Rabelais, "Rire est le propre de l'homme" : épisode • 3/4 du podcast Le rire en philosophie

Dubout, Maître Janotus de Bragmardo, illustration réalisée pour une édition de 1931 de Gargantua de Rabelais. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group
Dubout, Maître Janotus de Bragmardo, illustration réalisée pour une édition de 1931 de Gargantua de Rabelais. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group
Dubout, Maître Janotus de Bragmardo, illustration réalisée pour une édition de 1931 de Gargantua de Rabelais. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group
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Géants, festins, pets, outrance, hyperboles organiques, et déchaînement de fluides : comment François Rabelais, le confrère humaniste d’Erasme, a-t-il pu produire une œuvre d'une telle démesure, où matérialisme et sensualisme règnent en maître ?

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Au début du XVe siècle, au lendemain d’un âge moyen que l’on qualifie volontiers de sombre et de boueux, les esprits érudits ont la conscience précise et assurée d’un changement essentiel, largement partagé, qui ferait passer de l’ombre à la lumière, et de la barbarie à la civilisation. Pour les humanistes, la foi en l’homme cultivé est totale, Rousseau n’étant pas encore né, et l’essor de l’imprimerie et des institutions scolaires viennent nourrir durablement l’espérance en un épanouissement de l’homme sous le règne de la culture. L’heure n’est pas à la mélancolie - les humanistes s’opposent en tout point aux apologues du « c’était mieux avant »- mais au réveil, au renouveau, à la ressaisie et l’élévation de l’homme par lui-même, dans un mouvement de réforme et de renaissance.

Rabelais est le représentant par excellence de ce moment qu’il juge exceptionnel. Il ingurgite une sommes délirante de connaissances, surtout en théologie et en droit, avant de commencer des études de médecine, et de finalement donner le jour à un petit livre drôlatique, intitulé « Pantagruel Roi des Dipsodes, » publié en 1532 sous le pseudonyme Alcofribas Nasier, ‘Abstracteur de Quinte essence ». A l’époque, Rabelais est déjà suffisamment connu pour que le public le devine sous cet anagramme. C’est le début d’une aventure romanesque délirante, et d’aucun diront de l’aventure romanesque en général. Géants, festins, pets, outrance, hyperboles organiques, et déchaînement de fluides : comment le confrère humaniste d’Erasme a –t-il pu produire une œuvre où matérialisme et sensualisme règnent en maître ? et comment comprendre cette injonction, dès le prologue de Gargantua, non pas à penser, à réfléchir, mais à rire ?

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Pour évoquer Rabelais nous recevons aujourd'hui Jean-Yves Pouilloux.

Jean-Yves Pouilloux
Jean-Yves Pouilloux
© Radio France - G. M-S

Extraits d'archives et musiques diffusés

  • "Repas de famille" B.O. de L'hirondelle et la mésange" de Raymond Allessandrini
  • Kraked unit "Démesures des mesures" B.O. du film Les Poupées russes
  • "Gaillarde" de Pierre Attaignant
  • Sketch de Raymond Devos "Le rire physiologique"
  • Cirque Plume, "Sur la place de Favernay"
  • "Ca me dit de boire" (traditionnel)
  • "Le repas ridicule" des Frères Jacques

Lectures par Jean-Louis Jacopin

  • François Rabelais, Gargantua  (Seuil, 1996), pages 45 et 53.
  • Erasme, La civilité puérile  de "Rire de tout…" à … "on riait de lui.
  • François Rabelais, Gargantua (Seuil, 1996), pages 133-141
  • François Rabelais, Le Quart-Livre , cité par Alain vaillant dans Le rire (Quintette, 1991) pages 19 et 20

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