Les PFAS, ou "polluants éternels", sont des substances chimiques qui se décomposent très lentement. Présents dans l'air, les sols et les eaux, plusieurs études montrent une augmentation de leur présence dans l'environnement, suscitant de nombreuses inquiétudes. Comment gérer ces polluants ?
- Pierre Labadie Chimiste de l’environnement, , directeur de recherche à l’unité mixte de recherche du CNRS et de l’Université de Bordeaux "EPOC"
- Pauline Cervan Docteure en pharmacie et toxicologue engagée en santé environnementale chez Générations Futures
- Pierre Athanaze Vice-Président en charge de l’environnement à la métropole de Lyon
L’acronyme -PFAS- résume une large famille de composés chimiques aux propriétés très diverses, issus, depuis les années 1950, de l’industrie et contenant tous des liaisons carbone-fluor qui se dégradent très peu après leur utilisation ou rejet dans l’environnement.
Cette persistance justifie en partie leur surnom de polluants éternels.
Pour autant, ces milliers de composés chimiques n’ont pas la même dangerosité, ni les mêmes conséquences sur le territoire.
C’est ainsi qu’après des contrôles menés par l’Agence régionale de santé qui avaient montré des taux de PFAS supérieurs aux taux autorisés en Europe dans l’eau du robinet, la métropole de Lyon a saisi hier la justice pour tenter de faire appliquer le principe pollueur-payeur aux industriels Arkema et Daikin installés en aval de Lyon.
Par ailleurs, dans un rapport parlementaire commandé par la Première ministre Elisabeth Borne, le député MoDem Cyrille Isaac-Sibille a établi, qu’au minimum, les PFAS étaient un sujet de santé publique préoccupant.
Enfin, dans une dizaine de jours, à l’occasion d’une niche parlementaire, une proposition de loi du député écologiste Nicolas Thierry débattra des risques pour la population des PFAS.
Que sait-on des dangers des PFAS dans l’eau, l’alimentation et dans l’air ?
Les PFAS, quels enjeux ?
Pierre Labadie : « Dans la sphère médiatique on qualifie souvent les PFAS de polluants éternels. C'est un petit peu abusif, dans le sens où on a seulement quelques dizaines de composés au sein de la famille qui sont vraiment éternels, dans le sens où il n'existe pas de mécanisme de dégradation de ces composés dans l'environnement. Pour les autres, ce qui peut se passer, c'est qu'on peut avoir des processus de transformation, donc on pourrait s'en réjouir. Mais on sait que les produits finaux de transformation sont des PFAS éternels. Et il y a un certain nombre de scientifiques qui considèrent qu'on devrait en fait limiter drastiquement, voire interdire l'usage des PFAS sur la seule base de la persistance, et sur le fait que cette persistance engendre une accumulation dans notre environnement. C'est déjà un problème d'actualité, et c'est un leg pour les générations futures ».
Pauline Cervan, revient sur les effets des PFAS sur la santé humaine : « Les effets sont extrêmement vastes. Les PFAS, c'est des composés qui ont la particularité de pouvoir s'attaquer à plusieurs organes et d'avoir des effets néfastes sur plusieurs organes. Donc on a des effets très variés qui s'étendent dans des troubles du métabolisme, notamment des lipides avec une augmentation des taux de cholestérol, donc avec des risques cardiovasculaires augmentés. Également, ils ont des impacts sur la capacité de reproduction, avec une diminution de la fertilité.Il y en a certains qui sont cancérigènes, et le plus connu, le PFOA, vient d'être classé cancérigène avéré par l'Agence internationale de recherche contre le cancer ».
Pierre Athanaze évoque les différentes façons d’être contaminé par ces substances chimiques : « Les perfluorés sont utilisés dans énormément de produits différents, que ce soit des mousses pour les incendies, pour des poêles antiadhésives, des vêtements imperméables, cosmétiques, etc. Donc il y a effectivement plusieurs façons d'être contaminé au PFAS ». Il poursuit, sur la nécessité de responsabiliser les industriels : « Quand on a des taux comme on a dans des produits qu'on consomme en aussi grande quantité que l'eau, effectivement, identifier la personne qui est responsable de cette pollution est important parce que cela représente des coûts pour les collectivités. Notamment parce qu’elles se doivent de donner une eau de bonne qualité, c'est une obligation réglementaire depuis un petit peu plus d'un an maintenant. C'est quand même assez normal que les industriels à l'origine de ces pollutions-là financent la dépollution ».
Pour aller plus loin :
- À lire, l'article de Stéphane Horel, paru dans le journal Le Monde en 2023 : Révélations sur la contamination massive de l’Europe par les PFAS, ces polluants éternels (lemonde.fr)
- À consulter, le rapport de Cyrille Isaac-Sibille, député MoDem de la 12e circonscription de Lyon : Mission gouvernementale : RAPPORT PFAS - Cyrille ISAAC SIBILLE
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Anouk SevenoStagiaire
- Production déléguée