Claude Nougaro : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le chanteur toulousain

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Claude Nougaro : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le chanteur toulousain

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Le chanteur toulousain Claude Nougaro
Le chanteur toulousain Claude Nougaro
© Getty - REPORTERS ASSOCIES

Surnommé l’homme aux semelles de swing, Claude Nougaro était l’une des rares figures à marier avec succès la langue française avec la musique de jazz. De Toulouse à Paris en passant par New York et le Brésil, retraçons en dix anecdotes la vie de cette figure musicale si singulière.

Bercé par la musique classique, le jazz et la chanson française, Claude Nougaro baigne dès son enfance dans un mélange d'influences musicales éclectiques, auxquelles il ajoutera plus tard sa fascination pour les sonorités africaines et sud-américaines. D’abord poète et parolier avant de se tourner vers le chant, Claude Nougaro rejoint les plus grands jazzmen français pour signer un corpus de chansons éternelles qui subliment la langue française. Voici 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le célèbre chanteur toulousain.

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La musique, une affaire de famille

Claude Nougaro avait la musique non seulement dans la peau, mais également dans le sang ! Né dans une famille de musiciens, le jeune Claude est nourri au jazz, à la musique classique et à la chanson française dès son plus jeune âge. Son père, Pierre Nougaro, est une des grandes voix lyriques du Capitole de Toulouse avant de devenir célèbre premier baryton à l'Opéra de Paris. Sa mère, Liette Tellini, est quant à elle professeure de piano et premier prix de piano au conservatoire. La voie musicale était ouverte au jeune toulousain dès sa naissance.

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Poète devenu « mot-sicien »

Claude Nougaro manie la langue français tel un fleuret, malgré avoir raté son bac. Il est l’une des rares figures à allier le jazz et la langue française de manière aussi réussie, le français étant soi-disant une langue peu mélodieuse. « Moi, ma langue, c'est ma vraie patrie, et ma langue, c'est la française. Quand on dit qu'elle manque de batterie, c'est des mensonges, des foutaises. Ceux qui veulent lui casser les reins, je leur braque mes alexandrins », menace le chanteur dans Vive l’alexandrin.

En 1954, Claude Nougaro fait ses débuts dans l’un des célèbres cabarets parisiens de la butte Montmartre, le Lapin Agile, où il récite ses poèmes. Ce n’est que trois ans plus tard que le jeune poète décide de mêler musique et parole et de chanter ses textes. Mais l’amour du mot reste à jamais le cœur battant de son art, au point de se définir comme un « mot-sicien ». « La chanson est précisément un nouvel art d’expression où la poésie reprendra ses droits à travers le rythme et la musique, car à ce moment-là la poésie devient acte physique », explique Nougaro dans l’émission Discorama (10 mars 1968).

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Jazzman malgré lui

« Je ne suis pas un jazzman. Je suis un chanteur de langue française, un chanteur à textes qui chante un peu en rythme », disait modestement Claude Nougaro. Et pourtant, il passe son enfance scotché devant le poste radio à écouter les titres de jazz. Il découvre ainsi les musiques de Louis Armstrong, Glenn Miller, Bessie Smith, Duke Ellington et Count Basie. Le coup de foudre est immédiat : le jeune Claude a le jazz dans la peau. « Le jazz c’est dans mes globules », dira-t-il plus tard.

À cela s’ajoute sa passion pour la musique classique, la chanson française et la poésie. Ce mélange improbable ne manque d’interpeller les publics des différents clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés que fréquente Nougaro : « C’était la première fois que j’entendais un poète qui swinguait. Et c’est par cette rencontre avec les musiciens insolents du jazz que Nougaro s’est rencontré lui-même », se souvient le jazzman Bernard Lubat (Muziq, avril 2022)

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Club Jazzafip
1h 08

Ô Toulouse, de la rancune à l’amour

La célèbre chanson Ô Toulouse, ode d’amour à la ville de Toulouse, n’avait rien de joyeux dans sa première version. Installé à Paris depuis 1950 après son service militaire, Claude Nougaro signe en 1967 une chanson dans laquelle il exprime une certaine colère envers son enfance toulousaine qu’il estimait malheureuse. C'était une chanson « presque cruelle », affirme le chanteur l'émission Quatre saisons, en 1999.

Il révèle alors les premières paroles à sa compagne, mais cette dernière s’étonne du sentiment presque rancunier qui en ressort. Elle lui donne alors un sage conseil : « Quand on évoque sa ville, il faut en faire un chant d'amour et pas un chant de rancune ». C'est donc à la conjointe de Claude Nougaro que les Toulousains doivent la désormais célèbre ode à la Ville rose.

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Ô Paris

On associe instinctivement Claude Nougaro à Toulouse, mais la ville de Paris joue également un rôle marquant dans la vie du chanteur. C’est dans la capitale française que ce dernier passe la plus grande partie de sa vie. À Montmartre, au cabaret Lapin Agile, il fait ses débuts en tant que poète puis chanteur. Presque 20 ans plus tard, il s’installe près du cabaret parisien, dans une maison désormais inscrite aux monuments historiques. En 1987, suite à la rupture de son contrat avec sa maison de disques, le chanteur décide à contrecœur de vendre sa maison pour partir vers de nouveaux horizons.

Le renouvellement américain

Face au succès mitigé de l’album Bleu Blanc Blues (1985), la maison de disques Barclay décide de ne pas renouveler le contrat de Claude Nougaro. Le chanteur n’a plus la cote auprès des nouveaux publics : il est l’heure de changer son fusil d’épaule. Direction New York.

C’est dans l’ambiance électrique de la Big Apple, entouré de rock et de funk, qu’il trouve sa nouvelle inspiration. Nougaro fait la connaissance du producteur Mick Lanaro et du français Philippe Saisse, arrangeur entre autres pour l’auteur-compositeur-interprète Al Jarreau. Soutenu par un casting de rêve, dont Nile Rodgers du groupe Chic et le bassiste de jazz Marcus Miller, le chanteur produit l’un des plus gros tubes de sa carrière : Nougayork. L’album éponyme aux influences rock et funk vaudra à son auteur deux Victoires de la musique en 1988, « meilleur album » et « meilleur artiste interprète masculin ».

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Le plus brésilien des chanteurs français

Toulouse, Paris, New-York : trois villes déterminantes dans la vie et la carrière de Claude Nougaro. Mais il ne faut pas oublier sa seconde patrie, sa « patrie cardiaque » selon le chanteur : le Brésil, et plus précisément les villes de Salvador, Bahia et Rio de Janeiro. Il s’y rend pour le première fois en 1965, et fait la rencontre du guitariste Baden Powell, avec lequel il se lie d’amitié. Inspiré et stimulé par la richesse musicale du pays, ses compositions, ses textes et ses instruments, Claude Nougaro signe de nombreux succès sous cette nouvelle influence brésilienne, au point de créer un trait d’union artistique entre la France et le Brésil.

Un chanteur engagé malgré lui

Claude Nougaro se dit toujours farouchement opposé à la politique. Cela n’empêche que le chanteur signe au cours de sa carrière des chansons aux textes hautement engagés. Lors de son voyage au Brésil en 1965, il découvre les conditions de vie désolantes des favelas brésiliennes. Il décide de leur consacrer la chanson Bidonville, décriant le triste quotidien des habitants.

Quelques années plus tard, les évènements de Mai 68 lui inspirent la chanson enflammée Paris Mai, véritable cri du cœur signé en plein révolte : « Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil. La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite. Le vent a dispersé les cendres de Bendit, Et chacun est rentré chez son automobile ». Jugée subversive et controversée, la chanson est immédiatement interdite d’antenne sur les radios publiques.

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Nougarap

Au premier regard, Claude Nougaro et le rap semblent être aux antipodes. L’ombre du rap n’est pourtant jamais loin. Alors que Claude Nougaro s’apprête à enregistrer la chanson Nougayork, le producteur Mick Lanaro lui suggère de rapper son texte, lui qui a l’habitude de scander ses textes aux vers incisifs. Mais le chanteur ne s’estime pas légitime à s’aventurer dans ce genre : « Enfant, je répétais ma récitation sur des rythmes de jazz ou africains, ce qui pourrait être une façon de « râper » le gruyère de la langue française, mais ce n’est pas du rap. Le rap est une langue profondément inscrite dans un état social, économique, moral. »

Pourtant, le monde du rap français voit en Nougaro une figure marquante et inspirante : « Dans le hip-hop, on a beaucoup d’admiration pour Nougaro [...]. Il jouait avec les sonorités et le sens des mots comme on le fait pour le rap, alliant le fond et la forme », affirme Kool Shen (IAM) à Libération en mars 2004. « Il a en commun avec le rap la relation avec l’oralité. Nougaro est un passeur », ajoute Hamé (La Rumeur). « Il condense dans son œuvre la joie des mots-valises et des allitérations chocs ! Et un placement verbal décontracté mais millimétré », résume Mc Solaar à Elle, en mars 2004.

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En 1999, le boxeur et éducateur français Saïd Bennajem lance le projet « Boxing Beats », qui a pour but de réunir la boxe et le rap. L'idée : créer des centres de boxe au service de la jeunesse. Séduit par le projet, Claude Nougaro prête sa chanson Quatre Boules de cuir pour un remix par le beatmaker et mixeur Imhotep (IAM). Et en 2008, le rappeur français Abd al Malik reprend la chanson Paris Mai, désormais intitulée Paris Mais…

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Toulouse pour toujours

Le 4 mars 2004, l’homme aux semelles de swing tire sa révérence, emporté par un cancer du pancréas. La disparition de Claude Nougaro bouleverse la France entière : « Avec un cœur immense, il a éclairé de ses mots et de ses rythmes vies et souvenirs. Un maître de la chanson française. Une voix pleine de force et de sensibilité », résume le président de la République Jacques Chirac. Célébrées à Toulouse, ses obsèques ont lieu à la basilique Saint-Sernin, dont le carillon fait sonner les notes de la chanson Toulouse. Ses cendres sont dispersées, selon ses dernières volontés, dans le fleuve qui traverse sa ville rose tant aimée, la Garonne. Claude Nougaro ne fait alors plus qu’un avec sa terre natale, qui n’aura cessé de l’habiter toute sa vie.

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