Mad Max : le guide pour comprendre la saga

Alors que le festival de Cannes bat son plein, la grosse actualité cinématographique du moment est la sortie tant attendue du nouveau film de la saga Mad Max, centré sur le personnage de Furiosa. Extrêmement singulier, reconnaissable au premier coup d'œil, l’univers de Mad Max est un exemple parfait de construction d’une imagerie caractéristique et d’une mythologie forte. C’est aussi l’une des meilleures - si ce n’est LA meilleure- réinvention d’une saga plusieurs décennies après ses débuts, signe que l’on peut faire du neuf avec du vieux sans pour autant proposer du réchauffé.

Malheureusement, l’univers très caractéristique de Mad Max, qui est une force, constitue aussi un frein pour certains spectateurs. Quand on n’a jamais osé s’aventurer dans ce monde imaginé par George Miller en 1979, on peut regarder l’ensemble avec défiance, et se poser de nombreuses questions : peut-on aller voir Furiosa le 22 mai au cinéma si l’on n’a pas vu les quatre précédents films ? Pourquoi les personnages de Max et Furiosa sont incarnés par des acteurs différents d’un film à l’autre ? Les films de 1979 et 1981 n’ont-ils pas trop vieilli, sont-ils encore regardables pour un jeune spectateur en 2024 ?

L’univers Mad Max : présentation

La première chose que l’on remarque quand on découvre des images d’un film de la franchise Mad Max, c’est cette imagerie très caractéristique qui mélange les genres. Le premier film fait légèrement exception, mais la saga se déroule dans un décor post-apocalyptique, très majoritairement désertique, avec énormément de véhicules motorisés : voitures, motos, camions. Le look des personnages est lui aussi très particulier, même s’il a évolué au fil du temps. Dans les premiers films, les costumes lorgnent vers le punk-SM, avec beaucoup de cuir, et surtout des gueules mémorables, en particulier du côté des antagonistes.

Toecutter, Humungus, Master Blaster, Immortan Joe : chaque film de la saga possède son méchant symbolique, au style très particulier, qui constitue une grosse plus-value à chaque fois. Si l’on considère généralement Mad Max 3 comme le moins bon épisode de la saga, personne n’a oublié l’incroyable Master Blaster, ce colosse surpuissant mais très limité intellectuellement (Blaster) dont on ne voit pas le visage, qui porte sur les épaules un homme de 89 centimètres (Master), véritable petit génie du mal.

Faut-il voir les films Mad Max dans l’ordre ?

A l’heure de la sortie de Furiosa, c’est une question que beaucoup se posent. La majorité des jeunes spectateurs a découvert le monde de Mad Max avec le quatrième film, Fury Road, en 2015. Parmi ces spectateurs, seule une petite partie a rattrapé son retard et regardé la trilogie originelle. A priori, on peut donc très bien commencer la saga à partir de Fury Road, ou même plus simplement à partir de Furiosa, qui constitue un préquel à Fury Road. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir vu les films précédents avant de se lancer.

Si l’on regarde les différents films dans l’ordre, il existe bien une chronologie. Elle n’est cependant pas toujours extrêmement cohérente (la voiture détruite qui revient, le corps très abîmé de Max qui se remet sans séquelles), et n’a pas toujours une très grande importance dans le récit. Il faut garder à l’esprit l’aspect mythologique de Mad Max : on raconte avant tout une légende, un mythe.

C’est d’ailleurs ce qui rend pertinents les différents changements d’acteurs (Mel Gibson puis Tom Hardy pour incarner Max, Charlize Theron puis Ana Taylor-Jon dans le rôle de Furiosa, Hugh Keays-Byrne puis Lachy Hulme dans celui d’Immortan Joe) ou même les réutilisations d’acteurs dans des rôles différents (Hugh Keays-Byrne jouait Toecutter dans le premier film, puis Immortan Joe dans le quatrième, Bruce Spence passe du rôle du pilote de l’autogire dans le 2 à celui du pilote d’un mini-avion dans le 3).

Est-ce que les premiers films Mad Max sont encore regardables ?

Évidemment, si on a découvert Mad Max en 2015 avec Fury Road ou en 2024 avec Furiosa, la transition avec le premier film de 1979 risque de secouer un peu. Le cinéma de la fin des années 70 est construit sur des codes très différents du cinéma actuel, d’autant qu’on parle d’un film australien qui s’éloigne énormément du cinéma traditionnel de son époque. Il faut donc savoir où l’on met les pieds : malgré son imagerie à part, son rythme, et sa violence, Mad Max reste un film sorti il y a plus de quarante ans. Il se peut qu’un spectateur de moins de 25 ans, biberonné aux films récents, soit légèrement décontenancé par les images.

Il serait pourtant malheureux de se priver de films aussi importants. De la même manière qu’il est indispensable, quand on aime le cinéma, de ne pas passer à côté de films de cette période comme Le Parrain, Orange Mécanique ou même Rocky, on ne peut qu’encourager chacun à lancer le visionnage des deux premiers films Mad Max. Pour simplifier l’accès à cet univers très particulier, on vous conseillerait même de commencer par le 2, le véritable chef d'œuvre de la saga. Le premier film est en effet à part au sein de sa propre saga, y compris du point de vue de l’esthétique et des décors, ce qui peut encore plus perturber les spectateurs de Fury Road ou Furiosa.

Peut-on aller voir Furiosa si l’on n'a pas vu les précédents Mad Max ?

Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers de l’univers Mad Max, il y a finalement peu de choses à savoir avant de se lancer dans Furiosa. Ce nouveau film est un préquel de Fury Road (2015), et traite d’un personnage qui n’existe pas dans les trois premiers films de 1979, 1981 et 1985 : il existe forcément des liens entre chaque œuvre, mais comme on l’a dit plus haut, on peut très bien les voir indépendamment et dans le désordre. Rien n’empêche donc de voir Furiosa sans avoir vu les précédents Mad Max : on ne passera à côté de rien, et la compréhension de l’histoire ne sera pas altérée.

On peut même considérer que commencer par Furiosa peut constituer une excellente porte d’entrée vers le reste de l’univers Mad Max. Après avoir vu ce préquel, on peut enchaîner sur ce qui est donc sa suite chronologique, Fury Road. On sera alors parfaitement familiarisé avec ce monde post-apocalyptique très particulier, et on pourra se lancer dans la trilogie avec Mel Gibson avec plus de facilités.