Le handpan, l’instrument “qui parle au cœur et à l’âme”, par Quentin Kayser

Joueur de handpan depuis près de douze ans, Quentin Kayser a dû apprendre seul à manier l’instrument, alors peu connu du grand public. Il nous raconte la genèse de cet instrument envoûtant.

France Musique : Comment peut-on créer des mélodies au handpan ?

Quentin Kayser : Le handpan est constitué de deux coques collées ensemble. D’un côté, on a une note centrale et de l'autre côté, on a un trou, appelé le “gu” qui permet au son de sortir. Tous les petits cercles creux, ce sont des dimples ("fossettes" en français) qui correspondent aux notes de l’instrument. Plus le cercle est petit, plus la note est élevée. Et inversement, plus le cercle est grand et plus la note sera grave. Pour faire une gamme, je dois alterner les notes en tapant à gauche, puis à droite, puis à gauche, etc. Selon le handpan qu’on a, on va avoir une gamme spécifique. Sur celui-ci, j’ai trois octaves et une harmonique mineure, qui donne ce côté oriental.

Pourquoi est-ce si relaxant d’entendre du handpan ?

C’est vrai que c’est une musique souvent associée au bien-être et au développement personnel, dans le sens où les gens, quand ils l'entendent, ils s’exclament : “Ah, ça me fait du bien, c’est chouette cet instrument !” Et ça, je pense que c'est grâce à l'harmonie de chaque note. Sur chaque fossette que l’on tapote, on entend un accord parfait. On entend en fait trois notes à chaque fois : la fondamentale, l'octave et la quinte à l'octave. Ça n’explique pas tout, mais je pense que c’est notamment grâce à ces accords parfaits qu’on ressent autant de détente quand on écoute le handpan.

Peut-on “jouer faux” au handpan ?

Souvent quand les gens ont l’instrument dans les mains, ils me disent : “En fait, c’est impossible de jouer faux”. Eh bien si. On peut tout à fait faire de la dissonance. Mais après la dissonance, quand elle est bien choisie au bon moment, elle a son charme. Le handpan est un instrument avec plein de sons inattendus qu’on n'a pas fini d'explorer. Selon la manière dont on va le toucher, on va produire des sons différents. On peut le toucher sur le bord d'une fossette, ça va faire un son un peu plus feutré. On peut aussi muter les notes, donc arrêter quelques fréquences pour en faire sortir d'autres.

De quand date cet instrument ?

Le handpan est un instrument récent qui a été inventé en l’an 2000, en Suisse. Il est inspiré de plusieurs autres instruments dans les sonorités et le côté percussif. Il est inspiré du steel drum, originaire des Caraïbes. Mais il vient aussi du ghatam, cette percussion en terre cuite indienne. Et enfin, des gamelans en Indonésie.

Dans quels registres retrouve-t-on le handpan ?

On peut retrouver le handpan dans différents registres. Comme c’est un instrument récent, il n’a pas encore de répertoire de prédilection. On l’associe beaucoup au bien-être, il peut donc être utilisé dans les séances de relaxation, ou dans certaines disciplines sportives. C’est par ailleurs très demandé dans des festivals, par exemple les festivals de musique tribale. On peut aussi en faire en musique de chambre. Enfin, on en retrouve dans des films documentaires. C’est un instrument qui invite au silence, à la contemplation, et qui peut donc inviter au voyage.

Est-ce facile d’apprendre à jouer du handpan ?

Comme beaucoup d’instruments, c’est plutôt simple au premier abord car on a simplement besoin de tapoter l’instrument pour émettre un son. Mais il faut beaucoup de pratique pour trouver ensuite quoi faire avec ces sons et créer quelque chose. Ça fait douze ans que je joue du handpan, et à ce moment-là, il n’y avait pas grand monde qui en jouait. J’ai donc appris tout seul. Comme beaucoup, j’ai joué du handpan d’abord dans la rue. Puis de la rue, je suis passé au studio, et enfin à des salles de concert. C’est un instrument très gratifiant que je conseille à tout le monde. La magie du handpan, ce n'est pas de pouvoir reproduire ce que font les autres, mais c'est de pouvoir sortir la musique qu'il y a à l'intérieur de nous.