48 heures après l'attaque d'Israël par le Hamas, le "déluge d'Al Aqsa" sans précédent dans l'histoire de la région, retour sur le fil des événements, minute par minute, de cette attaque surprise.
Samedi matin, en Israël, il est à peine 6 heures. C'est l'heure choisie par le Hamas pour lancer les premières roquettes. Samedi, c'est shabbat, le repos pour les juifs, dans un week-end de vacances scolaires et de fête religieuse. Il est 6h donc, et l'offensive commence par les airs. Cette fois-ci, c'est un déluge. Le Hamas revendique 5 000 roquettes tirées. 2 500 d'après l'armée israélienne.
6h35 : Ces sirènes ensuite. Elles retentissent dans toutes les grandes villes : des dizaines de localités sont visées. Des bombardements sur la côte au nord de la bande de Gaza... les roquettes tombent notamment sur les villes de Sdérot, Ashkelon, etc. Ces localités ont déjà connu de telles frappes par le passé. Sauf que des combattants parviennent au même moment à pénétrer en territoire israélien, à l'intérieur. Une offensive par les airs, la terre, la mer.
Les combattants au sol entrés par des brèches
À 7h40, l'armée israélienne parle elle-même de la présence de combattants palestiniens au sol. Comment ces commandos ont-ils pu passer ? On le sait grâce aux images de propagande du Hamas, à des vidéos authentifiées sur les réseaux sociaux. Une heure et demie après les toutes premières salves de roquettes, ces infiltrations sont possibles non pas par des tunnels, mais au grand jour par des brèches percées dans "le mur", la clôture fortifiée qui ceint la bande de Gaza.
Sur ces images un bulldozer s'attaque au grillage. Une autre incursion a lieu par les airs : en parapente motorisé, des commandos se posent sur des lieux stratégiques pour le Hamas, qui s'est empressé de publier des images hollywoodiennes d'entrainement de ces commandos volants. Combien de combattants sont parvenus à passer par cette méthode totalement inédite ? Des dizaines au moins, d'après la presse israélienne. Des incursions rendues possibles par la prise de controle d'une partie du checkpoint d'Erez.
Un millier de combattants du Hamas
Les hommes armés du Hamas, au milieu de ce point de passage ultra sécurisé, emmènent trois militaires israéliens, ils sont faits prisonniers. On apprendra plus tard que plus de 100 civils et militaires sont aux mains du Hamas : c'est ce qu'a permis cette offensive terrestre au-delà des seuls bombardements. L'attaque se déploie enfin en mer, des embarcations se dirigent vers Zikim, un kibboutz de la côte connue pour sa base militaire. En tout, un millier de combattants du Hamas participent à l'offensive d'après l'armée israélienne.
Les soldats du Hamas, depuis 7 heures, sont sur le sol israélien, et ils s'en prennent indistinctement à des militaires et à des civils. Le soleil s'est levé à 4 kilomètres de la bande de Gaza... et l'insouciance règne encore au festival Tribe of Nova. C'est un grand rassemblement d'amoureux de techno. À 7h, la musique s'arrête pour laisser place à des tirs, et à la plus grande confusion. Dans la nuit de dimanche à lundi, Zaka, une organisation de secours, a parlé de plus de 260 corps retrouvés – un bilan non confirmé à ce stade. Une certitude : des festivaliers ont été emmenés... d'autres se sont cachés dans des poubelles.
"Les Glaives de Fer" en réponse à l'opération
Il est un peu moins de 11 heures quand le Premier ministre Benyamin Netanyahu apparaît à la télévision. À l'opération palestinienne nommée "déluge d'Al Aqsa" répondront "les Glaives de Fer" israéliens, le nom de cette riposte. "Citoyens d'Israël, nous sommes en guerre", lance le Premier ministre. Un demi-millier de cibles palestiniennes sont alors visées par les premières frappes, dont la tour de la Palestine à Gaza, une destruction vécue en plein direct dans l'après-midi par une journaliste d'Al Jazeera.
Les frappes de l'armée israélienne ne font que démarrer sur Gaza : les habitants désemparés n'ont pas pu fuir... côté israélien, chacun se terre chez soi face aux commandos encore présents. C'est le début d'un face-à-face dont les civils, tantôt boucliers humains, tantôt monnaie d'échange, sont les premières victimes.