Mourir juste avant la victoire

Quand les États-Unis entrent dans la guerre, Roosevelt est aux commandes. Comme pour le "New Deal", il supervise tout. Il a élargi les pouvoirs de la Maison-Blanche. Il laisse parfois un goût amer à ses visiteurs, à tous, il donne le sentiment qu’ils ont raison, puis finit pas trancher. Il croit fermement à son pouvoir de conviction et de séduction, à ses relations avec Churchill, et même Staline. Il est l’un des architectes du débarquement en France. Des futures nations Unies, il plaide en faveur de la création d’Israël.

Il meurt avant la victoire finale. Les États-Unis sont devenus la première puissance mondiale.

Qu’aurait été l’après-guerre si Franklin D. Roosevelt avait vécu plus longtemps ? Sa vision du monde aurait-elle modifié le cours de l’histoire, ou se serait-elle dissoute sur fond d’intérêts américains ?

Sitôt le président Roosevelt mort, le dépeçage commence. C’est d’abord une vaste chasse aux progressistes sur fond de guerre froide, le FBI enfin libre de surveiller Eleanor Roosevelt qui dénonce des méthodes dignes de la Gestapo. Puis c’est l’État-providence attaqué de toutes parts. L’économie est florissante, le capitalisme américain ne supporte plus les régulations de la puissance publique et la taxation des plus riches. Le coup de grâce sera porté par Reagan qui abolit les aides sociales.

Roosevelt savait, il avait prévenu. "Nous devons penser à ce qui se passera quand nous ne serons plus au pouvoir. La prochaine administration sera soit démocrate, soit républicaine, elle va économiser et couper dans les dépenses, et le résultat sera le chaos", avait-il confié à son ami Henry Morgenthau.