"La priorité numéro un de la politique économique, c'est la décarbonation", assure Patrick Artus

Patrick Artus et Marie-Paule Virard - Fabrice Vallon
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Patrick Artus et Marie-Paule Virard - Fabrice Vallon
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Patrick Artus, conseiller économique de Natixis, membre du Cercle des économistes et Marie-Paule Virard, journaliste économique sont les auteurs de “Quelle France en 2050 ? Face aux grands défis en Europe et dans le monde” et sont les invités du Grand entretien de France Inter ce dimanche.

"L'économie mondiale n'a jamais été autant bouleversée par de multiples ruptures : rupture démographiques, rupture géopolitique, rupture énergétique, rupture industrielle, commerciale, technologique etc.", assure sur France Inter Marie-Paule Virard, journaliste économique. "L'Europe n'est pas dans la meilleure posture pour affronter cette situation", selon elle. Avec l'économiste Patrick Artus, ils sont les auteurs de "Quelle France en 2050? Face aux grands défis en Europe et dans le monde".

"Nous sommes partis de la démographie", assure Patrick Artus. "On a des taux de fécondité extrêmement bas dans certains pays du monde : le Japon, la Corée, l'Europe", dit-il. "Surtout, depuis une dizaine d'année, la productivité de l'Europe recule", complète l'économiste. Ils mettent en avant dans leur ouvrage "des causes structurelles et non pas des causes conjoncturelles".

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"Il va falloir inverser les priorités politiques et économiques"

L'abaissement vendredi d'un cran de la note souveraine française par l'agence de notation S&P remet sur la table la question des moyens pour réduire le déficit public, entre hausses d'impôts et baisse des dépenses. Inflexible, le gouvernement maintient son cap. "Il va falloir inverser les priorités politiques et économiques. Nous avons des études récentes qui montrent que le réchauffement climatique a des conséquences beaucoup plus négatives sur l'activité mondiale que ce que l'on envisageait auparavant. La priorité numéro un de la politique économique c'est la décarbonation", assure Patrick Artus. Il prône pour des investissements massifs en ce sens.

"La France a perdu ses avantages comparatifs pour faire de l'industrie. Peu de jeunes font des études scientifiques, on a perdu les savoir faire, on a perdu le tissu industriel. Il y a cinq fois plus d'ETI en Allemagne qu'en France dans l'industrie donc la réindustrialisation sera très compliquée et nécessitera beaucoup d'argent public", dit l'économiste. "Il manque plusieurs centaines de milliers de techniciens. Il n'y a pas suffisamment en France de vocation et de passion pour les métiers industriels", complète Marie-Paule Virard.

"La décroissance n'est pas une solution"

Selon elle, "le déclassement pèse sur le moral des européens et des Français en particulier. Ils discernent et ont l'impression que leur niveau de vie, le bien être collectif, l'avenir de leurs enfants est en jeu et ça pèse sur leur vie quotidien mais aussi sur la vie démocratique." D'après Marie-Paule Virard, "une société à ce point bousculée n'a plus la lucidité pour peser des choix, mesurer des enjeux essentiels. C'est en cela que la situation est particulièrement grave, il est minuit moins cinq pour la France et pour l'Europe si on veut rester dans la course par rapport aux Etats-Unis et à la Chine notamment", dit-elle.

D'après Patrick Artus "la décroissance n'est pas une solution. On a besoin de beaucoup de croissance pour beaucoup investir", selon lui. "Le plus grave problème c'est le problème de l'école et du système éducatif", assure-t-il. L'économiste revient aussi sur l'impact de l'intelligence artificielle sur nos économies et compare avec l'arrivée d'internet qui "a provoqué un ralentissement de la productivité", selon lui.

Enfin selon Marie-Paule Virard l'immigration est nécessaire en Europe. "Il faut avoir recours à l'immigration si l'on veut maintenir la capacité de production et contrairement aux idées reçues, les immigrés créent plus de richesses qu'ils ne coûtent", dit-elle. "En France un immigré sur trois a un bac+3 ou plus, contre 19% seulement pour les Français de souche donc il y a bien un apport dans la créativité française", complète-t-elle.

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