En 2022, Gérald Darmanin avait semé la panique en annonçant que les grandes manifestations culturelles seraient annulées ou reportées pour assurer la sécurité des Jeux. À quelques semaines de la cérémonie d’ouverture, le tableau est moins sombre mais des inquiétudes demeurent dans le secteur.
À l’exception de Lollapalooza, les plus grands festivals seront maintenus, moyennant quelques aménagements. Mais pour les autres, de moins grande envergure, il reste encore des points d’interrogation. Au cœur des incertitudes : les questions de sécurité dans le double contexte des Jeux Olympiques et du plan Vigipirate renforcé. « Il y a beaucoup de festivals qui ont bougé leur calendrier, qui ont réduit leur format, pour pouvoir être autorisés à exister durant l’édition 2024 et qui, pour certains, attendent encore l’autorisation de la préfecture ou de la municipalité pour pouvoir ouvrir leurs portes », constate Malika Séguineau, directrice générale du syndicat du spectacle vivant privé Ekhoscènes.
Des discussions sont toujours en cours, nous dit-elle, sur le volume de sécurité nécessaire. Sur la facturation aussi des services d’ordre. « À ce jour, j'ai plus de questions que de réponses à vous apporter », résume la directrice générale d'Ekhoscènes, qui déplore un manque d’anticipation : « Ce que nous avions indiqué il y a déjà quelques mois voire une année, c’est un besoin de visibilité. On ne sort pas des festivals de terre quelques jours avant. »
Augmentation globale des prix
Une situation inconfortable pour le secteur qui fait face, aussi, à une augmentation globale des prix. Les factures s’alourdissent pour la main d’œuvre, le matériel, les prestataires etc., également sollicités par les Jeux Olympiques. C’est ce que constate notamment Nathalie Rappaport, directrice du Festival de musique classique de Saint-Denis. « On a quand même dû augmenter de 5% le montant des cachets du personnel technique. Pour le matériel, c'est sans doute plus proche des 10%. Pour l'hébergement, c'est aussi proche des 10%. Donc, comme on a des budgets qui sont très serrés, conçus quasiment à la centaine d'euros près, c'est compliqué. »
Plus de dépenses et moins de recettes puisque les mécènes et les partenaires privés sont eux aussi sollicités dans le cadre des JO. Coup dur pour un secteur déjà fragilisé depuis plusieurs années. « Beaucoup de festivals ont fini l'année 2023 avec un déficit assez important : sur 80 festivals de la fédération, le déficit cumulé était de 1,5 million et on s'attend à des montants identiques voire plus importants pour l'année 2024 », explique Maria-Carmela Mini, présidente de France Festivals.
« On partait de très loin »
Malgré tout, la fédération ne veut pas voir le verre à moitié vide pour cette édition 2024 : « Je ne veux pas avoir qu'un discours négatif sur les Jeux Olympiques parce que je crois que c'est un événement que beaucoup de personnes attendent. On peut aussi se réjouir que la culture ait une place importante au sein des JO. Et même si on n'a pas toujours été écoutés, on a vraiment travaillé avec les services du ministère de la Culture à essayer de trouver des solutions à chaque fois que se posaient des problèmes. On partait de très loin puisqu'il était question d’annuler les festivals dans leur globalité. Aujourd’hui, on arrive à les maintenir et la question va surtout se poser sur leur équilibre financier. »
Pour l’heure, certains festivals ont déjà annulé leur édition comme la Magnifique Society à Reims ou le Montjoux festival de Thonon-les-Bains. Au festival de piano de La Roque d’Anthéron, il n’y aura pas de concert le jour de la cérémonie d’ouverture. Quant à savoir si le public sera au rendez-vous cette année, il est encore trop tôt pour le dire. Bilan à la rentrée prochaine.