Le consentement, avec Camille Kouchner et Clotilde Leguil

Le consentement ©Getty -  CoffeeAndMilk
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Elle a été ébahie par l’onde de choc provoquée par “La familia grande”, preuve que les lignes ont bougé depuis la complaisance des années 80. Ce soir, Camille Kouchner sera dans l’Heure Bleue en compagnie de Clotilde Leguil, psychanalyste et philosophe, pour une discussion sur la notion de consentement.

Avec
  • Camille Kouchner Avocate, maître de conférences en droit privé, spécialisée dans le droit social, écrivaine
  • Clotilde Leguil philosophe et psychanalyste de l’Ecole de la Cause freudienne

Dans “ La familia grande” (Seuil), l’avocate Camille Kouchner affirme que son frère jumeau a subi, à l’adolescence, des gestes incestueux de leur beau-père. Elle raconte, trente ans plus tard, comment ce secret, qu’elle appelle “l’hydre” tant il a été venimeux, a ravagé sa vie et celle de ses proches.

Au nom de quoi le sujet consent-il à ce que, pourtant, il ne désirait pas ? Au nom de quoi se laisse-t-on faire, quitte à en payer le prix par “cette immense culpabilité d’exister” dont parle Camille Kouchner ? La psychanalyste Clotilde Leguil revient sur les racines énigmatiques de ce silence qui veut dire non, dans “ Céder n'est pas consentir: Une approche clinique et politique du consentement (PUF).

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Extraits de l'entretien 

  • Une entrée en écriture à la mort de sa mère

Camille Kouchner : « A la mort de ma mère, ça s'est imposé à moi. J'ai eu l'impression que j'avais le droit de retrouver une parole. J'avais le droit à ma voix. »

  • La crainte de ne pas être entendue

CK : « J'avais peur que mon livre fasse pschitt. Qu’on me dise, comme d'habitude, ce qui est arrivé à votre frère et à votre famille n’est pas grave. »

  • Le souffle de son frère

CK : « D'une certaine façon j'ai demandé l'autorisation à mon frère. Ca a été un long processus. Ce silence, on l'a vécu ensemble pendant trente ans. Il a vu que j'avais besoin de mettre les mots sur ce qui lui arrivait. Plus qu’une autorisation, il m’a donné un souffle. »

  • La Littérature

Ck : « J'ai eu besoin de la puissance de représentation de la littérature pour accepter, ou plutôt retrouver la réalité. »

  • La connaissance du secret de l’inceste

Ck : « Non seulement mon frère a eu le courage de me le dire, mais plus tard, il a eu le courage de le dire à ma mère. Il a eu plein de courage, mon frère. J'ai été la première et la seule à savoir pendant très longtemps. C’était quelque chose de très lourd à porter, et en même temps pour rien au monde, je ne voudrais le culpabiliser. Ce traumatisme est arrivé par la faute d'un autre et certainement pas par sa faute à lui. »

  • Victime de violence dans la famille

CK : « Quand les gens qui vous guident et que vous aimez vous font cette violence-là. Je ne sais pas comment on se remet »

  • La psychanalyse

CK : « J’ai enfin rencontré quelqu’un qui me fait beaucoup de bien. Mais auparavant, je suis tombée sur certains psys qui m'ont fait beaucoup de mal. Ils m’ont expliqué que ce n'était pas mon histoire et qu'il fallait que je me taise. »

  • La loi qui est en train d’être votée

CK : « On a rajouté une nuance qui est celle d'avoir une autorité de fait ou de droit sur la victime. Cela ne me paraît pas justifié. Je pense qu'un grand frère ne doit pas avoir de relations sexuelles avec un petit frère ou une petite sœur, quelle que soit la question de l'autorité. Du point de vue de l'inceste, le problème est le lien familial et non pas le lien d'autorité. »

Musiques :

  • Barbara, "Nantes
  • David Bowie, "Space Oddity"
  • Clou, "Cesse cesse"

Archives : 

  • Archive Ina du 1er janvier 1972 (au micro de Jean José Marchand) : Claude Lévi Strauss explique le sens sociologique de l’inceste, «l’inceste des faibles» et «l’inceste des forts»

Générique : "Veridis Quo" des Daft Punk

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