Ce weekend, le musée Soulages, à Rodez, célèbre ses 10 ans. A cette occasion, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dirigé par Léo Warynski, interprétera « Reflecting Black », une œuvre composée par William Blank en hommage au peintre qui nous a quittés en 2022, à l'âge de 102 ans.
À la Halle aux grains, les musiciens et musiciennes de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse répètent ce matin pour la première fois la pièce pour piano et orchestre composée par William Blank en hommage à Pierre Soulages, maitre de l’outrenoir. Une idée qui s’est imposée à lui au cours de l’écriture d’un concerto, raconte le compositeur : « Je cherchais à traduire une couleur très sombre, très noire, et en travaillant, en écrivant des choses, je me suis souvenu du choc artistique que j’avais vécu en 1999 à Berne dans une immense rétrospective de l’œuvre de Pierre Soulages. J’ai commencé à me remémorer les impressions que j’avais ressenties devant ces peintures gigantesques, qui reflètent la lumière à partir de la couleur noir. Et ça a déclenché une nouvelle idée pour le concerto. »
« On peut imaginer le pinceau qui effleure, ou gratte la toile »
Pendant le processus de composition, William Blank n’a pas souhaité regarder d’œuvres de Soulages. « Je voulais retranscrire mon émotion face à ses toiles », dit l'artiste. Une émotion que ressent Floriane Tardy, clarinette solo de l’orchestre du Capitole : « C’est de la musique qui ne laisse pas indifférent. Il y a un matériel très puissant, très fort. Nous avons tous des timbres différents, des modes d’attaque différents, et on peut imaginer le pinceau qui effleure, ou gratte la toile. »
Face aux musiciens, se tient chef Léo Warynski. « J’étais ravis de diriger cette œuvre », affirme-t-il. « J’ai parfois, très modestement, l’impression de me sentir comme le peintre face à la palette. En répétition je disais justement aux cuivres "Voyez ici c’est comme un grand trait, un grand geste". Dans la peinture de Pierre Soulages, on peut ressentir des mouvements très énergiques, et j’ai parfois l’impression de ressentir cela en dirigeant ». L’œuvre de Soulages serait-elle musicale par essence ? « Absolument pas ! », répond le chef. « On ne pense pas à du rythme quand on voit un tableau de Soulages. On pense à de la matière, à la lumière, mais on ne pense pas forcément tout de suite à de la musique. »
« Je n’ai pas voulu rencontrer Pierre Soulages avant d’écrire cette œuvre »
Reflecting Black a été créée en 2009, par le pianiste David Lively, qui sera présent aux côtés de l’Orchestre du Capitole. Et Pierre Soulages l’a écoutée, raconte William Blank : « Je n’ai pas voulu le rencontrer avant de l’écrire. Par contre, quand l’œuvre a été créée je suis allé le voir, je lui ai apporté un disque et nous avons beaucoup parlé de son rapport à la musique. Puis il m’a un jour téléphoné spontanément, en me disant qu’il avait écouté l’œuvre plusieurs fois et qu’il était sensible et touché par le fait que j’ai traduit avec des sons ce que lui essayait de faire en peinture ».
Au programme également de cette soirée, il y aura le tryptique botticelien de Respighi. Une suite orchestrale elle aussi composée pour retranscrire l’admiration du compositeur face au peintre italien.
Reflecting Black sera donné ce vendredi 31 mai, au Théâtre La Baleine, à Onet le Château en Aveyron, à côté du musée Soulages à Rodez.