Les enseignants des CNSMD réclament une revalorisation de leur salaire

Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris ©AFP - Magali Cohen
Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris ©AFP - Magali Cohen
Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris ©AFP - Magali Cohen
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Leurs grilles de salaire n'ont pas évolué depuis plus de 20 ans. Une pétition, qui réclame l'ouverture des négociations avec le ministère de la Culture, a été lancée fin avril.

Quand, en avril 2024, Olivier Reboul, professeur d’étude de rôles au CNSMD de Paris, a lancé  une pétition pour la revalorisation des salaires des enseignants des deux conservatoires nationaux de Paris et de Lyon, il ne s’attendait pas à une telle mobilisation : « Actuellement, nous sommes à plus de 350 signatures, ce qui représente un peu plus de 50% des professeurs. Cela peut sembler peu mais en réalité, c’est énorme parce que je pense qu’il n’y avait jamais eu de pétition concernant exclusivement les deux conservatoires. »

« 15 ans de provisoire  »

Pour comprendre les doléances de ces signataires, il faut revenir un peu en arrière. « Depuis 2009, les deux CNSMD attendent un arrêté du ministère pour fixer les conditions de rémunération des enseignants, nous explique Olivier Reboul. Entre-temps, depuis 15 ans, les RH [ressources humaines, ndlr] ont créé une sorte de système, qui permet de payer les gens, adopté à titre provisoire et sans caractère vraiment officiel. Cela fait donc 15 ans de provisoire. »

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15 ans de provisoire et des grilles de salaires établies en 2003, il y a donc plus de 20 ans. Les plus lésés sont les pianistes accompagnateurs, nous explique Laure Rousselet, représentante du personnel au CNSMD de Lyon et pianiste accompagnatrice : « Pour les pianistes accompagnateurs, il y a 4 échelons. Les deux premiers sont passés en dessous du SMIC, donc ils ont été réévalués à l'indice plancher pour ne pas être dans l'illégalité, et la grille se termine au bout de 7 ans sur un indice très faible qui équivaut à une catégorie C. C'est-à-dire que cette grille n'est absolument pas en adéquation avec nos diplômes ni avec l'exigence qu'on attend de nous. » Recrutée en 1999 par le CNSMD de Lyon, elle touche, depuis une quinzaine d'années, environ 2000 euros brut par mois pour un temps plein : « Je trouve que c’est une situation extrêmement injuste sur le fond et extrêmement difficile à vivre financièrement parce que c’est compliqué de vivre avec ce salaire et que c’est assez terrible d’avoir acquis un tel niveau pour être déconsidéré à ce point-là. »

Signature d'un « accord de méthode »

En juillet 2023, les enseignants reçoivent une bonne nouvelle : un « accord de méthode » est signé entre la ministre de l’époque, Rima Abdul-Malak, et les syndicats pour engager des négociations sur la rémunération et la gestion de l’ensemble des agents contractuels du ministère de la Culture qui devaient englober celles des deux CNSMD. Mais quelques mois plus tard, les syndicats se heurtent à un silence radio. « Cette négociation a commencé à l'automne 2023, elle s'est poursuivie au début du mois de janvier 2024 et ensuite tout a été arrêté, on n'a plus eu de son ni d'image de la part du ministère de la Culture  », relate Pierre Pouenat, secrétaire nationale de l’USPAC-CGT-culture.

Contacté, le ministère n’a pas répondu à nos sollicitations. De leur côté, les organisations syndicales ont reçu récemment une invitation du cabinet de la ministre. Une convocation qui, espèrent-ils, signera la réouverture des négociations.

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