Eurovision : quand la musique devient politique

Le groupe ukrainien Kalush Orchestra, grand gagnant de l'Eurovision le 15 mai 2022, quelques mois après le début de l'invasion russe en Ukraine ©Getty - picture alliance
Le groupe ukrainien Kalush Orchestra, grand gagnant de l'Eurovision le 15 mai 2022, quelques mois après le début de l'invasion russe en Ukraine ©Getty - picture alliance
Le groupe ukrainien Kalush Orchestra, grand gagnant de l'Eurovision le 15 mai 2022, quelques mois après le début de l'invasion russe en Ukraine ©Getty - picture alliance
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Plus grand événement télévisuel européen, l'Eurovision est depuis ses débuts en 1956 un espace de revendication unique en son genre. Dans un contexte de conflits armés au Proche-Orient, en Ukraine et dans le Haut-Karabakh arménien, sa dimension politique est d'autant plus prégnante.

Avec

  • Oranie Abbes Enseignante-chercheuse à l’Université de Lorraine, spécialiste de l'Eurovision

La finale de la 68e édition de l'Eurovision se tiendra demain soir à Malmö en Suède, avec une édition assombrie par la guerre à Gaza. Hier encore, des milliers de personnes ont défilé pour protester contre la participation d'Israël. Les appels se sont multipliés pour demander l'exclusion du pays. Le pays s'est qualifié pour la finale ce jeudi. Oranie Abbes, sur place pour le concours, détaille la situation : "Nous nous sentons parfaitement en sécurité, comme dans une bulle. Nous ne voyons pas vraiment les manifestations qui ont lieu en soutien à la Palestine, puisqu'elles se tiennent un peu plus loin que l'aréna, hors de la zone sécurisée. Néanmoins, hier soir, un petit rassemblement s'est tenu devant l'arana pendant quelques minutes, puis il a été rapidement évacué."

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L'info de France Inter
1 min

Un événement éminemment politique

Cette politisation du concours n'est pas nouvelle : depuis sa création en 1956, la politique s'est régulièrement invitée à l'Eurovision. "Bien qu'il soit officiellement apolitique, le concours Eurovision a toujours été politisé. Il est traversé malgré lui par de grandes tendances et des événements qui impactent l'Europe, mais aussi le monde. À ce titre, il a souvent été le théâtre de revendications, par des chansons porteuses d'un message, qu'il soit explicite ou en sous-texte. Par exemple, en 1990, cinq chansons étaient consacrées à la chute du mur de Berlin, survenue un peu moins d'un an plus tôt. En 1980, le Maroc faisait référence au choc pétrolier de 1979. Plus récemment, le conflit russo-ukrainien est revenu à de nombreuses reprises dans les prestations de l'Ukraine."

Comme l'explique Oranie Abbes, l'origine même du concours est politique : "La création du concours se base sur un objectif : rapprocher les peuples et abolir les stéréotypes négatifs envers son voisin européen, suite à la Seconde Guerre mondiale. On est vraiment dans un projet social, la volonté d'apprendre à connaître son voisin européen autrement que par le conflit qui nous a opposés pendant de nombreuses années. D'où la véritable portée politique."

La BO du monde
4 min

La question de la Russie et d'Israël

Pour autant, l'Union Européenne de Radiodiffusion (UER), qui organise l'événement, s'évertue à dire et répéter que l'Eurovision est apolitique. Une affirmation qui pose question à certains lorsque l'on voit l'exclusion de la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022 et, à l'inverse, le maintien de la participation d'Israël cette année. Deux situations pourtant bien différentes, selon Oranie Abbes : "On compare souvent la situation d'Israël à celle de la Russie. La Russie n'a pas officiellement été exclue suite à l'invasion de l'Ukraine, mais parce que les trois télédiffuseurs susceptibles de pouvoir participer au concours avaient perdu leur indépendance et prenaient part à une propagande dans le conflit russo-ukrainien. Selon l'UER, cela ne s'est pas produit avec le télédiffuseur israélien KAN. Les quelques vidéos diffusées sur la chaîne et sur les plateformes qui posaient problème ont été retirées, à la demande de l'UER. KAN n'aurait donc pas commis d'infractions susceptibles de faire exclure Israël du concours."

Sans oser le demander
58 min

Programmation musicale

  • Marc Antoine Charpentier (Compositeur)

    Le concours Eurovision : Te Deum

    Collegium Sinfonietta

    Album Les génériques mythiques de la télé (2010)

    Label MEMBRAN MUSIC (232983)

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