclut pas les Palestiniens”, ajoute Ziad Majed.

L’ouverture d’un second front est-elle possible ?

Cette hypothèse est une grande crainte pour le Liban aujourd’hui. D’après Ziad Majed, “on peut s’attendre à des tirs dans le territoire de Chebaa, un territoire libanais contesté, occupé par Israël depuis 1967. Dans ce cadre, l’intensité est pour l’instant faible et il n’y a pas d’indice d’ouverture d’un deuxième front. Si jamais il y a une opération militaire terrestre pour envahir la bande de Gaza, le Hezbollah sera sans doute dans une logique d’ouverture d’un autre front afin de soutenir le Hamas. Si cela arrive, l’Iran pourrait être un acteur décisif pour progresser politiquement dans la région. Néanmoins, d’autres pays pourraient jouer le rôle de médiateurs, comme le Qatar ou l’Égypte”, conclut-il.

La Revue de presse internationale
6 min

L'équipe