Les B.O de la Planète des Singes : de Jerry Goldsmith à Danny Elfman

Commençons par l’évidence, le commencement, les origines et la toute première adaptation cinématographique du best-seller littéraire La Planète des Singes écrit en 1963 par le Français Pierre Boulle. Je veux bien sûr parler du film de 1968, La Planète des Singes de Franklin Schafner, film marquant, très beau, porté par la star Charlton Heston et la partition orchestrale et résolument moderne de l’inévitable Jerry Goldsmith. Il s’agit certainement du premier chef-d’œuvre de ce géant. Une musique acoustique, avant-gardiste qui a notamment pour originalité de s’inspirer du langage dodécaphonique d’un Arnold Schoenberg puisqu’elle nous fait entendre à plusieurs endroits une succession atonale de notes qui retentit au début du film ou lors de la scène de chasse mythique où, rappelez-vous, une tribu d’humains et l’équipage de Charlton Heston sont pourchassés par des singes, humains trop humains.

Cette page musicale peut rappeler les grands accords lapidaires du Sacre du Printemps de Stravinsky, le pointillisme d’Anton Webern, les ostinatos d’un Bernard Herrmann mais avec une dose de sauvagerie en plus. En effet, dans cette partition qui fait appel tout au long du film à un effectif inattendu, qui annonce la bande originale que Goldsmith composera dix ans plus tard pour Alien de Ridley Scott, on peut entendre aux cœur de l’orchestre symphonique des instruments exotiques comme des gongs, des flûtes à coulisse, une cuica, c’est-à-dire un tambour à friction brésilien ou encore un cor d’harmonie non homologué puisqu’il s’agit d’une corne d’animal !

D’ailleurs dans La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume, on retrouve un clin d’œil à cette scène de chasse et à la musique de Jerry Goldsmith. Un épisode musical qui tranche avec le reste de la partition plus convenue je trouve de John Paesano. Une musique qui, je trouve, manque d’idées fortes, de thèmes et qui a cette tendance parfois lassante dans les films d’aujourd’hui à avoir un rôle de remplissage, bien redondants avec ce qui se passe à l'image. Une bande originale sans originalité, sans mélodies ou motifs marquants mais très bien produite comme celle que Danny Elfman compose en 2001 pour La Planète des Singes réalisé par Tim Burton…

Quand la musique électronique double l’orchestre et les coups col legno, joués avec le bois de l’archet, quand elle creuse les graves des contrebasses, prolonge le souffle des cuivres, les rend plus puissants et menaçants, cela donne à mon avis, l’un des génériques les plus impressionnants de la saga…