À seulement 27 ans, Bilal Alnemr et son violon ont côtoyé les plus grands musiciens. Né en Syrie, il a quitté son pays pour apprendre le violon en France et n’a pas vu sa famille pendant sept ans. Aujourd’hui, son pays natal continue d’influencer sa musicalité.
« Je n’ai pas connu la guerre, mais mes parents et ma sœur l’ont connue ». Un an avant le début de la guerre en Syrie, Bilal Alnemr doit faire un choix difficile : quitter sa famille et son pays, pour poursuivre ses études et le violon en France. Car depuis tout petit, le jeune garçon possède un véritable don musical. Alors qu’il n’a que trois ans, son père lui offre un violon jouet après avoir entendu l’instrument à la radio. « Il a toujours dit 'Mon fils fera du violon.' Quelques temps après, il m’a offert mon premier vrai violon. »
En Syrie, il est alors compliqué d’avoir accès à la musique classique occidentale. « La nuit, mon père montait sur le toit pour tourner le satellite et capter la chaîne Mezzo, alors interdite en Syrie. Ainsi, chaque matin, mon père retournait le satellite comme si de rien était. Et moi, la journée, je réécoutais ce que l’on avait enregistré la nuit et je pratiquais mon violon. »
De la Syrie à la France
Bilal rejoint un conservatoire syrien et très vite, ses professeurs repèrent ses capacités. « Deux professeurs de musique français ont proposé que je poursuive le violon au conservatoire d’Aix-en-Provence. Au début, ma mère a refusé, alors ils ont expliqué que si je voulais continuer à faire du violon dans ma vie, c’était une opportunité à saisir. »
Le jeune Bilal arrive en France en mai 2009 et poursuit ses études à Aix-en-Provence. Lorsque la guerre en Syrie éclate, il ne voit plus sa famille pendant plusieurs années. Il réussit finalement à faire venir sa sœur, puis ses parents en France, qui s’installent dans le village de Vauvenargues, en Provence. Signe de son attachement profond avec le village, le musicien a lancé un festival de musique à l'été 2022. Il multiplie en parallèle les collaborations avec des artistes qu'il écoutait autrefois - pour certains - depuis la Syrie quand il était enfant, comme Hélène Grimaud, Renaud Capuçon ou encore Waed Bouhassoun.
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Sa rencontre avec Daniel Barenboim
Il poursuit son apprentissage au conservatoire de Paris, puis à la Barenboim-Said Akademie, à Berlin. C’est là qu’il rencontre le maestro Daniel Barenboim. « Je m’en rappellerai toute ma vie, c'était le 13 juin 2018. Après mon audition, deux dames sortent de l'académie en disant 'Bilal, Bilal, où es-tu ? Tout le monde t'attend. Maestro Barenboim est en haut, il veut te réécouter.' J'entre dans la salle, Daniel Barenboim se présente, me regarde avec un air extrêmement sûr et malicieux et me demande : 'Juste Mozart'. » Le lendemain, le jeune violoniste reçoit une invitation pour rejoindre le Divan Orchestra – un orchestre composé de musiciens du Proche et du Moyen-Orient, fondé par le maestro dans un objectif de paix.
« Daniel Barenboim est l’une des figures qui m’inspire énormément, sur le plan philosophique, humain et musical. » Pour Bilal Alnemr, la musique a un rôle à jouer face aux conflits, mais il reste pragmatique : « On ne va pas gagner une guerre en jouant du violon. Mais ensemble, on collabore tous, on apporte chacun une idée simple et humble. Quand on joue à l'unisson, il y a quelque chose qui se passe sans même que l’on parle de nos idées. L’ego redescend, on est là pour servir l’autre ».
Références