Notre sommeil, entre l’intime et le politique

Jeune homme en pleine insomnie dans son lit - kbeis
Jeune homme en pleine insomnie dans son lit - kbeis
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Pourquoi dort-on moins aujourd’hui qu’il y a 20 ans ? Pourquoi le sommeil est-il si dévalorisé dans nos sociétés ? Quelles conséquences sur notre santé ? Et si on militait pour récupérer notre droit au sommeil ?

« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Ces mots ont été écrits en 1669 et sont extraits des Pensées de Pascal. Notre rapport complexe au sommeil ne date donc pas d’hier. Si le sujet fait aujourd’hui l’objet d’un traitement régulier dans les médias. Si la tech nation s’en est saisi et propose des solutions innovantes et ludiques pour monitorer, réguler, formater le temps que nous consacrons à dormir, le sommeil a longtemps été ignoré par l’histoire, la médecine, la politique. Contrairement à l’activité physique, à l’alimentation ou encore à la sexualité, il semblerait que ce qui est ici perçu comme une non-action, un temps de pause, un temps non productif ne constitue pas un enjeu majeur. Or à en croire les études scientifiques, de plus en plus nombreuses sur le sujet, notre temps de sommeil réel aurait drastiquement chuté depuis 40 ans alors que nos besoins physiologiques restent les mêmes. Les dommages collatéraux sont variés et aujourd’hui connus. Entre autres réjouissances, on compte la dépression, le stress, la prise de poids, le diabète, les troubles cardio-vasculaires, de l’attention, l’hypertension, les cancers hormono-dépendants ou encore la baisse des défenses immunitaires.

"L’altération du sommeil : un abîme pour la sécurité sociale, une manne pour l’industrie des somnifères"

À la faveur de récentes études lancées lors du premier confinement, et à quelques jours de la Journée Nationale du Sommeil, le sujet émerge et questionne. Au-delà des enjeux de santé publique, notre sommeil ou plus exactement nos problèmes de sommeil, font converger l’intime, le politique et l’économique. Pourquoi dormons-nous moins, à qui profite le crime ? Et comment retrouver la maîtrise de nos nuits ?

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Invité : Nicolas Goarant. Il est collaborateur d’élus locaux et de parlementaires. Il contribue également aux travaux et études menés par la Fondation Jean Jaurès. A ce titre, il est l’auteur de plusieurs articles de réflexion sur le sommeil. Il a publié en 2020 aux Editions de l’Aube, un essai intitulé Le Sommeil Malmené, comment retrouver le goût de la nuit.

Journée du sommeil / fatigue / le 18 mars 2022

"Le sommeil est paradoxal. Il est à la fois perçu comme un moment perdu, (...), et en réalité bien des erreurs sont réalisés parce qu'on est fatigué. C'est quand on a perdu le sommeil qu'on s'aperçoit combien il est important. L'hygiène du sommeil est le nouveau marronnier des magazines (...). Alors comment on fait pour retrouver son sommeil ? C'est finalement assez simple. C'est des horaires réguliers, c'est éviter la caféine et l'alcool, c'est faire un peu d'exercice physique, c'est d'éviter les écrans (...). Le sommeil qui paraît être fait d'un seul cycle de 8h en réalité est une matière vivante. On ne dort pas de la même façon au 18e siècle qu'aujourd'hui. Encore aujourd'hui, le sommeil se modifie. (...)."

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