Au Liban, le Hezbollah

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Depuis l’attaque perpétrée le 7 octobre dernier en Israël par le Hamas, un autre conflit se joue le long de la frontière qui sépare Israël du Liban. Une guerre de plus basse intensité mais qui se traduit par des frappes quasi quotidiennes, entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas.

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Au Liban, État multiconfessionnel, la géographie joue politiquement.

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Les montagnes de l’arrière pays par exemple ont servi de refuge à plusieurs minorités fuyant les persécutions religieuses, comme les maronites, les musulmans chiites et les Druzes. Tandis que les villes du littoral, sous administration directe de l’Empire ottoman, ont traditionnellement été peuplées principalement par des musulmans sunnites. Pendant le mandat français, on instaure le confessionnalisme politique, c’est-à-dire que les institutions sont réparties selon les équilibres démographiques entre les communautés. Et ce système perdure après l’indépendance du Liban, mais ces équilibres sont précaires et le pays plonge dans une guerre civile au milieu des années 1970.

Le Liban est entouré à l’Ouest, par la mer Méditerranée, au Nord et à l’Est, par la Syrie. Il faut rappeler que la Syrie et le Liban ont une histoire commune, car ils étaient placés sous mandat français par le Société des Nations en 1920, après le démantèlement de l’Empire ottoman. Et au Sud, Israël. Et les tensions entre ces deux pays ne datent pas d’aujourd’hui. En 1981, l’armée israélienne a envahi et occupé le Liban pour éliminer l’OLP, l’Organisation de libération de la Palestine qui avait fait du pays sa base arrière. C’est dans ce contexte que naît le Hezbollah. Il a été officiellement créé en 1985, dix ans après le début de la guerre civile libanaise, et dans la foulée de l’occupation israélienne, mais aussi dans la continuité de la révolution islamique iranienne de 1979. La République islamique d’Iran est le modèle de référence pour le Hezbollah, qui est un mouvement islamiste chiite. Il a été entraîné et armé par les gardiens de la révolution iranienne, et c’est le plus loyal des alliés régionaux de Téhéran. Et dans la droite ligne de l’Iran, son principal objectif est l’élimination d’Israël et le départ des Américains de la région. Et depuis, le Hezbollah est devenu le maître du jeu au Liban.

Il y a une géographie du Hezbollah au Liban. Ce sont d’abord des régions à majorité chiite souvent des régions périphériques et puis également des territoires stratégiques, on va le voir.On peut commencer par la plaine de la Bekaa. Cette région rurale pauvre, enserrée entre les montagnes, s’organise autour de la ville de Baalbek, berceau du Hezbollah. On est à proximité de la frontière libano-syrienne, une zone qui permet les échanges licites mais aussi illicite et ce n’est d’ailleurs pas l'État libanais qui contrôle certaines parties de la frontière mais le Hezbollah. Dans la banlieue sud de Beyrouth, où se concentre la population chiite pauvre très dépendante des aides sociales distribuées par le Hezbollah. Ce qui lui permet de consolider sa base populaire. Et puis le Hezbollah exerce aussi une forte influence sur l’aéroport et le port de Beyrouth d’où il contrôle ce qui sort et entre au Liban.

Le Liban sud enfin. Cette région pauvre et délaissée par l’État a été occupée par l’armée israélienne jusqu’à 2000. Après ce retrait, les Nations unies ont établi une ligne de démarcation, la ligne bleue, qui fait office de frontière. Les tensions constantes entre la milice chiite et son ennemi israélien ont dégénéré à l’été 2006 en une guerre dévastatrice. Une guerre qui s’est soldée par un échec pour l’armée israélienne, qui avait pour objectif d’éliminer le Hezbollah. Le Hezbollah a tiré les premières roquettes dès le 8 octobre, en soutien au Hamas, provoquant le déplacement de quelque 100 000 habitants du nord d’Israël, par mesure de sécurité. A ce jour, ils n’ont pas réintégré leur foyer. Dès novembre 2023, Israël est passé à l’offensive en menant des raids aériens en profondeur sur le dispositif militaire du Hezbollah. Israël a fait en sorte de vider la bande frontalière de toute présence humaine au Liban sud.

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