Minorer, voire nier, la contribution des femmes à la recherche scientifique n’est pas un phénomène nouveau. Pour lutter contre cet effet Matilda, cette sélection d'émissions met à l'honneur 10 femmes scientifiques.
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Des femmes scientifiques remarquables
L'histoire des sciences est tissée d'exemples de femmes évincées de la course à de prestigieux prix, quand il ne s’agit pas simplement de se voir privée d’un prix Nobel pourtant mérité. De la physicienne Lise Meitner à la biologiste Rosalind Franklin en passant par l' astronome Jocelyn Bell, de nombreuses chercheuses n'ont accédé à la reconnaissance qui leur était due que des années après leurs découvertes. Depuis que l’historienne des sciences Margaret Rossiter l’a théorisée au début des années 80, ce phénomène de minimisation, voire de déni, de la contribution des femmes à la recherche scientifique porte un nom : on parle d’ effet Matilda.
Dans les années 60, le sociologue américain Robert K. Merton avait analysé la façon dont certains grands personnages sont reconnus au détriment de leurs proches qui, souvent, ont participé aux travaux à l’origine de cette renommée. En référence à un passage de l'Evangile selon Saint Matthieu, Merton avait nommé ce phénomène "l'effet Matthieu". Margaret Rossiter prolonge les travaux du sociologue des sciences et, adaptant son concept à la situation spécifique des femmes, et baptise le résultat de ses recherches “effet Matilda” en hommage à la militante féministe Matilda Joslyn Gage qui, dès la fin du XIXe siècle, avait remarqué qu’une minorité d’hommes avaient tendance à s’approprier les productions intellectuelles des femmes.
Cette sélection d'émissions met à l'honneur 10 femmes scientifiques.
- Emilie du Châtelet (1706-1749), femme de lettres et scientifique du siècle des Lumières
Un demi-siècle avant la Révolution française, Emilie du Châtelet réussit à affirmer sa place d'intellectuelle parmi ses contemporains. Après avoir étudié les mathématiques, la physique, la chimie et la métaphysique, la marquise du Châtelet devient une femme de sciences. Parmi les œuvres qu'elle a laissées à la postérité, citons un mémoire sur la propagation du feu, les Institutions de physique pour expliquer la physique de Leibniz, et sa traduction en français des Principia mathematica de Newton. Parmi les figures féminines des Lumières, au cœur des grands enjeux scientifiques de son temps. ( Toute une vie, 58 min)
- Ada Lovelace (1815-1852), pionnière de l'informatique
Ada Lovelace fut la première à publier un algorithme informatique de l’histoire des sciences. Un programme resté dans l'histoire sous le nom de "note G". Fille du poète Byron, passionnée de mathématiques, cet esprit libre se heurta aux contraintes sociales qui pesaient sur les femmes dans l'Angleterre victorienne (1819-1901). Ses travaux, tombés dans l'oubli, seront redécouverts au XXe siècle, notamment par Alan Turing qui s’en inspirera pour construire le tout premier ordinateur, machine à laquelle il donnera son nom... à lui. ( Toute une vie, 59 min)
- Marie Curie (1859-1906), la chimiste aux deux prix Nobel
Née Maria Sklodowska en 1859 à Varsovie, Marie Curie fut récompensée deux fois par le prix Nobel, de physique puis de chimie pour ses travaux sur le radium. Sa carrière, qui s’inscrit en pleine révolution scientifique et positiviste du début du XXe siècle, est également portée par la volonté de transmission… Première femme professeure à la Sorbonne, ce qui fera écrire à un journaliste de l’époque : "En vérité je vous le dis, le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains." ( La Méthode scientifique, 58 min)
- Ida Noddack-Tacke (1896-1978) et Lise Meitner (1878-1968) : la fission nucléaire, une affaire de femmes
Elles furent des pionnières. Les premières, la chimiste allemande Ida Noddack-Tacke (1896-1978) et sa collègue autrichienne Lise Meitner (1878-1968) ont compris dans les années 1930 que les noyaux d’uranium avaient la propriété de fissionner. ( Le Pourquoi du comment : science, 2 x 4 min)
- Hedy Lamarr (1914-2000), inventrice de génie et star hollywoodienne
Star d'Hollywood dans les années 1940, l'actrice Hedy Lamarr rencontre le pianiste George Antheil, aux convictions farouchement antinazies comme les siennes. En pleine Seconde Guerre mondiale, ils vont mettre au point ensemble un système de guidage de fusées par fréquence radio. S'inspirant des rouleaux perforés des pianolas d'Antheil, Hedy Lamarr imagine des rouleaux perforés pour synchroniser et commuter les fréquences, et brouiller les messages radio pour les nazis qui essayaient de les intercepter. Ils déposent leur brevet en 1941, mais ne sont pas pris au sérieux par l'armée américaine. C'est pourtant le "commutateur de fréquences" imaginé par Lamarr et Antheil qui rendra plus tard possible la mise au point du téléphone portable. Ce n'est qu'à titre posthume, en 2014, que le nom d'Hedy Lamarr est ajouté au prestigieux National Inventors Hall of Fame. ( Toute une vie, 58 min)
- Rosalind Franklin (1920-1958), pionnière des recherches sur l'ADN... et archétype de l'effet Matilda
Au début des années 1950, Rosalind Franklin excelle en cristallographie, une science qui permet, à partir d’images radiographiques, en deux dimensions, de déduire mathématiquement la structure dans l’espace de grosses molécules. En 1952, elle réalise au King’s College de Londres une image remarquable d’une fibre d’ADN. Ce cliché tombera entre les mains de Francis Crick et James Watson, de Cambridge, qui l’utiliseront à son insu pour résoudre l’énigme de la structure tridimensionnelle de l’ADN, une des plus grandes découvertes de l’histoire de la biologie. Publiée dans la revue Nature en 1953, elle vaudra le prix Nobel de médecine 1962 à Crick, Watson et à Maurice Wilkins. Disparue quatre ans auparavant, Rosalind Franklin ne sera jamais associée à cette reconnaissance. ( LSD, la série documentaire, 55 min)
- Pascale Cossart, exploratrice de la vie bactérienne
Professeure à l’Institut Pasteur, Pascale Cossart y a créé l’Unité des Interactions Bactérie-Cellule. Au cours de sa carrière, elle a été témoin de l’évolution fulgurante de la biologie. Son matériel de recherche est la Listeria monocytogenes, une bactérie généralement inoffensive mais qui peut s'avérer dans certains cas gravement pathogène, et dont la chercheuse s'emploie à explorer presque tous les secrets. ( LSD, la série documentaire, 55 min)
- Nathalie Cabrol : comprendre l'origine de la vie sur Terre
Nathalie Cabrol est astrobiologiste. Son travail ? Comprendre l’origine de la vie sur Terre. Pour cela, elle a participé à plusieurs missions d’exploration sur Mars et travaillé avec la Nasa. Depuis 2015, elle le centre de recherche Carl Sagan de l'institut SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) en Californie. Cette naturaliste, exploratrice et alpiniste mène ses recherches des traces de l’origine de la vie sur Terre dans le monde entier, souvent dans des conditions extrêmes, jusque dans les lacs volcaniques dans lesquels elle est amenée à plonger. ( À voix nue, 5 x 29 min)
- Evelyne Heyer, la passion de l'anthropologie
Professeure d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle, Evelyne Heyer mène des recherches sur l’évolution génétique et la diversité de notre espèce. Au fil de celles-ci, elle a notamment démontré le poids de la culture dans l’évolution, que ce soit en termes linguistique, d’alimentation, de modes de vie ou d’organisation sociale. Ses travaux permettent de répondre à des questions aussi vastes que passionnantes comme : que nous a légué Néandertal ? L’intelligence est-elle déterminée génétiquement ? La notion de race a-t-elle un sens ? Depuis quand migrons-nous ? De quelle couleur était la peau de nos ancêtres ? ( À voix nue, 5 x 29 min)
Références