"J'ai la vie à découvrir" : Myriam Ould-Braham, les adieux d'une étoile incandescente

Myriam Ould-Braham est depuis 2012 danseuse étoile à l'Opéra de Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Myriam Ould-Braham est depuis 2012 danseuse étoile à l'Opéra de Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Myriam Ould-Braham est depuis 2012 danseuse étoile à l'Opéra de Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
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Myriam Ould-Braham fera ses adieux ce samedi soir dans le rôle de Giselle, sur la scène du Palais Garnier. Nommée étoile en 2012, elle a dédié toute sa vie à la danse, et la retraite a pour elle un goût de liberté. Rencontre.

Elle est une étoile discrète, mais sans doute l'une des plus brillantes de l'Opéra de Paris. La danseuse Myriam Ould-Braham s'apprête à faire ses adieux dans le rôle de Giselle, ce samedi soir, sur la scène du Palais Garnier. Entrée en 1996 à l'école de danse de l'Opéra de Paris, promue Première danseuse en 2005, puis étoile en 2012, à l'issue d'une représentation de La Fille mal gardée, elle a dédié toute sa vie à la danse. À 42 ans, un chapitre se ferme, mais un autre s'ouvre, où tout reste à écrire. France Musique l'a rencontrée.

"J'ai tout donné, et j'ai besoin que tout s'arrête"

Myriam Ould-Braham n'aime pas beaucoup parler d'elle. Quand l'étoile revient sur sa carrière, c'est avec humilité, gratitude. Les mots sont comme sa danse, précis et réfléchis : "Je suis extrêmement heureuse. Heureuse d'avoir pu accomplir mon chemin. Vingt-cinq ans de carrière, ce n'est pas rien. Heureuse aussi d'avoir pu tenir jusqu'au bout ce titre d'étoile, l'honorer était ma principale mission. J'ai tout donné, et j'ai besoin que tout que s'arrête."

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42 ans, l'âge de la retraite, pour les danseurs de l'Opéra de Paris. Un régime spécial qui date de Louis XIV, évoqué lors de la réforme des retraites, et maintenu. Heureusement, explique Myriam Ould-Braham : "Je ne pourrais pas continuer au-delà. Si je vous montrais l'état de mon pied, ou si l'on passait une IRM de ma hanche, de mon dos... Vous verriez que nous avons vraiment le corps très abîmé. Nous n'allons pas danser jusqu'à 50 ans !" Les danseurs s'entraînent "comme des athlètes de haut-niveau", avec une alimentation et une hygiène de vie très strictes.

Myriam Ould-Braham avec l'étoile Paul Marque
Myriam Ould-Braham avec l'étoile Paul Marque
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

"J'ai la vie à découvrir"

Si décrocher le titre d'étoile est difficile, le garder est encore plus dur, confie Myriam Ould-Braham, pour qui la danse est "un don de soi", en permanence. "J'ai la vie à découvrir", nous dit-elle : "Surtout que je suis maman de deux enfants. Parfois les nuits sont courtes, parfois ils sont malades, parfois je suis malade... Et il faut être au rendez-vous tous les matins, pour s'entraîner. C'est une discipline de toute une vie."

Glorieuse Aurore dans la Belle au bois dormant, de Noureev, magistrale dans le Lac des Cygnes, La Sylphide ou Giselle, qui sera son dernier rôle. Et ensuite ? Myriam Ould-Braham ne veut pas se mettre la pression, mais a déjà une petite idée en tête : "Cela fait quatre ans que j'enseigne la danse, à des amateurs et à des professionnels. J'aime beaucoup. Aujourd'hui, c'est vrai qu'enseigner et transmettre me rend plus heureuse que de danser. Et je me dois aussi de donner tout ce que l'on m'a apporté."

Myriam Ould-Braham cite comme modèles Elisabeth Maurin, Elisabeth Platel, Sylvie Guillem, Noëlla Pontois et Attilio Labis, son "père spirituel"
Myriam Ould-Braham cite comme modèles Elisabeth Maurin, Elisabeth Platel, Sylvie Guillem, Noëlla Pontois et Attilio Labis, son "père spirituel"
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

Une danseuse sensible et vraie

Nous montons dans un studio de danse. Myriam Ould-Braham doit réviser certains gestes avec son partenaire, Paul Marque. Elle est guidée par une autre étoile, Claude de Vulpian. "Myriam est une danseuse qui fonctionne avec l'émotion. Elle se sert de sa sensibilité et de son vibrato pour que tout devienne touchant, et vrai", raconte celle qui accompagne désormais les étoiles dans leurs prises de rôle. "Plus on enseigne, plus on découvre des choses à transmettre, plus on s'enrichit. Si Myriam s'intéresse à l'enseignement, cela va être extraordinaire."

"J'ai vraiment besoin de liberté, de prendre du temps, de savoir où la vie va m'emmener" conclut Myriam Ould-Braham : "J'ai commencé à travailler à 17 ans, j'en ai 42. J'ai besoin de souffler." Et l'étoile essaie de ne pas trop penser aux adieux de ce samedi soir, car de toute façon, sourit-elle, cela ne se passe jamais comme prévu.

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