"Top Maestro", un concours musico-culinaire pour les jeunes compositeurs et compositrices

Le compte à rebours est lancé. Assis devant leurs tables, disposées en quinconce sur la scène de l'Auditorium de l'Opéra de Massy, les sept candidats découvrent le plat qu’ils ont tiré au sort : « Magret de cris d’anchois sur céleri à l’ancienne », « menuet à l’étouffée avec son trio de tritons », « larmes du tigre avec sa passacaille de piment »...

Ces jeunes compositeurs et compositrices - des élèves des classes de composition des conservatoires franciliens pour la plupart - sont venus participer au concours "Top Maestro" pensé par David Christoffel, producteur de l’émission de radio  Metaclassique. Ils ont une heure, pas une minute de plus, pour composer une partition à partir de leurs thèmes respectifs. Et sur le modèle de l'émission culinaire "Top Chef", ils sont aussi invités à livrer leurs impressions étape par étape au micro du producteur. « On essaie de partager le stress des candidats en même temps qu’ils sont en train de composer, de rencontrer des difficultés techniques. Et on voit que, d'un candidat à l’autre, le rapport à l’esquisse, au matériau préparatoire, n’est pas du tout le même », constate David Christoffel.

Une idée pour le moins originale qui puise sa source dans  une tribune du compositeur Jean-Louis Agobet parue dans le journal La Lettre du Musicien en janvier dernier. « Jean-Louis Agobet disait que la haute gastronomie avait réussi sa popularisation là où la musique contemporaine ne l’avait pas réussie et donc je me suis dit : "Si on prend au mot cette affirmation, que se passe-t-il si on prépare un concours "Top Maestro" dans les mêmes conditions que celles de Top Chef" [émission de télévision culinaire, ndlr] ? C'est une manière de démontrer par l’absurde que les choses ne sont peut-être pas si simples. »

« C’est une démarche qui est très proche de l’improvisation »

Dans l'Opéra, la course contre la montre se poursuit pour ces jeunes compositeurs et compositrices. Florestan Labourdette et Mickaël Bernard découvrent avec amusement ce concours musico-culinaire. « C’est une démarche qui est très proche de l’improvisation, et c’est vrai qu’on a rarement l’occasion de coucher sur partition une improvisation. Soit on compose, et on met un certain temps à coucher le résultat final sur papier, soit on improvise en jouant sur le moment. Là, c’est un entre-deux qui est très particulier », nous dit le premier. « Je trouve ça très intéressant de composer instantanément parce que, dans le monde de la musique contemporaine, on n'a de moins en moins de temps pour composer, de moins en moins de commande, donc c’est un très bon exercice », considère quant à lui Mickaël Bernard.

Les candidats ont désormais posé leur crayon. L’heure est à l’interprétation de ces mignardises pour piano. Au jury, les compositrices Florence Baschet et Suzanne Giraud se prêtent au jeu avec un vocabulaire finement choisi. « Quand on regarde "Top Chef" une fois, je crois que c’est bon, on a toute la terminologie nécessaire, plaisante Florence Bashet. Mais je pense qu’en musique, on a aussi cette sensualité-là : c’est une sensualité plus intellectuelle, plus dans la tête. »

C'est finalement Fanny Libert, venue spécialement de Belgique, qui remporte ce Top Maestro. Saluée pour sa cuisine sucrée, audacieuse et raffinée.

Le concours sera retransmis le 5 juin dans l'émission "Metaclassique", diffusée sur une centaine de radios associatives en France.