L'art en résistance avec Tatiana Frolova et Olga Dukhovna

Hopak, Olga Dukhovna - Geoffrey Montagu
Hopak, Olga Dukhovna - Geoffrey Montagu
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Tatiana Frolova, metteuse en scène russe en exil, a fermé et quitté son théâtre à Komsomolsk, à 8850 km à l'Est de Moscou, créé en 1985. Elle créé "Nous ne sommes plus", première pièce en exil. La danseuse ukrainienne Olga Dukhovna revisite les danses traditionnelles ukrainiennes dans "Hopak".

Avec
  • Tatiana Frolova metteuse en scène russe en exil
  • Olga Dukhovna danseuse et chorégraphe franco ukrainienne

Tatiana Frolova, metteuse en scène russe en exil. Sa pièce Nous ne sommes plus... créée avec sa compagnie KnAM Théâtre en octobre 2023 au Théâtre des Célestins à Lyon, puis présentée à l’occasion du festival Théâtre en Mai porté par le CDN Théâtre Dijon-Bourgogne, part en tournée. Ses propos seront traduits du russe par Bleuenn Isambard, également interprète dans la pièce.

Le 24 février 2022, la Russie attaque l'Ukraine. Alors qu'ils travaillaient depuis trente-sept ans à Komsomolsk-sur-l’Amour, dans le petit théâtre indépendant qu'ils avaient créé, les membres du KnAM sentent l'urgence à sauver leur peau et quittent les confins de la Russie pour se réfugier en France. Nous ne sommes plus... est l'histoire de leur exil. Qu'emporte-t-on quand il faut tout quitter ? Qui laisse-t-on ? À partir de leurs propres souvenirs, d'objets rapportés et de témoignages, de photos et de vidéos, les membres du KnAM composent une mosaïque poignante, en français et en russe, qui tente de « recoller le miroir brisé de la mémoire russe ». Dans un clair-obscur digne du Caravage, avec les moyens du bord et un humour noir omniprésent, ils rejouent des scènes, se filment en gros plan. La magie du théâtre opère, ressuscite les absents, nous fait passer du rire aux larmes en un rien de temps. Un acte de résistance puissant, loin de tout didactisme et mené avec le cœur.

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Olga Dukhovna danseuse et chorégraphe franco ukrainienne. Sa dernière création 2024, Hopak, se joue aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, avant les 06 et 07 juillet à Rennes, à l’occasion du festival  Les Tombées de la Nuit, festival d'arts vivants dans l'espace public qui se tiendra du 02 au 07 juillet dans les rues de Rennes.

Que reste-t-il des danses traditionnelles ukrainiennes aujourd’hui, après plusieurs décennies de politique culturelle soviétique ? Inspirée par le Hopak, une danse populaire ukrainienne, la chorégraphe Olga Dukhovna imagine comment cette danse aurait pu évoluer aujourd’hui si elle avait pu se développer librement au gré des générations : une danse ukrainienne libre en folklore réinventé. Durant la période soviétique, les cultures locales ont été interdites en Ukraine. Aujourd’hui encore l’invasion russe s’accompagne d’un conflit culturel dont le but est d’éradiquer toute identité ukrainienne. « Les danses traditionnelles ukrainiennes sont perdues. On ne les danse plus. Celles que nous pouvons trouver aujourd’hui n’en sont que des adaptations scéniques, influencées par la version soviétique du ballet classique. » constate Olga Dukhovna. À quoi ressembleraient ces danses traditionnelles sans avoir été dominées durant toutes ces décennies ? La chorégraphe revisite cet héritage culturel et propose une nouvelle version du Hopak, une danse folklorique très technique (entre le Classique et le Break) avec deux danseurs contemporains et un accordéoniste.

Olga Dukhovna interroge avec Hopak la tradition folklorique de la danse traditionnelle hopak de son pays natal. Initialement militaire et cosaque, extrêmement virtuose et précis, le hopak est lié aux arts martiaux et au sport de combat. Un peu à la manière d’une battle, il était traditionnellement l’occasion d’un tour de force et d’une démonstration de qualités viriles. Par la grâce de ce travail chorégraphique, redécoupé, ralenti, modulé, combiné, vidé de sa charge symbolique guerrière, le geste gagne en épure formelle et en neutralité.

Entre sauts invraisemblables, tours inouïs et pliés périlleux, cette danse virtuose et physique permet à Olga Dukhovnaya d’affirmer l’existence d’un patrimoine culturel ukrainien, une réalité farouchement niée par la propagande pro-russe depuis la guerre. Soit l’invention d’une danse palimpseste, d’une danse des possibles et des imprévisibles, dans un pays dominé et à la culture réprimée. Olga Dukhovnaya poursuit ainsi sa démarche de déconstruction et de réinvention chorégraphique, déjà à l'œuvre dans ses précédentes créations, en montrant un pan résolument contemporain de l’histoire artistique ukrainienne.

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