Il y a deux semaines, une tribune épinglait la saison 2024/2025 de l'Opéra de Paris, qui ne comporte notamment aucune metteuse en scène. Mais si l'on prend un peu de recul, il y a tout de même du mieux, à Paris comme ailleurs.
L'Opéra a-t-il un problème quand il s'agit de programmer des femmes ? Il y a deux semaines, une tribune publiée dans le quotidien Libération épinglait l'Opéra de Paris : "Aucune metteuse en scène, aucune compositrice, aucune librettiste" dans la saison 2024/2025 de l'institution, présentée au mois de mars. La tribune avait été signée par 260 professionnels du secteur de la culture. France Musique s'est donc penché sur la parité au sein des saisons 2024/2025, celles qui ont déjà été dévoilées. Quid de la présence des femmes ? Y-a-il du mieux ?
Pas évident d'atteindre la parité lorsque l'on est un théâtre de répertoire. C'est ce qu'avance l'Opéra de Paris, qui rappelle que ses saisons comportent deux tiers de reprises et que les femmes ont été historiquement sous-représentées. Cela explique, en partie, le faible nombre de chorégraphes, de librettistes femmes et de compositrices. Mais cela n'explique pas la faible proportion de femmes chefs d'orchestre, ou encore de metteuses en scène.
Une (lente) amélioration
De ce côté, l'Opéra de Paris invite à comparer non les années, mais des groupes d'années. Concrètement : 2015/2019 et 2021/2025, car la planification d'une programmation se fait sur le long terme. Et entre ces deux périodes, l'évolution est plus perceptible : six fois plus de productions confiées à des femmes cheffes d'orchestre, cinq fois plus à des metteuses en scène. Au total, le nombre de femmes cheffes, metteuses en scènes et chorégraphes est passé de 15 entre 2015 et 2019 à 44 entre 2021 et 2025. La saison 2024/2025 s'inscrit donc dans une tendance globale d'une meilleure représentation des femmes, même si, comme le souligne très justement la tribune publiée dans Libération, elle marque un recul l'an prochain.
Mais l'Opéra de Paris se projette déjà sur la saison 2025/2026 avec, selon nos informations, une saison qui sera plus féminisée. La moitié des productions lyriques, soit trois sur six, seront mises en scène par des femmes. Il y a aura également deux reprises de productions récentes, signées par des metteuses en scène. Et une compositrice, nous dit-on, parmi ces productions.
Davantage de metteuses en scène
Qu'en est-il ailleurs en France ? Tous les Opéras n'ont pas encore dévoilé leur saison 2024/2025. Mais sur celles que l'on connaît déjà, c'est assez disparate. À Nice, 0 metteuses en scène, 0 chorégraphes femmes, 0 compositrices, 3 femmes sur 11 chefs d'orchestre. D'ailleurs, sur ce dernier point, les femmes cheffes sont sous-représentées partout avec les mêmes noms qui reviennent souvent, comme Chloé Dufresne.
C'est du côté des mises en scène qu'un progrès est perceptible. À l'Opéra de Marseille, quatre spectacles sur dix seront scénographiés par une femme. À Toulouse, la quasi-parité, aussi, avec trois metteuses en scène sur huit. "Comment dire. Pour moi, c'est d'une telle évidence, notamment les metteuses en scène, car il y en a un grand nombre", souligne Christophe Ghristi, le directeur artistique de l'Opéra du Capitole : "Et les profils sont extrêmement différents. La saison prochaine au Capitole, il y a une légende du théâtre français, Anne Delbé, qui met en scène Norma. Il y a aussi une jeune metteuse en scène, qui a une expérience extraordinaire dans toutes les grandes maisons du monde : Marie Lambert-Le Bihan, qui signera la création de Bruno Mantovani."
"On ne programme pas par quotas"
Et la parité est même atteinte à Strasbourg. Cinq metteurs en scène et cinq metteuses en scène, pour la saison 2024/2025, qui vient d'être présentée. Alain Perroux, le directeur de l'Opéra du Rhin, dit être attentif à la question : "Après, je ne me fixe pas des quotas, parce que l'on ne programme pas par quotas, je le dis très clairement. Mais il se trouve que pour la saison 2022-2023, sans même l'avoir vraiment calculé, nous avions une majorité de metteuses en scène. Et la saison prochaine, nous avons une parité absolue. Mais ce n'est pas le cas toutes les saisons."
Enfin, nous pouvons conclure en notant qu'il n'y a que deux directrices d'opéra en France : Valérie Chevalier à Montpellier et Caroline Sonrier à Lille, remplacée l'année prochaine par Barbara Eckle. Plus de femmes à l'Opéra, cela passe sans doute par davantage de femmes aux postes de décision.
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