Les Pays-Bas traversent une crise politique inédite depuis la percée du PVV, parti populiste d’extrême-droite, aux élections législatives en novembre dernier. Depuis, quatre partis tentent de se mettre d'accord. À quelles conditions une coalition peut-elle aboutir ?
- Christophe de Voogd Historien affilié à Sciences Po, président du Conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation pour l’innovation politique
- Caroline de Gruyter Journaliste néerlandaise, membre du think tank European Council on Foreign Relations
Six mois après les élections législatives qui ont vu le parti populiste et/ou d’extrême-des PVV et son leader Geert Wilders, déjà vieux routier de la vie parlementaire néerlandaise, arrivée pour la première fois en tête des votes avec 23 % des voix et 37 sièges sur 150, la coalition gouvernementale n’a toujours pas été formée.
Il faut dire que l’échec des partis traditionnels et la montée des formations "hors-système" perturbe un système bicaméral élu à la proportionnelle intégrale et élisant pour quatre ans d’une deuxième chambre qui est le cœur de la démocratie néerlandaise.
Mais malgré sa victoire, Geert Wilders n’est pas parvenu encore à convaincre d’autres formations de droite ou populistes à se joindre au PVV pour gouverner, même en étant minoritaires, les Pays-Bas.
Aux Pays-Bas, quelle future coalition envisager ?
Pour Christophe de Voogd les coalitions sont « le kit de base de la vie politique néerlandaise ». Il explique : « En effet, comme nous avons une proportionnelle intégrale, par définition, nous avons une coalition ainsi que de longs mois de négociations. La précédente coalition, alors qu'elle avait reconduit les mêmes partis, a mis près d'un an à se former. Mais ce qui est inédit actuellement c’est que le parti populiste, le PVV, est arrivé en tête et que bien évidemment cette coalition ne sera pas comme les autres ».
Caroline de Gruyter poursuit : « Après avoir gagné les élections le PVV mené par Geert Wilders s'est comporté un peu différemment parce qu'il a bien compris qu'il devait gouverner dans une grande coalition, parce qu'avec 25% on ne peut pas gouverner. Il a donc modéré ses positions notamment sur la fermeture des frontières. Sur ce point, le parti a d’ailleurs changé de position en rejoignant celle de Viktor Orbàn en Hongrie, en soulignant qu’il était possible de changer la politique migratoire à Bruxelles, ce qui montre une volonté nouvelle d’entrer dans la politique européenne ».
Christophe de Voodg rebondit : « Geert Wilders a compris que le chemin du pouvoir passait par un programme social et par une modération sur le discours sur l'islam. Cependant, en matière d’immigration je pense qu’il y aura un accord pour la coalition uniquement s’il y a une restriction très forte de l'immigration et surtout de la question du droit d'asile ».
Caroline de Gruyter revient sur la difficile émergence d’une coalition de gauche : « Il ne faut pas oublier que la gauche qui est une liste combinée des sociaux-démocrates, gérée par Frans Timmermans, l'ancien commissaire européen du Green Deal, avec les Verts, a fini deuxième. Toutefois, il sera je pense difficile de de former un gouvernement centre-gauche parce que M. Timmermans est vu aux Pays-Bas comme celui de Bruxelles, et ceux de Bruxelles ne sont jamais très populaires ».
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