"Si on chantait" avec Etienne Roda-Gil, parolier

Etienne Roda- gil chez lui le 20 janvier 1992 ©Getty - Sophie Bassouls
Etienne Roda- gil chez lui le 20 janvier 1992 ©Getty - Sophie Bassouls
Etienne Roda- gil chez lui le 20 janvier 1992 ©Getty - Sophie Bassouls
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En 1995 France Culture offre à ses auditeurs trois heures avec Étienne Roda-Gil, auteur des paroles d'innombrables tubes, pour Julien Clerc, Claude François ou Vanessa Paradis... Cette année-là, il fait le récit de sa vie d'exilé espagnol à Londres au début des années 60, dans un livre "Ibertao".

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Étienne Roda-Gil est mort à la fin du mois de mai 2004 en nous laissant les chansons, par centaines, dont il fut l'écrivain ; les tubes que l'on sait pour Claude François (Alexandrie Alexandra, Magnolias for Ever...) et  Vanessa Paradis (Joe le Taxi) l'album Cadillac pour  Hallyday, les plus beaux titres de Mort Shuman interprète, et beaucoup d'autres encore.

Les Nuits de France Culture
1h 35

En 1995, Jean Daive suit Etienne Roga-Gil, marche après marche, là-haut, tout là-haut, dans sa chambre d'écriture, au-dessus de son atelier qui surplombe l'Observatoire de Paris, "une mansarde de poète devenu nouveau riche", au milieu des pots de pavot ou il "rêve, vaque, dérive".

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"Une chanson a toujours besoin de raconter des voyages, des amours, des colères vraies ou fausses"

Etienne Roda-Gil est un homme radicalement à part dans le monde du spectacle. Son itinéraire compliqué, ses lectures, ses rencontres, ses différents exils, ses engagements politiques, tout concourt à faire de lui un personnage fascinant. Sa rencontre en 1968 avec Julien Clerc, dans un café près de la Sorbonne, est le départ d'une collaboration fructueuse, une véritable histoire de paroles et musique, avec des titres comme Utile, Femmes je vous aime, Elle voulait qu'on l'appelle Venise, Niagara... La cavalerie éclate la première comme une grenade trop mûre. On connaît la suite. Un nouveau souffle, l'alchimie qui opère entre l'imaginaire de deux talents débutants, plus d'une décennie de succès, de textes et de mélodies installées dans nos mémoires et - après s'être perdus de vue dans le brouillard des années 80 - d'inévitables retrouvailles, plus triomphantes que jamais, en 1992, avec Utile, album de leurs deux seules signatures : Noé, des Chiliens bras ouverts poings serrés et La belle qui arrive

"La chanson, formidable instrument de mensonge"

Dans son roman Ibertao, paru aux éditions Stock en 1995, Etienne Roda-Gil parle longuement de son exil londonien pour échapper à la guerre d'Algérie, par lequel il rompait avec le lieu familial catalan et l'esprit révolutionnaire de fils de républicain espagnol. Et c'est à Londres qu'il découvre la country-music et les chants populaires entendus dans les pubs. Ses nombreuses lectures de  Marx Lénine, Bakounine,  Lorca, Machado,  Yeats, Rosa Luxembourg... l'ont profondément marqué et lui ont permis de tisser la trame de ses chansons futures. De retour en France, Etienne Roda-Gil entame une carrière de "parolier", grâce à ses rencontres avec Claude François, Julien Clerc,  Juliette Gréco, Johnny Hallyday, et, plus tard, Vanessa Paradis. 700 chansons, souvent bien plus politisées qu'elles ne le laissent entendre, dont le lyrisme, le parfum de révolte, et les références culturelles trahissent tout de suite celui qui les signe d'un E majuscule. C'est un homme passionnément amoureux de la vie que nous suivons, dans sa réflexion sur l'amour, la séduction, et le bonheur fragile au quotidien.

  • Par Jean Daive
  • Avec Etienne Roda-Gil
  • Réalisation Marie-France Nussbaum
  • Avec la voix de Marcel Duchamp
  • Le Bon plaisir d'Etienne Roda-Gil (1ère diffusion : 29/04/1995)
  • Archive INA-Radio France

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