Les saints de glace, mythe ou réalité ?

Les saints de glace pour certains jardiniers, ce sont des dates, celles des fêtes de St Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais, les 11 ; 12 et 13 mai qui devraient être la limite des risques de gelée. Mais alors, mythe ou réalité ?

Un espace climatique

Dans l’histoire de l’homme, l’agriculture tient une place extrêmement importante et une ou deux années de mauvaise récolte pouvaient conduire à des disettes.
Déjà au temps des romains, la Nymphe Flora était vénérée comme étant la divinité des fleurs pendant plusieurs jours au mois d’avril.
Le christianisme, qui ne voulait absolument pas entendre parler des divinités païennes, ne pouvait pas non plus chambouler toutes les traditions d’une civilisation.
C’est ainsi que sont nées des fêtes officielles correspondant à peu près aux festivités antiques. Ce furent donc St Mamert le 11 mai, St Pancrasse le 12 et St Servais le 13 qui furent les saints du dernier froid.
Mais, bien sûr, entre le Sud de l’Italie et le Nord de l’Europe, la période de froid ne suit pas le même calendrier.

En réalité, ce sont 9 saints qui balisent la fin des risques de gel

C’est ainsi qu’il y a en fait cinq saints de glace et quatre chevaliers ou cavaliers du froid.
Pour la France, dans le Nord il faut rajouter St Yves le 19 mai et St Urbain le 25 mai. Pour le Sud, ce sont plutôt St Georges, 23 le avril, St Marc le 25 avril, St Robert le 30 avril et Saint Philippe le 1er mai qui balisent les périodes de risque de gelées.
Alors difficile de s’y retrouver !

Qu’en est-il en réalité ?

Il faut bien se souvenir que jusqu’au début du XXème siècle, la plupart des paysans européens étaient illettrés et très superstitieux. Il n’était pas possible de leur présenter des cartes météo, qui d'ailleurs n'existait probablement pas, ou comprendre le mouvement des masses d’air que même les ordinateurs les plus puissant actuellement n’arrivent pas à prévoir à plus de cinq jours.
La religion aidant, les fêtes des saints constituaient de bons repères pour des populations croyantes et souvent crédules et peu cultivées.

De nos jours nous pouvons commencer à raisonner et comprendre ces phénomènes climatiques ne sont pas liés à des saints, mais répondent à des paramètres que nous connaissons encore mal mais dont nous pouvons tirer quelques orientations générales.

Alors que peut-on en dire ?

La situation climatique évolue et nul ne peut nier que les températures moyennes sont en hausse régulière, mais cette hausse n’est pas linéaire et uniforme. Cette année en est la preuve avec des chutes de neige très tardives en montagne, et pour la région grenobloise et la plaine iséroise, le dicton n’est plus tout à fait adapté.

Pour Grenoble et ses environs en plaine, au milieu du siècle dernier on pouvait estimer que les risques de gelée nocturne s’arrêtaient le mai. Actuellement ce serait plutôt autour du 27 avril. Pour le reste du territoire de l’Isère il faut appliquer quelques jours de correction, + 2 à +8 jours.
Par exemple, autour de Lyon ou pour Genève, au XXème siècle on considérait que la date limite de gelée nocturne était le mai, soit environ +5 jours.

Pour les zones en altitude, les phénomènes de gradient adiabatique font baisser la température en moyenne de 0,8 ou 0,4 degré pour un peu plus de 100 m de dénivelée suivant le taux d’humidité de l’air. Ce calcul permet d’avoir une idée approximative des risques, mais encore une fois, en zone montagneuse il y a beaucoup d’autres paramètres à connaître.

Les dictons avaient, à l’origine une certaine valeur issue d’une longue observation des peuples, mais avec le temps, ils sont souvent utilisés à mauvais escient. Ils ne résistent jamais à une expérimentation scientifique sérieuse, mais peuvent aider à faire une idée de ce qui nous attend.