Avec Alain Damasio, on refait la science-fiction (et le monde aussi)

Alain Damasio ©AFP - Emmanuel Dunnand
Alain Damasio ©AFP - Emmanuel Dunnand
Alain Damasio ©AFP - Emmanuel Dunnand
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Après s'être intéressé plus à l'histoire du numérique, en remontant parfois très loin dans le temps, qu'à la prospective, Xavier de La Porte se tourne vers le futur des technos avec Alain Damasio.

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Alors, Alain Damasio, on le connaît, c'est sans doute le plus grand écrivain français de SF aujourd'hui. Ses trois romans « La zone du dehors », « La horde du contrevent » et « Les furtifs » sont des classiques du genre. Et même au-delà du genre, parce que l'aura de Damasio, elle dépasse la SF.

D'abord, c'est un grand écrivain, tout simplement.

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Et ensuite, c'est un écrivain engagé qui partage ses prises de position politiques très à gauche et qui, depuis quelques années, s'est mis au combat écologique.
D'ailleurs, c'est pour ça qu'après avoir longtemps vécu à Marseille, il s'est installé dans un coin paumé des Alpes de Haute-Provence. Avec d'autres, il y a fondé une sorte de petite communauté où non seulement on essaye de vivre autrement, mais où on peut accueillir des gens pour des stages, des résidences. Et ce lieu, ils l'ont appelé la Zest, la zone d'expérimentation sociale terrestre et enchantée.
Et c'est donc là que je suis allé voir Damasio.

J'étais sûr que Damasio aurait un point de vue passionnant sur les technos. Il suffit d'avoir lu Les Furtifs pour en être convaincu. Mais j'étais un peu intimidé. Je ne suis pas un grand connaisseur de science-fiction.
En fait, je pense même que, à part quand c'est vraiment très bien écrit comme chez Damasio, je n'aime pas trop la SF.

Le monde qui existe, notre monde, il me semble tellement compliqué et tellement bizarre que je n'ai pas une envie folle de m'intéresser à des mondes qui n'existent pas.
C'est un peu con. Je le reconnais, mais c'est comme ça.

D'ailleurs, je m'aperçois, avec le temps, que je me suis toujours intéressé plus à l'histoire du numérique, en remontant parfois très loin dans le temps, qu'à la prospective. Le futur des technos, ce n'est pas ce qui me fascine le plus.
Or, j'ai l'impression que discuter avec Damasio, ça m'obligerait à parler de ça, à aller vers ça.

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Alors, quand on s’est retrouvé tous les deux dans son salon pour discuter, on a vite arrêté de parler du livre proprement dit. Il faut dire qu’on était bien. Par la baie vitrée, un soleil de printemps entrait, qui nous chauffait agréablement les cuisses. Au loin, on voyait des sommets encore enneigés. Alain Damasio était assis dans un fauteuil qui avait l’air vachement confortable. C’était l’endroit parfait, et le moment parfait, pour éclaircir ce qui m’a tant plu à la lecture du livre. Alors j’ai commencé par son positionnement. Je trouve qu’il y a trouvé une juste distance qui est assez rare dans la littérature sur le numérique. Une position très critique, certes, et c’est normal parce que la Silicon Valley, c’est aux antipodes des idées politiques d’un type comme Damasio. Mais une position qui se garde toujours de la technophobie, et qui lui permet de s’étonner, d’admirer même parfois. Et donc, j’ai demandé à Damasio dans quel état d’esprit il était parti dans la Silicon Valley.

L'équipe
Réalisation : Fanny Bohuon
Mixage: Cédric Diallo

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