Pourquoi la marge de manœuvre Netanyahou se réduit encore après la demande d'un mandat d'arrêt par la CPI

Benjamin Netanyahu fait l'objet d'une demande de mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes de guerre commis à Gaza. ©AFP - ABIR SULTAN / POOL
Benjamin Netanyahu fait l'objet d'une demande de mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes de guerre commis à Gaza. ©AFP - ABIR SULTAN / POOL
Benjamin Netanyahu fait l'objet d'une demande de mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes de guerre commis à Gaza. ©AFP - ABIR SULTAN / POOL
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La décision de la Cour pénale internationale de réclamer un mandat d’arrêt contre des dirigeants d’Israël et du Hamas suscite une avalanche de réactions. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou va forcément perdre une partie de sa légitimité après l'annonce lundi 20 mai du procureur Karim Khan.

D’abord, l’annonce d’hier doit être relativisée. Pour le moment, c’est une simple demande du procureur de la CPI, Karim Khan, qui réclame un mandat d’arrêt contre deux Israéliens, Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant, et trois dirigeants du Hamas, dont son chef à Gaza Yahia Sinouar, pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis dans la bande de Gaza pour les premiers, et en Israël pour les seconds.

Un panel de trois juges doit maintenant se prononcer. Sans doute d’ici un mois. En attendant, Netanyahou peut mesurer l’impopularité de la CPI en Israël, qui n’est pas un Etat membre de la juridiction. La classe politique et la plupart des médias s’indignent de la demande du procureur Karim Khan.

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Bibi rejette « avec dégoût », dit-il, la comparaison entre Israël et « les meurtriers de masse du Hamas ». Le quotidien Yediot Aharonot titre en une : « L’hypocrisie de La Haye » (La Haye où se trouve le siège de la CPI).

Mais quelle que soit la décision, le symbole reste fort. Pour la première fois, un ami de l’Occident est visé par le procureur de la Cour pénale internationale. Netanyahou est un allié des Etats-Unis et de l’Union européenne. Rien à voir avec le Russe Poutine, le Soudanais Béchir ou le Serbe Milosevic, mort en 2006.

Sans faire de conjecture sur la décision des juges, il est certain que le procureur a présenté un dossier solide.

Et si la CPI émet un mandat d’arrêt, Netanyahou pourrait être limité dans ses déplacements. En théorie, les 124 Etats membres sont obligés de l’arrêter. C’est le cas par exemple des vingt-sept membres de l’Union européenne. C’est évidemment problématique pour le dirigeant d’un pays comme Israël, aussi dépendant de l’Occident.

Netanyahu accusé d'avoir "affamé des civils"

D’ailleurs, de nombreux pays soutiennent la CPI. Les alliés d’Israël, comme l’Allemagne, l’Italie ou même la France, soulignent que la justice internationale ne peut pas mettre sur le même plan Israël et le Hamas. Mais ils ne remettent pas en question la légitimité de la CPI. Le Quai d’Orsay rappelle notamment que Paris soutient « la lutte contre l’impunité ».

Difficile dès lors d’accréditer les propos de Benyamin Netanyahou qui estime que la CPI devient « une institution paria ».

Il faut aussi rappeler les arguments du procureur Karim Khan. Quand il énumère les possibles crimes de Netanyahu et Gallant, il cite d’abord « le fait d’affamer délibérément des civils ». Les meurtres, les homicides, sont aussi évoqués parmi les crimes de guerre présumés, mais en mettant en avant la famine comme arme de guerre, Khan touche une corde sensible. Beaucoup de pays, même les proches d’Israël, reconnaissent l’ampleur de la crise humanitaire.

Les Etats-Unis, justement, soutiennent Netanyahou. Le président Joe Biden qualifie de « scandaleuse » la démarche de la CPI. Les Etats-Unis ne sont pas parties au statut de Rome. Leur critique de la Cour ne surprendra personne.

Mais Netanyahou peut difficilement compter sur le seul soutien d’une administration américaine qui le malmène depuis plusieurs semaines, qui a même menacé de suspendre ses livraisons d’armes.

Dans ces conditions, il est plus difficile pour le Premier ministre israélien de déclencher une opération massive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors que le monde entier le met en garde contre un nouveau bain de sang.

A cela s’ajoutent les critiques sur la gestion des otages, l’absence de stratégie pour le jour d’après à Gaza… La justice internationale porte un nouveau coup à un Netanyahou déjà très affaibli et isolé.

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