Former les musiciens à l’intervention en milieu hospitalier, c’est l’objectif de la formation lancée par l’association Kiosque à Musique et le Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris. Après plusieurs séances théoriques, les élèves se sont produits lundi dernier à l’hôpital Bretonneau AP-HP.
« Merci d'être là, les patients que vous allez avoir en face de vous viennent de tous les services.» Dans la salle de spectacle de l’hôpital, Vincent Courion, fondateur de l’association Kiosque à Musique, donne le coup d’envoi des dernières répétitions. Il a face à lui des élèves de la formation crée cette année : « L’association Kiosque à Musique, qui existe depuis 17 ans, a eu envie de mettre son expérience au service de l’enseignement supérieur et des étudiants du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris. IIs découvrent ainsi ce qu’est être artiste intervenant en milieu hospitalier ».
Sortir de la performance
Cette journée est la mise en pratique de conseils, de clefs délivrées lors de précédents ateliers théoriques. Intervenir en milieu hospitalier se prépare, déclare Vincent Courion : « Il faut que l’artiste ait connaissance des personnes qu’il va avoir en face de lui et de leur pathologie pour adapter son programme. Pendant les ateliers, les étudiants ont notamment pu s’entretenir avec une psychologue qui leur a délivré son expertise de soignante et a répondu à des questions précises : "est-ce que je peux jouer de tout ? Si je joue trop fort est-ce que ça va gêner ?" Pour que ces rencontres soient vraiment pleinement préparées, comme aujourd’hui. »
C’est dans le cadre du nouveau pôle santé du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris qu’est née cette formation. Elle concerne des étudiants musiciens et comédiens en cycle préparatoire à l’enseignement supérieur. Philippe Ferro, professeur de musique de chambre au CRR de Paris, coordonne cette formation dont il observe les effets sur ses élèves : « C’est très instructif parce que nous les découvrons sous un autre jour. Ce sont des étudiants qui préparent l’entrée aux écoles supérieures, et ils sont dans la performance, parce que les concours sont très difficiles. Je pense que cette formation est une bonne manière de relativiser les choses et de savoir où est l’essentiel »
« J’ai ressenti beaucoup de tendresse et d’écoute de la part des gens qui étaient là »
Un trio de Carl Reineke, mais aussi des fables de la Fontaine, la Pavane de Fauré et Les feuilles mortes. Avec leur programme, les étudiants et étudiantes sont ici pour apporter du réconfort et raconter qui ils sont. Parmi eux, Basile Marie, hautboïste : « Moi j’ai adoré et j’ai vraiment envie de continuer à faire ce genre d’intervention. On est trop souvent seul dans notre chambre à travailler notre instrument, notre voix, alors que c’est là que les choses se passent. Et ça touche les gens. » A ses côtés Valentine Cornier-Vinci, comédienne, acquiesce : « J’ai ressenti beaucoup de tendresse et d’écoute de la part des gens qui étaient là. Cela faisait quelques temps que l’envie de partager autrement que dans une salle de théâtre classique germait dans ma tête. Et je trouve que ça donne du sens à ce que l’on fait. J’aime vraiment ça. »
Ce concert est une première étape avant de se produire directement au chevet des patients. Une expérience encore différente, « qui fait très envie mais aussi un peu peur », déclare Valentine Cornier-Vinci. « Mais c’est en faisant qu’on apprend », conclut-elle, comme aujourd’hui.