Boxe et personnalités politiques : un match parfait ?

Muscles saillants, grimace de combattant et poings serrés dans ses gants, non, on ne vous décrit pas une photo du champion de boxe Tony Yoka, mais bien d’Emmanuel Macron. Mercredi 20 mars, Soazic de la Moissonière, la photographe officielle du président de la République, a partagé sur son compte Instagram deux clichés qui ont tout de suite interpellé les internautes.

Prises en plein entraînement de boxe, alors qu’Emmanuel Macron frappe de toutes ses forces sur un punching-ball, ces photos inattendues sont tombées comme un cheveu sur la soupe.

Sur les réseaux, ces clichés ont déclenché moqueries chez les internautes et parfois agacement chez l’opposition. Entre photos retouchées pour le rendre plus impressionnant et démonstration de force déplacée, une chose est sûre : Emmanuel Macron qui pratique la boxe, ça ne passe pas inaperçu.

Pourtant, il n’est pas le premier homme politique à se mettre en scène face à un punching-ball. Alors, coup de pub pour paraître plus cool ou bien mise en scène viriliste ?

Un climat de tension

Lors d’une conférence de presse au sujet de l’aide à l’Ukraine le 26 février dernier, les déclarations d’Emmanuel Macron ont aussitôt divisé. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. »

Peu de temps avant, le journal Le Monde avait publié une déclaration en « off » du Président, tenue devant une poignée de personnes. « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa ». Ces propos, bien qu’officieux, ont tout de suite fait réagir, et pas seulement en France.

En Russie, ces déclarations ont tout de suite été perçues comme une attaque. Le gouvernement n’a donc pas hésité à réagir, et c’est plutôt offensif. Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma (équivalent russe de l’Assemblée nationale), s’est d’ailleurs empressé de proférer des menaces. « On va tuer tous les soldats français qui vont venir sur le sol ukrainien. »

Alors forcément, quand Emmanuel Macron expose ses biceps et son air sérieux, pour certains, ce n’est pas anodin. La mise en scène de boxeur, un moyen de ne pas se laisser intimider ? Du moins, c’est ce que pensent certains membres de l’opposition. Sandrine Rousseau, députée écologiste, a par exemple réagi sur Twitter en dénonçant un comportement « viriliste ».

Des codes qui rappellent à certains les photos d’un autre chef d’État, et pas n’importe lequel : Vladimir Poutine lui-même. Le président russe aime particulièrement se mettre en scène, torse nu, dans des tableaux de chasse ou de pêche, des activités très « viriles » qui font partie d’une stratégie de communication bien ficelée. Et sur les réseaux, les internautes s’amusent à comparer les clichés du Président français avec ceux du chef d’État russe.

La boxe, une discipline qui séduit les personnalités politiques

Ce n’est pas la première fois que le Président de la République enfile des gants de boxe. En avril 2022, il s’était prêté au jeu lors d’un déplacement à Saint-Denis. Déjà, on parlait d’une mise en scène « combattive ». Et pour cause, ce combat est arrivé au lendemain du débat d’entre deux tours face à Marine Le Pen, lors de la dernière présidentielle.

Au sein du gouvernement, d’autres membres ont eux aussi succombé à la boxe. Récemment, c’est Olivier Véran, ancien ministre de la Santé pendant la crise sanitaire, qui s’y est mis. Le député Renaissance a en effet partagé une séance de boxe avec des collégiens à Bobigny. Le 8 mars dernier, sur son compte Instagram, il précise : « Faire de la boxe avec les jeunes à Bobigny, ce n’est pas juste pour prendre des coups. C’est pour casser la distance. »

Casser la distance, serait-ce l’objectif derrière toutes ces démonstrations sportives ? Édouard Philippe, ancien Premier ministre et désormais président de son parti, Horizon, a lui aussi adopté ce sport il y a plusieurs années.

Mais la boxe est loin d’être réservée aux hommes politiques, du côté des femmes, on n’hésite pas non plus à chausser les gants. Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle de 2022, s’était mise en scène sur le ring en 2015, en pleine campagne des élections régionales. Et en 2021, c’est Rachida Dati, aujourd’hui ministre de la Culture, qui avait démontré sa passion pour la boxe.

Si pour certains l’objectif est de se rapprocher des Français, pour d’autres, c’est aussi un moyen de faire preuve de combativité et de force, surtout en période de campagne, ou de tensions. Alors quand Emmanuel Macron frappe dans un punching-ball, sur les réseaux, on se questionne sur sa stratégie de communication.