Jardin : organiser et enrichir le potager

La fin de l'hiver annonce le début des travaux de printemps au jardin. La météo n'est pas très propice au jardinage, la boue colle aux bottes et la terre est encore un peu trop froide pour les semis, mais il faudra y penser dans quelques semaines. "Les carottes n'aiment pas trop les terres trop enrichies, cela peut occasionner des petites maladies, des sensibilités aux insectes, à la mouche de la carotte en particulier. Gratter la terre superficiellement permet aux faux semis, ses petites herbes folles qui sont dans les starting blocks, de germer en ce moment, ce qui permet de préparer le terrain pour semer les carottes, quand la terre sera assez réchauffée" conseille Jean-Pierre Scherer, formateur en agronomie et botanique.

Pour enrichir la terre de son potager, Anne-Marie envisage de récupérer la colombine, des excréments d'oiseaux. Jean-Pierre Scherer valide ce choix, avec quelques précautions : "on va considérer que c'est plus un engrais qu'un amendement, c'est-à-dire avec une action rapide. C'est riche en azote et en oligo-éléments. C'est très bien pour les légumes feuilles pour les tomates que vous planterez dans deux mois. Par contre, il faut attendre un peu, la terre est encore un peu froide, un peu humide, comme cela libère de l'azote assez rapidement, il ne faudrait pas que ça lessive".

"Il n'est pas nécessaire d'engorger son sol en matière organique si les apports sont réguliers"

Nourrir la terre est nécessaire quand on plante tous les ans des légumes sur le même espace. "Il y a une jolie notion, la tête de rotation, quand on a des apports de matière organique, on commence avec les cucurbitacées, les solanacées, c'est-à-dire les pommes de terre, les tomates dans une moindre mesure." Certains légumes auront besoin de beaucoup moins de matière organique, comme les carottes et d'autre encore moins comme l'ail, les échalotes et les oignons. Donc, l'idée est de choisir l'ordre des plantations en fonction du niveau d'enrichissement du sol. "Il n'est pas nécessaire d'engorger son sol en matière organique si les apports sont réguliers. Tous les deux ans, cela peut être suffisant."

Le compost est un mélange et une fermentation d'épluchures de légumes, de fruits, de tontes de gazon, de feuilles mortes de l'automne. "Si on met trop, cela peut engorger le sol, ce qui n'est pas forcément une bonne chose. Si on n'en met pas assez, cela risque d'être d'occasionner des déficits. Pour des terres plutôt argileuses, on va mettre un ou deux kilos de compost au mètre carré." Les petits pois et les haricots n'auront pas besoin de compost, car ils fixent très bien l'azote. Le fumier de cheval va mettre beaucoup plus de temps à se décomposer.

"Il faut qu'un petit oiseau puisse aller de branche en branche"

Mars est une bonne période pour la taille des arbres à pépins, espérant que les grosses gelées soient passées. Avec une règle assez simple : "On ne fait rien sur les bourgeons fruits. Sur les feuilles, on laisse deux yeux et on taille le reste". La taille se fait suivant un principe esthétique, mais pas seulement : "On va donner une forme harmonieuse à l'arbre en évitant que des branches ne s'entrecroisent et ne s'en aillent vers le centre de la frondaison. Il faut qu'un petit oiseau puisse aller de branche en branche, en passant par l'intérieur, sans avoir besoin de passer par la périphérie de l'arbre".

Il est aussi possible de tailler les rosiers remontants. "Si les rosiers ont une floraison printanière, il est souhaitable de tailler dans la foulée, quand les floraisons sont terminées. On va rabattre d'un tiers. Par contre, s'il y a plusieurs floraisons, la taille se fera en hiver, notamment au mois de mars." Jean-Pierre Scherer conseille toutefois une taille douce, en laissant les deux tiers des branches. Pour un rosier abimé par la tempête, il convient de tailler toutes les branches cassées.