Espagne, "Autonomie" : épisode • 21 du podcast Les termes du débat européen

Des personnes écoutent le discours de Carles Puigdemont leader séparatiste catalan en exil, avant les élections régionales en Catalogne, le 10 mai 2024. ©AFP - Mathieu Rondel
Des personnes écoutent le discours de Carles Puigdemont leader séparatiste catalan en exil, avant les élections régionales en Catalogne, le 10 mai 2024. ©AFP - Mathieu Rondel
Des personnes écoutent le discours de Carles Puigdemont leader séparatiste catalan en exil, avant les élections régionales en Catalogne, le 10 mai 2024. ©AFP - Mathieu Rondel
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En Catalogne, lors des élections régionales du 12 mai, les indépendantistes ont perdu leur majorité au profit du Parti socialiste. Un contexte qui ravive la complexité politique de l'"État des autonomies" et des liens entre les régions et le gouvernement central. Comment lire cette situation ?

Avec
  • Cyril Trépier Géographe, spécialiste de la politique espagnole et de l'indépendantisme catalan, chercheur à l’Institut français de géopolitique de Paris 8.
  • Carole Viñals Maître de conférences-HDR à l’Université de Lille, spécialiste en civilisation de l’Espagne contemporaine

Les élections régionales de dimanche dernier en Espagne étaient attendues plus particulièrement en Catalogne où le leader indépendantiste exilé Carles Puigdemont et son parti Junts espéraient signer leur retour sur la scène politique contre le Parti socialiste catalan.

C’est pourtant celui-ci, largement soutenu à Madrid par le premier ministre espagnol Pedro Sánchez qui a remporté le scrutin et négocie la formation du futur gouvernement de la région autonome de Catalogne avec un autre parti autonomiste opposé à celui de Carles Puigdemont.

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Car, depuis la Constitution de 1978, l’Espagne est considérée comme un état des autonomies, voire un état plurinational dont la complexité, pour une nation historiquement centralisée comme la France, intrigue.

Tandis que l’Union européenne s’y intéresse, tant le modèle espagnol, complexe, mais en perpétuel mouvement, pourrait servir de modèle à d’autres nations européennes.

Les Enjeux internationaux
10 min

En Espagne, quels sont les liens entre les régions et le gouvernement central ?

Selon Carole Viñals, pour comprendre le fonctionnement espagnol et son rapport à l’autonomie il est nécessaire de « toujours revenir à la constitution de 1978 ». Elle explique : « L’Espagne n’est ni un Etat fédéral, ni un Etat comme la France. Le pays n’a qu’une constitution mais dispose de « statuts » pour les communautés autonomesL’article 2 de la Constitution garantit le droit à l’autonomie des nationalités et des régions. Le terme « nationalité » ne se retrouve d’ailleurs que dans cet article. Toutefois, la nationalité n’est pas expliquée de façon claire et cette indéfinition créée une ambiguïté sur la nationalité. Ainsi, depuis les débuts de la démocratie espagnole, les partis régionalistes ont servi d'appui parlementaire aux partis nationaux. Mais cet appui donné par les partis régionalistes n’est pas donné gratuitement ».

Cyril Trépier rebondit sur cette interdépendance entre les partis régionalistes et nationaux à partir du cas de la Catalogne, qui vient de perdre sa majorité indépendantiste : « Depuis fin 2012, la Catalogne a eu une succession de gouvernements officiellement indépendantistes, ce qui n'est pas le cas des autres régions à l’exception du Pays Basque. En Galice, par exemple, les indépendantistes ont gouverné en coalition avec les socialistes pendant une seule législature. Pour revenir au cas de la Catalogne, depuis fin 2012, le processus indépendantiste c’est ouvert mais ces mêmes partis indépendantistes ont été indispensables pour la nouvelle investiture de Pedro Sanchez. Mais il faut souligner que les partis qui monnaient ponctuellement leur appui ne sont pas exclusivement catalans ou basques, ils peuvent être aussi galiciens. Cette situation est quelque chose qui revient souvent en Espagne car c’est fréquent qu’il y ait une absence de majorité absolue. Et cette négociation se passe à l'échelle nationale de l'Espagne mais se déroule aussi de façon similaire à l'échelle de chacune des 17 communautés autonomes dès lors qu’un parti qui arrive en tête n’obtient pas la majorité ».

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