Au commencement de Pagnol était le verbe

Il y a cette année un demi-siècle qu'est mort Marcel Pagnol. Un anniversaire qui est l'occasion de reparler de lui. Mais Pagnol a-t-il jamais cessé de faire parler de lui ? Qu'importe au fond de savoir si ses livres sont encore beaucoup lus, si ses films sont vus. On peut l'espérer, mais de toute façon Pagnol est là, il a sa place, et parmi les noms passés par l'Académie française au vingtième siècle, le sien est de ceux qui portent le mieux le titre "d'immortel".

Par son cinéma particulièrement, il y a une permanence de Pagnol. La célébrissime Trilogie évidemment mais aussi Angèle, Regain, La femme du boulanger, Le Schpountz, pour ne citer que ceux-là, sont des films ancrés dans les mémoires, des "classiques" comme on dit, qui traversent le temps.

Au dramaturge à succès qu'était déjà Pagnol, la gloire internationale vint par le cinéma. Quand furent portés à l'écran, Marius et Fanny, et qu'il réalisa lui-même, ses deux premiers films, Le Gendre de monsieur Poirier et, déjà d'après Jean Giono, Jofroi, le cinéma parlait depuis peu. En dépit, ou à cause de leur succès, c'est d'ailleurs ce que certains ont durement reproché à ses films : d'être parlants, d'être du "théâtre filmé". Nous entendrons dans cette Nuit Marcel Pagnol répondre à ces critiques.

Le cinéaste Pagnol occupera une grande partie de cette Nuit, mais nous entendrons aussi l'écrivain, à travers des lectures de ses œuvres, notamment par les voix de Jacqueline Pagnol et de François Périer et par celle de Pagnol lui-même.

Comme c'est le propre des grands créateurs, par sa plume et sa caméra, il a su saisir et restituer l'universel dans les particularités d'un petit monde. Par son verbe, il a su insuffler la vie à des êtres de papier, à des caractères hors-norme de théâtre et de cinéma, qu'il a servis royalement à des comédiens qui les lui ont rendus tout aussi royalement.

Un programme d'archives proposé par Albane Penaranda.