"De Amore" d'André Le Chapelain, un manuscrit à l'origine de l'amour moderne

Dès le  Moyen Âge, notamment à la cour d’ Aliénor d’Aquitaine, on adore débattre et donner son avis sur  l’amour. Dans son De Amore, ou Traité de l’amour courtois, André Le Chapelain (qu’on suppose clerc auprès de la cour de France), donne des conseils pour accéder à l’amour le plus pur, avant d’en formuler les préceptes. On retrouve ainsi dans la deuxième partie de son œuvre, appelée “Comment maintenir l’amour ?”, un “code amour” de 31 règles. La 14ᵉ, par exemple : “Une conquête facile rend l’amour sans valeur, une conquête difficile lui donne un prix.”

Aimer avec honnêteté

Son ouvrage s’ancre dans une tradition de l’époque,  l’amour courtois, ou en latin fine amor. L’amour courtois désigne une manière d’aimer avec honnêteté, vertu et respect, pour les aristocrates. Le Chapelain reprend une thématique bien connue du XIIe siècle : la casuistique amoureuse. Il s’agit de mettre en scène un débat amoureux, puis de le résoudre grâce à des principes moraux.

Les cours d’amour

Au XIIe siècle, la cour organisait fréquemment des tribunaux dans lesquels dames, troubadours et chevaliers échangeaient sur des questions amoureuses précises. Les cours d’amour se multiplient notamment grâce à Aliénor d’Aquitaine et à sa fille, Marie de France. Dans son Traité de l’amour courtois, Le Chapelain reprend des verdicts issus de ses tribunaux.

Même si aujourd’hui l’existence de ces cours d’amour est contestée, leur littérature montre tout de même qu’au XIIe siècle, l’amour occupait une place prépondérante dans la société. Il n’était plus seulement question de mariages arrangés et de progéniture, mais de sentiments et de bonheur. Certains historiens vont même jusqu’à dire que l’amour moderne est né à ce siècle.