L'origine sociale a toujours un effet violent sur l'accès aux diplômes et le statut cadre

Un quart seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le bac général, contre plus des trois quarts des enfants de cadres. (Etude du Céreq) - KLAUS VEDFELT / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES
Un quart seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le bac général, contre plus des trois quarts des enfants de cadres. (Etude du Céreq) - KLAUS VEDFELT / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES
Un quart seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le bac général, contre plus des trois quarts des enfants de cadres. (Etude du Céreq) - KLAUS VEDFELT / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES
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Le milieu d'origine des parents pèse toujours fortement sur la réussite scolaire et l'insertion dans la vie professionnelle. C'est ce que montre une étude du Céreq, le centre d’études et de recherches sur les qualifications.

En 2020, une étude du Céreq, le centre d’études et de recherches sur les qualifications, a observé le parcours de 22.000 jeunes, trois ans après la fin de leur formation.

franceinfo : Le milieu d'origine des parents est toujours en relation avec le parcours de ces jeunes ?

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Sarah Lemoine : En France, le diplôme reste très important pour trouver un emploi, surtout en début de carrière. Or, l’école n’arrive toujours pas à résorber les inégalités sociales liées au milieu d’origine, selon l’étude.

Premier constat : 59% des jeunes, dont les parents sont ouvriers, sont orientés vers la filière professionnelle en fin de troisième, contre 16% des enfants de cadres. Un quart seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le bac général, contre plus des trois quarts des enfants de cadres.

Dans l’enseignement supérieur, c’est aussi éloquent : 11% des enfants d’ouvriers décrochent un Master, niveau bac + 5, contre plus de la moitié des enfants de cadres. Enfin, les jeunes d’origine modeste connaissent plus souvent l’échec : entre un quart et un tiers d’entre eux, n’obtiennent aucun diplôme.

Quel est l’effet sur le marché du travail ?

Tous diplômes confondus, l’entrée dans la vie professionnelle est plus difficile pour les enfants d’ouvriers qui ont moins fait moins d’études ou de longues études. Au cours des trois premières années, 17% d’entre eux sont au chômage, contre seulement 7% des enfants de cadres. Et à l’issue de ces trois années, l’écart de taux d’emploi est de 20 points, entre ces deux populations.

En revanche, à niveaux de diplômes équivalents, il n’y a plus vraiment de différences. Cela veut dire qu’un enfant d’ouvriers qui a obtenu le bac, ou un master, n’est pas désavantagé dans l’accès à l’emploi, en fonction de son origine sociale. Avec une exception notable, tout de même.

Quelle exception ?

L’accès au statut cadre. Trois ans après l’obtention d’un master, par exemple, 78% des enfants de cadres deviennent cadres. Contre seulement 60% des enfants d’ouvriers, à diplôme équivalent. L’écart est encore plus fort, quand le niveau d’études s’arrête au baccalauréat.

Conséquence, les enfants de cadres ont accès à des emplois mieux valorisés et mieux payés. En début de carrière, ils gagnent 2400 euros net par mois. C’est 300 euros de plus, que pour les enfants d’ouvriers. Toujours à diplôme équivalent.

"Cela peut être lié à la force du réseau social des parents cadres, ou une forme de savoir-être qui permet aux enfants de cadres de se sentir plus légitime", avance Elsa Personnaz, l'une des autrices de l'étude. Des hypothèses, dit-elle, qui restent à investiguer.

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