Philosophie : qu'est-ce que le travail ?

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Philosophie : qu'est-ce que le travail ?

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Qu'est-ce que le travail ?
Qu'est-ce que le travail ?
© Getty - akinbostanci

Quand on vous dit travail, vous lui opposez peut-être le repos ou le jeu… Comment dépasser cette alternative ? De la soumission première de l'être humain au travail à la réévaluation moderne de son statut, révisez cette notion philosophique grâce à la sélection d'émissions suivante.

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Qu'on se plaise ou non à exercer notre métier, qu'on aime ou non s'activer à diverses affaires, le travail apparaît, dans son essence, comme une contrainte. Pour la simple et bonne raison qu'on ne s'y soumet pas toujours volontiers, mais qu'on y a d'abord été poussé par la nécessité. L'étymologie latine du terme, tripalium, atteste de la pénibilité et de la servitude qu'on lui associe. Le mot désigne en effet un appareil à trois pieds destiné à maintenir fermement attachés les chevaux pendant qu'on les ferrait, et a par la suite servi à attacher les hommes qu'on torturait… Bref, comme un souvenir lointain de cette origine, on a tendance, avec Kant, à opposer le travail au jeu, la souffrance au plaisir.

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Avec la révolution industrielle, le développement de techniques qui permettent de réduire la pénibilité du travail dans certains corps de métier, s'opère une revalorisation du travail. En plus de subvenir aux besoins vitaux, voilà qu'il permet l'accumulation de richesse et ouvre à de nouvelles formes de socialisation, comme le souligne notamment Hegel… Mais l'appétit productiviste et l'exigence de rentabilité du système économique capitaliste brisent cette dimension libératrice du travail. Marx met ainsi à jour sa dimension aliénante : le travailleur vend ses mains contre un salaire… lequel ne rémunère qu'une partie de la richesse qu'il produit. Aliénant jusque dans nos temps de repos, considérés comme "improductifs", bons qu'à la récupération de la force de travail.

Le travail peut aussi contribuer à la réalisation de soi. Aujourd'hui, alors qu'il occupe une place toujours plus importante dans nos vies, se pose la question du sens qu'on lui donne. Le travail peut-il être désintéressé ? Comment fixer un juste prix aux emplois, entre ceux qui sont reconnus d'utilité publique et ceux qui produisent de la richesse ? Pourrait-on imaginer l'instauration d'un revenu universel ? Une sélection d'émissions pour aborder les grandes problématiques de la notion de travail en philosophie. 👇

Peut-on échapper au travail ?

Mener une vie de loisirs, sans labeur… Ça vous fait rêver ? "Choisis un métier qui te plaît, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie", rétorque Confucius. Peut-on trouver notre bonheur dans le travail ? Quoiqu’en pense le penseur chinois, aimer son travail n'empêche pas que l'on veuille parfois s'y soustraire. Qu'il s'agisse d'une vocation ou d'un "métier passion", nous sommes contraints à travailler pour subvenir aux nécessités vitales ou même satisfaire son goût du luxe. Pourtant, il semble qu'on puisse aussi s'y accomplir dans le travail, qu'il devienne autre chose que du travail… ( Les Chemins de la philosophie, 49 min)

Les Chemins de la philosophie
49 min

Le travail, c'est la santé…

"Chasser le matin, pêcher l’après-midi, m’occuper d’élevage le soir et m’adonner à la critique après le repas, selon mon envie, sans jamais devenir chasseur, pêcheur, berger ou critique". Voilà le programme que livrent Karl Marx et Friedrich Engels dans L'Idéologie allemande (1845). Travailler pour le plaisir, est-ce ce dont Marx rêvait pour la société ? Ne serait-ce pas plutôt le rêve d'une société épuisée par l'activité ? Fatigue, burn out, journées sans fin… Dans ce texte du Capital, le philosophe décrit comme le travail vend sa force de travail contre un salaire. ( Les Chemins de la philosophie, 59 min)

Les Chemins de la philosophie
59 min

A l'usine avec Simone Weil : le travail empêche-t-il de penser ?

"Simone Weil n'a jamais accepté le moindre écart entre la pensée et l'action", résumait l'ancien porte-parole de la France Libre Maurice Schumann sur France Culture. Pour penser le travail, la philosophe, née dans un milieu bourgeois, intègre une usine en tant qu'ouvrière en 1934, l'année où elle publie ses Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale. Impossible de prêcher la révolution du haut des livres, il faut l'éprouver corps et âme ! L'intellectuelle expérimente alors ce qu'elle décrit comme une condition de "bête de somme résignée", asservie par la cadence machinale. Peut-on concilier besoins de production et épanouissement au travail ? ( Les Chemins de la philosophie, 59 min)

Les Chemins de la philosophie
59 min

La division du travail est-elle une bonne chose ?

Dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), philosophe et économiste Adam Smith avait fait de la division du travail la source du progrès. En répartissant les tâches nécessaires à la fabrication d'un bien (vingt ouvriers pour les vingt opérations nécessaires à la fabrication d'une épingle par exemple), la productivité se voit augmentée. Mais l'expérience du taylorisme, du travail à la chaîne, a aussi révélé les failles de cette vision optimiste de cette organisation scientifique du travail. ( Le Pourquoi du comment : économie et social, 4 min)

Le Pourquoi du comment : économie et social
4 min

C'est quoi, la valeur du travail ?

De Thomas d'Aquin aux marginalistes, en passant par Adam Smith, la question d’un salaire juste qui récompenserait à sa juste valeur nos activités, est centrale dans la pensée économique, mais se traduit aussi en combat au sein du marché du travail. Comment expliquer les grands écarts de salaires ? La valeur d'un emploi dépend-elle de l'utilité sociale du travailleur ou de son apport à l'économie ? ( Entendez-vous l'éco, 58 min)

À réécouter : La valeur du travail
Entendez-vous l'éco ?
58 min

Les technologies libèrent-elles l'homme du travail ?

Quel impact le progrès technique a-t-il sur nos façons de travailler ? Si l'homme a développé des machines, c'est d'abord comme une forme de ruse (c'est le sens de son étymologie grecque, "mêchanê") contre la nature. Forme améliorée de l'outil, la machine le supplie dans ses tâches et, au fil du temps, le libère de ses travaux les plus pénibles. Dans quelle mesure a-t-elle fondamentalement changé le travailleur ? Qu'en est-il, aujourd'hui, à l'heure du développement de l'intelligence artificielle ? ( Entendez-vous l'éco, 58 min)

À réécouter : Rage against the machine
Entendez-vous l'éco ?
58 min

Travailler, c'est déjà consommer

C'est par le travail que l'humain s'approprie les choses naturelles et peut prétendre à son usage exclusif, nous dit le philosophe John Locke dans son Second Traité du gouvernement civil (1689) ㅡ pour mieux comprendre le lien qu'il fait entre propriété et travail, vous pouvez écouter cette émission. Par extension, dans nos sociétés de consommation, le travailleur est presque devenu un consommateur. C'est ce qu'explique Hannah Arendt dans Condition de l’homme moderne (1958). "Quoi que nous fassions, nous sommes censés le faire pour 'gagner notre vie', écrit la philosophe. L’émancipation du travail n’a pas abouti à son égalité avec les autres activités de la vita activa, mais à sa prédominance à peu près incontestée. Au point de vue du 'gagne pain', toute activité qui n’est pas liée au travail devient un 'passe-temps'". ( Les Chemins de la philosophie, 58 min)

Les Chemins de la philosophie
58 min

Le travail : nécessité ou libération ?

Maintenant dissertons ! Une professeure de philosophie nous propose une correction, préparée en une heure, du sujet suivant : "Est-il nécessaire de travailler ?". On peut aborder ce sujet en partant de notre expérience personnelle : parfois vécu comme pénible, on aimerait se débarrasser du travail et se délasser dans les loisirs. Mais le travail apparaît tout même bien nécessaire : pour acquérir des connaissances et des compétences à l’école, pour obtenir un salaire qui nous permet de subvenir à nos besoins… voire pour s’épanouir ? La question nous oppose ce problème initial : rien ne s’obtient sans travail, il faudrait donc renoncer à l’idéal d’une vie oisive. Pourtant, même si l'on reconnaît la nécessité du travail, celui-ci peut devenir aliénant, déshumanisant. Pour surmonter ce problème, il faudrait alors "repenser la nécessité du travail non pas comme une seule contrainte, propose la philosophe, mais comme une obligation qu’on se donne à soi-même pour montrer que, peut-être, le travail peut même être un luxe…". ( Les Chemins de la philosophie, 58 min)

Le Journal de la philo
5 min

Et pour aller plus loin :

Quand Giuseppe Rensi défendait le droit au non-travail

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