La neutralité de l’analyste ?

Analyste et son patient ©Getty
Analyste et son patient ©Getty
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Que veut dire neutralité dans un cadre où se mélangent empathie, amour, souffrance, pleurs ? Où le patient livre tant de lui-même avec tant d’affects ? Le psychanalyste peut-il rester insensible, sans affects, neutre ?

Avec
  • Laurie Laufer Psychanalyste

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Laurie Laufer aborde une question technique de la pratique analytique, la question de la neutralité du psychanalyste. Freud a d’emblée placé la pratique analytique sous le sceau de ce que l’on a nommé « une neutralité bienveillante ». « J’ai l’impression d’être sur un vélo sans guidon », me dit une patiente agacée manifestement par le fait que je ne réponde pas à une de ses questions. Un patient me dit: « Je sais que vous ne me donnerez pas de conseils, mais là j’en ai vraiment besoin ». Une autre patiente me dit : « J’ai vu que vous étiez une psychanalyste safe ». Mais que veut dire ce mot, safe, pour elle ? Et surtout qu’est-ce que la neutralité d’un psychanalyste ? Un analyste peut-il rester neutre devant la détresse d’un patient, devant le désarroi qui se manifeste par des cris, des pleurs ? Et quelle est la juste distance ?

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La neutralité de l’analyste est une question qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a suscité un certain nombre de désaccords au sein même des courants de la psychanalyse. Le terme « neutre » vient du latin neuter, neutra, neutrum, qui veut dire littéralement « aucun des deux, ni l'un ni l'autre ». Dans certaines langues, il peut être aussi employé pour nommer un troisième genre grammatical, en latin par exemple, celui qui désigne le genre « inanimé » par opposition au genre « animé », le masculin et le féminin. Ni masculin ni féminin donc. Dans d’autres contextes, il vient nommer une position non exprimée, celui ou celle qui ne prend pas parti. Pour l’analyste, neutre serait donc une qualité de l’indéterminé, de l’inassignable. Le neutre fait référence à l’inconnu, au non-savoir, à l’indéterminé, à l’infini et à l’incessant, aspects qui évoquent aussi l’inconscient freudien. C’est pour toutes ces raisons que le neutre est difficile à appréhender. C’est précisément qu’il résiste à être capté par la pensée – comme l’inconscient d’ailleurs. Si le neutre peut être entendu ainsi, qu’en est-il de la neutralité du psychanalyste ?

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