"Crari or not" : une expérience immersive dans le monde de l'adolescence

"Crari or not" est un projet transmédia imaginé par la compagnie "Ex Vote à la Lune"
"Crari or not" est un projet transmédia imaginé par la compagnie "Ex Vote à la Lune"
"Crari or not" : l'expérience immersive dans le monde des adolescents
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"Crari or not" : une expérience immersive dans le monde de l'adolescence

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Le projet transmédia “Crari or not” est à la croisée du théâtre et des arts numériques. La metteuse en scène Émilie Anna Maillet et sa compagnie "Ex Voto à la Lune" invitent les spectateurs à plonger dans le monde de l'adolescence, sans a priori, avec un regard inédit.

Imaginez-vous en plein milieu d’une fête de lycéens. C’est une expérience, tirée d’une création théâtrale, qui interroge les masques sociaux que l’on se crée à  l’adolescence. Le but ? Susciter de l’empathie et aider à appréhender les mutations que l’on vit tous à cette période comme l'explique la metteuse en scène Émilie Anna Maillet. "Avant de juger sur la superficialité des ados en raison du monde numérique dans lequel ils sont, en réalité, tout ce qu'ils utilisent nous raconte les mêmes crises existentielles que nous, on a pu traverser. C’est aussi pour avoir un regard un peu plus bienveillant sur cet âge-là."

Un âge bien particulier

Le récit virtuel, ce qu’il se passe sur  les réseaux sociaux se mêle au réel, les émotions ressenties par les adolescents. "Ce qui m'intéressait en particulier, c'est la dichotomie qu'il y a entre ce qu'on doit montrer de soi pour exister dans ce monde et ce qu'on éprouve à un âge particulier où on teste pour la première fois des masques sociaux", explique celle qui a conçu le projet avec sa compagnie, Ex Voto à la Lune, dans le cadre de Némo, la biennale internationale des arts numériques de la Région Île-de-France.

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Le fil rouge de la création, ce sont dix jeunes de 16 ans. On suit leur vie à travers trois installations de théâtre augmenté. Une websérie dans laquelle on voit leur quotidien sur les réseaux sociaux via des comptes Instagram fictifs, un spectacle et une expérience de réalité virtuelle qui est au cœur du projet.

L'expérience virtuelle fait partie du projet transmédia "Crari or not"
L'expérience virtuelle fait partie du projet transmédia "Crari or not"
© Radio France

La réalité virtuelle au service de l'empathie

On est invités à participer à une soirée d’adolescents à travers un masque de réalité virtuelle. "Une fête, c'est aussi un autre endroit de représentation sociale. Donc c'est aussi un endroit où on doit montrer que tout va bien", précise la metteuse en scène.

Chaque casque permet de vivre la soirée selon le point de vue d’un jeune ce qui permet “d’aborder plusieurs thématiques, mais d'un point de vue de l'intériorité du personnage, donc forcément comment on le vit, comment on le subit, quand on est adolescent, mais c'est aussi quelque chose qu'on vit après, on a l'impression que c'est l'autre qui agit”, abonde Émilie Anna Maillet.

Le Reportage de la Rédaction
5 min

Un projet éducatif par et pour les adolescents

Le projet a un but éducatif. Des sessions sont organisées avec des lycées partenaires. Parmi les installations, les élèves peuvent choisir le personnage qui leur correspond en répondant à un QCM, comme dans les magazines féminins, sauf qu'ici les réponses sont de courts extraits de littérature. “Une qualité qui pourrait vous caractériser ?”, à cette question, on peut répondre en citant Marguerite Duras ou William Shakespeare. Ils peuvent alors s’approprier des textes qui font écho à ce qu’ils traversent.

Dans l'expérience, on peut voir la soirée selon le point de vue de chacun des jeunes présents
Dans l'expérience, on peut voir la soirée selon le point de vue de chacun des jeunes présents
© Radio France

Le corps est l’autre volet éducatif du projet. Dans l’un des casques, on se met dans la peau d’une jeune fille, objectifiée. Elle est scrutée, harcelée par d’autres personnes du groupe. L’expérience peut provoquer un certain malaise chez celui ou celle qui se trouve en dessous.

Aider à comprendre les émotions existentielles des ados

Mais la metteuse en scène l’assure, “on ne va pas mettre de jeunes filles qui vivent ça sous ce casque. Par contre, on va mettre des garçons sous ce casque qui vont vivre cette expérience, qui vont comprendre que ce que c'est.” Aucun mot violent n’est prononcé pendant l’expérience*, "mais c’est violent, l’addition fait qu’on se sent oppressé par le regard des autres*”, précise-t-elle.

Le but est de les amener à ressentir des émotions qu’ils n’ont pas l’habitude d’éprouver. "Le déplacement de son propre corps dans la pensée de quelqu'un d'autre, dans l'expérience de quelqu'un d'autre, parce que ce qui est intéressant dans le dispositif de réalité virtuelle, c'est qu'ils peuvent faire différents personnages et donc avoir le question-réponse, les différents points de vue. Et donc ça crée des débats sur la question, finalement, de l'empathie", assure Émilie Anna Maillet.