Phoebe Hadjimarkos Clarke : "Cette inquiétude qui me paraît émerger un peu partout, j'avais envie de la dire" : épisode /10 du podcast Livre Inter 2024 : les auteurs ont la parole

Phoebe Hadjimarkos Clarke - Bénédicte_Roscot
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Phœbe Hadjimarkos Clarke a fait une rentrée remarquée dans la littérature, option "science-fiction queer" avec Tabor. L'étrangeté reste sa marque de fabrique avec ce second roman.

Avec
  • Phoebe Hadjimarkos-Clarke écrivaine

"Les chiens ? C’est que Fauvel n’en a jamais raffolé. Ils ne lui déplaisent pas, c’est juste qu’elle ne ressent pas l’affection débordante que certains leur témoignent, ni même de connivence – pas spécialement, en tout cas. Les raisons à cela n’ont rien d’exceptionnel : elle trouve les chiens empressés, trop serviles, et puis ils donnent l’impression de manquer de finesse ou d’élégance, avec leurs grosses pattes poilues et l’odeur que l’on sait." - Aliène

Fauvel a perdu un œil, souvenir d'un tir de LBD pendant le mouvement des gilets jaunes. Anna, le chien qu'elle garde. Un zeste de SF à deux pas du réel pour l'éclairer, et notamment les rapports de domination multiples. Il y a la boue, il y a le sang, il y a des carcasses d'animaux. Mais ce qui prend à la gorge, c'est ce fumet qui contamine le livre. La peur. Peur d'être mutilée. Peur de l'autre. Peur qui voisine avec la rage.

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C'est un air de l'époque que saisit Phoebe Hadjimarkos Clarke. 
"Je crois que c'est un moment qui est déterminé, peut-être par la peur pour un grand nombre de personnes, en effet. En-tout-cas spécifiquement pour ce personnage-là. En premier lieu par la répression policière, la répression politique dont ce personnage est victime et dont sont victimes un grand nombre de personnes aujourd'hui dans ce pays, mais aussi, plus largement, des inquiétudes climatiques, environnementales, politiques. Cette inquiétude-là, qui me paraît émerger un petit peu partout, j'avais envie de la dire, et peut-être d'en tirer une conclusion éventuellement plus émancipatrice, plus libératrice. Qu'est-ce qu'on fait de cette peur ? Comment est-ce qu'on s'en sert ?"

Lorsqu'elle écrit ce livre, l'auteure est consciente qu'elle est en train de montrer les germes d'une explosion que tout le monde ne voit pas.
"En-tout-cas, c'est quelque chose que j'ai moi-même perçu ou ressenti à titre personnel, mais aussi en discutant avec d'autres personnes qui subissent cette peur elles aussi, et qui en font un motif de lutte, de colère. He oui, peut-être qu'on peut imaginer une explosion à terme."

27 min

Franco-américaine Phœbe Hadjimarkos Clarke est traductrice de profession.
Elle fait une rentrée remarquée dans la littérature, option "science-fiction queer" avec Tabor (Le Sabot, 2021).
L'étrangeté reste sa marque de fabrique avec ce second roman, Aliène (Éditions du Sous-Sol, 2024). La confrontation déroutante entre une chienne mutante et une femme déphasée dans un décor rural menaçant.

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