Réforme de l'assurance chômage : Sophie Binet dénonce "un acharnement contre les chômeurs"

Sophie Binet sur France Inter ©Radio France - France Inter
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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, fustige le nouveau tour de vis des règles d'indemnisation de l'assurance-chômage, annoncé par le gouvernement. Une réforme qu'elle juge "criminelle". Elle également revenue sur son opposition à la fusion de l'audiovisuel public.

"Le chômage tue". Voilà ce qu'a voulu dénoncer sur France Inter, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet au sujet de la réforme de l'assurance chômage. Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé il y a une semaine un nouveau tour de vis des règles d'indemnisation. Le gouvernement va prendre un décret le 1er juillet pour que la réforme "puisse entrer en vigueur le 1er décembre", avait-il précisé, suscitant une levée de boucliers chez les syndicats, à gauche et au RN.

"Le chômage tue"

Sophie Binet dénonce "une réforme criminelle" et "un acharnement contre les chômeurs""Cette réforme ne créera aucun emploi", selon elle. "En France six millions de personnes sont privées d'emploi. Etre privé d'emploi c'est la première violence sociale", affirme la secrétaire générale de la CGT. Elle dénonce les conséquences sur la santé, "le chômage tue", dit-elle en citant un rapport du CESE qui évalue "la mortalité liée au chômage à 14.000 décès".

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"130 usines sont en train de fermer"

Elle dénonce également la politique d'Emmanuel Macron en matière d'emplois. "Le chômage a moins baissé que dans les autres pays européens", selon elle. "Il y a des dizaines de milliers de licenciements en France qui se font sans bruit, en dehors de tout débat public", selon Sophie Binet. "Il y a 130 usines qui sont en train de fermer avec au minimum 70.000 emplois concernés", assure-t-elle, carte à l'appui. La CGT dénonce "le silence complet" de l'Etat. "Le gouvernement essaie de les cacher derrière les dorures du château de Versailles", juge-t-elle. Sophie Binet dénonce "des investissements sans emplois" en France.

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Primes JO : "On doit être exemplaire d'un point de vue social"

La secrétaire générale de la CGT justifie aussi les préavis de grèves déposés par plusieurs syndicats pendant les Jeux Olympiques et dénonce les inégalités de traitements. "On doit être exemplaire d'un point de vue social", lance Sophie Binet. Selon elle, "dans les métiers de la sécurité il y a de très nombreuses entreprises dans lesquelles il n'y a pas de primes prévues pour les salariés alors qu'ils vont être mis à rude épreuve pendant l'été." "Si les problèmes que nous posons ne sont pas résolus, je ne vais pas interdire aux travailleurs et aux travailleuses de faire grève", confirme-t-elle.

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La CGT appelle à "barrer la route à l'extrême droite"

"La CGT n'appelle pas à voter pour un candidat ou pour un autre" aux élections européennes mais "à barrer la route à l'extrême droite parce que nous considérons qu'il n'y a pas pire danger pour les travailleuses et les travailleurs", explique Sophie Binet. Alors que le Rassemblement national est très haut dans les sondages sur les intentions de vote pour le scrutin du 9 juin, Sophie Binet "tire trois leçons".

La première, "c'est que c'est un sacré constat d'échec pour l'Europe de voir que partout l'extrême droite est aux portes du pouvoir" parce que l'Union européenne "a été construite après la guerre pour que plus jamais la guerre se reproduise et que plus jamais les fascistes arrivent au pouvoir". Selon elle, "cela doit interroger sur les politiques néolibérales mises en place et sur cette Europe sociale qui n'a jamais vu le jour et cette Europe du capital qui est bel et bien présente".

La deuxième leçon, "c'est que l'extrême droite est forte parce qu'on lui déroule le tapis rouge et parce que de nombreuses forces politiques reprennent ces idées et la banalise". Sophie Binet vise "notamment Emmanuel Macron et sa loi Asile et immigration".

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Des "forces de gauche trop divisées"

La troisième leçon vise "les forces de gauche qui normalement devraient incarner l'alternative". Elles sont "trop divisées" et "ont été décrédibilisés, notamment par le quinquennat de François Hollande". La secrétaire générale de la CGT assure que le syndicat "n'est dans aucun camp", ni dans celui de La France insoumise, ni dans celui de la liste PS-Place publique menée par Raphaël Glucksmann.

Sophie Binet redit qu'il "est très important d'aller voter le 9 juin prochain parce que ce qui se passe à Strasbourg et à Bruxelles a un impact sur notre quotidien de travail". Par exemple, poursuit-elle, "on s'est battu avec les syndicats européens pour gagner une directive sur les travailleurs des plateformes pour permettre que les livreurs à vélo et une présomption de salariat. On s'est opposé à Emmanuel Macron qui a jusqu'au bout à essayé d'empêcher cette directive".

Fusion de l'audiovisuel public : "Un mystère"

"Pour moi, cette réforme est un mystère", selon Sophie Binet, venue vêtue un t-shirt noir portant l'inscription "Radio France en lutte". Elle s'était rendue au rassemblement contre le projet de fusion de l'audiovisuel public, devant le ministère de la Culture le 23 mai dernier. "Pourquoi veut-on s'engager dans une fusion coûteuse, compliquée d'un point de vue social, alors que ça fonctionne très bien ?" interroge la syndicaliste. "On peut améliorer les synergies mais il n'y a pas besoin de fusionner pour ça", ajoute Sophie Binet.

Cette réforme voulue par le gouvernement "inquiète" la secrétaire générale de la CGT "dans un contexte d'austérité budgétaire, dans un contexte où le financement de l'audiovisuel public a été déstabilisé puisqu'on a mis fin à la redevance" et que "ça n'a pas été remplacé par autre chose". Puis, ajoute Sophie Binet, "on sait dans le privé, c'est qu'à chaque fois qu'on fusionne deux entreprises, c'est pour faire des mutualisations et pour faire des économies budgétaires". Elle affirme que cette fusion, si elle entre en vigueur, entraînera "un gros travail social", puisqu'il faudra revoir les conventions collectives par exemple. La syndicaliste prédit une période de "trois ou quatre ans de désorganisation" et "ça coûte de l'argent". Sophie Binet veut défendre la "pluralité et la richesse de l'audiovisuel public" car "on a besoin que France Culture ne fasse pas la même chose que France 2". Le gouvernement assure que cette réforme ne portera pas atteinte à la pluralité mais elle "n'a pas vraiment confiance".

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"Un audiovisuel public fort pour avoir une information indépendante"

Sophie Binet a signé, avec une cinquantaine d'autres personnalités, la pétition pour dire "oui, au pluralisme et à l'indépendance des médias audiovisuels publics, non à leur fusion !" La secrétaire générale de la CGT "appelle à signer cette pétition parce que c'est un enjeu démocratique". Elle met en garde car "quelques milliardaires ont décidé de transformer les médias français en jeu de Monopoly" et "aussi parce que c'est une stratégie de l'extrême droite de prendre la main sur des médias". Elle prend l'exemple de Vincent Bolloré qui "transforme l'information en opinions et diffuse des fake news à tout va". Une "stratégie qui malheureusement fonctionne, c'est très inquiétant", conclut-elle pour défendre "un audiovisuel public fort pour avoir une information indépendante". Lancée le 29 mai, cette pétition a recueilli près de 32 000 signatures ce dimanche midi.

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