"On passe notre vie d'écrivain à creuser nos zones d'ombre pour chercher la lumière" : Olivier Bal publie un nouveau polar, "La Meute "

L'écrivain Olivier Bal publie un nouveau thriller, "La Meute" - BRUNO LEVY / XO EDITIONS
L'écrivain Olivier Bal publie un nouveau thriller, "La Meute" - BRUNO LEVY / XO EDITIONS
L'écrivain Olivier Bal publie un nouveau thriller, "La Meute" - BRUNO LEVY / XO EDITIONS
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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 6 mai 2024 : l’écrivain Olivier Bal. Il publie son nouveau thriller, "La Meute", chez XO Éditions.

Olivier Bal est écrivain et l'une des plus grandes révélations du monde du thriller. D'abord journaliste, il a rapidement dévié vers le documentaire, les voyages, la culture, les jeux vidéo et enfin l'écriture. Les limbes, son premier roman est rapidement devenu un livre à succès, une autoédition qui a su convaincre les lecteurs avant une maison d’édition, ce qui est rarissime. Aujourd'hui, il publie La Meute chez XO Éditions.

Au centre de ce thriller, il y a l'Ange noir qui est sanglant. Il tue avec un mode opératoire qui est vraiment très bien rodé. D'un côté, nous avons donc Sofia qui travaille à la cellule antiterroriste et tente de stopper cet assassin qui s'en prend à des notables. De l'autre, nous avons Gabriel qui enquête sur l'assassinat à Paris de réfugiés mutilés. Tout est lié à une famille et à une meute composée de loups aux dents bien acérées.

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franceinfo : À travers ces histoires donc, dans l'histoire, vous vous attaquez à la montée des extrêmes, aux groupuscules identitaires. Il fallait quand même réellement oser.

Olivier Bal : C'est un sujet qui me tourne autour depuis quelques années. Dans mon écriture, j'ai toujours essayé de m'éloigner de la réalité, de raconter notre époque, mais par des biais un peu divers, par la fiction pure. Mais ce sujet, la montée des extrêmes, m'interpelle depuis quelques années. Donc je me suis dit : il faut se lancer, il faut raconter cette histoire que tu portes en toi depuis toutes ces années.

"Je n'ai pas la prétention de faire un essai, je raconte des histoires, mais j'espérais qu'avec ce récit, j'allais peut-être aussi interroger les lectrices et lecteurs comme moi je m'interroge sur cette montée, cette menace de l'ultradroite en France et en Europe."

Vous parlez des élus et c'est ce qui est vraiment au centre de cet ouvrage. Certaines personnes ont le sentiment d'être des élus et donc d'avoir un sentiment d'impunité, de règne total, de domination. C'est dramatique parce qu'on se rend compte à quel point la société, justement, subit ce genre de comportements plutôt que de les combattre.

C'est presque un endoctrinement sectaire. J'avais déjà travaillé sur le sujet des sectes dans un précédent livre et j'ai retrouvé des vraies similitudes entre l'endoctrinement ici de ces groupuscules et celui des sectes. Ce sont souvent des jeunes qui sont un peu perdus, en quête de repères, comme beaucoup de gens le sont dans nos sociétés modernes. Et en donnant cette sensation de vivre au-delà de ce que l'on est, ceux qui tirent les ficelles de ces réseaux vont pouvoir faire faire ce qu'ils veulent à ces jeunes.

J'ai l'impression qu'il y a chez vous, une dynamique de chevaliers des temps modernes.

Oui, tout à fait. En fait, ce qui m'interpelle aussi, c'est d'essayer de montrer que ces mouvements ont souvent le même imaginaire politico-religieux. C'est un peu prétentieux ce que je dis là, mais c'est que souvent dans l'imagerie, ils développent une théorie.

Il y a souvent cette imagerie très médiévale. Les croisés, les chevaliers, le sens de l'honneur, le code de l'honneur qui les rassemblent et qui les fédèrent. Ce qui est intéressant, c'est peut-être de montrer qu'on est dans une époque ou plutôt que d'aller de l'avant, on revient en arrière. On n'est pas si loin finalement de choses qu'on a pu voir, même en Syrie, à l'extrême opposé, qu'on soit à Raqqa ou à Alep, je trouve qu'il y a des similitudes entre toutes ces croyances et tous ces extrêmes.

Vous dites d'ailleurs à un moment donné, par le biais d'un personnage, "l'humanité est morte".

Ça, c'est le travers des auteurs de polars et thrillers. Je pense qu'on a une forme de noirceur en nous. Je pense qu'on passe notre vie d'écrivain à aller puiser dans les ténèbres, à aller creuser nos zones d'ombre pour chercher la lumière. J'ai peut-être un fond un peu pessimiste. Je crois en l'homme. J'ai peur de ce que peut faire l'humanité, mais je crois fondamentalement en la capacité de l'homme à s'accomplir, à être meilleur. Donc je suis un peu idéaliste quand même, même si je suis quand même pessimiste.

Qu'est-ce qui a fait que vous ayez eu envie de vous mettre à écrire ? Parce qu'à la base, il y avait effectivement cette envie de raconter des histoires. Ça a toujours fait partie de vous puisqu'on ne devient pas journaliste, si on n'a pas envie de raconter une réalité.

"Je crois que l'envie de raconter des histoires a toujours été ancrée en moi, depuis que je suis tout enfant."

J'ai mis du temps à me trouver dans l'écriture. J'ai tourné autour du roman qui était pour moi comme un Everest un peu infranchissable. Écrire un livre me faisait peur. J'adorais lire, mais pour moi, c'était trop gros, c'était trop grand. Et puis finalement, doucement, en prenant peut-être confiance, en écrivant des choses qui sont certainement aujourd'hui lisibles, mes premiers scénarios, ma pièce de théâtre, un documentaire, je me suis acclimaté à la narration. Et finalement, cette envie est plus grande que moi, me dépasse et donc c'est ma passion, elle m'habite et donc à un moment, il a fallu me jeter dans le bain. Ces personnages frappaient à ma porte, me murmuraient à l'oreille et il a fallu les écouter un moment.

On n'a pas parlé de la liberté. J'ai l'impression que c'est le fil d'Ariane de cet ouvrage. Ce besoin d'aller recouvrer notre liberté, de se battre pour la retrouver, de ne plus être manipulé, de ne plus subir l'endoctrinement.

C'est ça. C'est vraiment le sujet qui me fascine à travers mes livres. Va peut-être falloir que je change de thématique, ça va finir par se voir que je raconte tout le temps la même chose ! Mais c'est en effet le poids du collectif par rapport à celui de l'individu. Est-ce que le libre arbitre existe ? Peut-on prendre nous-mêmes nos décisions ? Peut-on exister en soi au-delà de la société, au-delà même du cercle familial qui parfois peut être étouffant et qui peut dévorer ? Sommes-nous libres de nos choix ? Est-ce que la société qui nous entoure, les médias parfois, ce poids aussi des réseaux sociaux, qui nous enferme, qui nous étouffe, nous fait vraiment prendre la pleine mesure de ce que l'on vit et tout ça. Je n'ai pas vraiment la réponse. Je pose la question, c'est déjà pas mal.

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