Au Grand Théâtre de la Colline se joue Terrasses, un texte de Laurent Gaudé mis en scène par Denis Marleau. Un récit choral qui nous plonge au cœur des événements qui ont bouleversé Paris et la France entière le 13 novembre 2015.
- Laurent Gaudé Romancier, poète et dramaturge
“Nous resterons tristes longtemps mais pas terrifiés. Pas terrassés.”
Prix Goncourt des lycéens et prix des libraires avec La Mort du roi Tsongor en 2002, puis prix Goncourt en 2004 pour son roman Le soleil des Scorta (paru chez Actes Sud), Laurent Gaudé a pourtant commencé sa carrière en tant qu'écrivain de théâtre. Son dernier texte Terrasses se joue du 15 mai au 9 juin au Grand Théâtre de la Colline dans le cadre d'un temps fort qui lui est consacré. Une tragédie contemporaine qui donne à entendre les voix de différents personnages, victimes comme proches, survivants comme disparus, médecins, mais aussi membres des forces spéciales ou simples passants qui ont vu leur vie basculer ce jour du 13 novembre 2015.
Un événement raconté "à hauteur d'hommes et de femmes"
Presque dix ans, c'est le temps de gestation qu'il a fallu à Laurent Gaudé pour s'emparer de ce sujet. Un événement récent, pour lequel s'est posée pour la première fois avec autant d'acuité la question du respect : "Il y a une question qui est totalement étrangère de mon travail d'habitude et qui là a été centrale, c'est la question du respect. Je ne pense jamais au respect quand j'écris mes romans, parce que souvent, ils ont à voir avec l'imagination et que je n'ai à respecter personne d'autre que l'écriture elle-même. Là, ça a été permanent. J'ai essayé d'avancer avec respect."
L’espace de l’écriture offre des possibilités que n’offre pas le journalisme ou le documentaire : Laurent Gaudé s'est placé à hauteur d'homme, parce que “c’est là où la littérature est d’une puissance inouïe, elle peut s’inviter dans l’intériorité, dans l'intimité”. Si l’histoire ne garde que les faits, la littérature donne accès aux sensations et aux pensées des protagonistes, elle "leur redonne une chair" : "mon écriture est la quête d’une forme d’empathie : descendre, ralentir.”
Un écrivain du tragique et de l’épique
Si le sujet s'impose par son tragique, il comporte toutefois des espaces dans lesquels a pu s'exprimer une certaine humanité : "Il y a eu de l'héroïsme dans la fraternité, des petits gestes, des petits regards, des petits moments où quelqu'un est resté auprès d'une personne. Toutes ces choses-là, j'avais envie de les raconter."
Laurent Gaudé n’est pas un écrivain du quotidien, il cherche plutôt à saisir les convulsions de l’histoire, les moments qui sont des “mises à nu de ce que nous sommes”. S'y forme un "nous" collectif dont l'épopée peut s'emparer, et qui s'incarne sur scène par un chœur qui rappelle la tragédie antique. Il n'a pas peur du lyrisme, qui permet l'exaltation et la célébration de la vie. Dans ses romans comme au théâtre, il ne cesse de "chercher de l’oralité dans l’écriture, trouver du muscle dans le verbe, écrire comme si l’on devait proférer à voix haute”.
En parallèle de la création de Terrasses, Le Tigre bleu de l’Euphrate (également mis en scène par Denis Marleau) sera accueilli au Petit théâtre de la Colline du 24 mai au 16 juin.
Extraits sonores
- Extrait du spectacle Terrasses, texte de Laurent Gaudé mis en scène par Denis Marleau au Grand Théâtre de la Colline, du 15 mai au 9 juin 2024.
- Archive de Bernard-Marie Koltès dans l'émission Côte d'amour, France Culture, 24.10.1988
- Extrait du documentaire “Nulle part, en France” de Yolande Moreau, pour la collection Réfugiés d’Arte, 2016
- Chanson de fin : Gluck, Les pèlerins de la Mecque ou la rencontre imprévue, Acte III “Des combats j’ai peint l’horreur”, interprété par Jean-Philippe Lafont
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