La science à la conquête du froid

Le froid est partout. Dans nos bars, dans nos supermarchés, dans nos hôpitaux, dans nos appartements. Dans nos usines, sur nos tables d’opération, dans nos brasseries, nos caves à vin, nos épiceries de quartier, même chez les chefs les plus prestigieux. Il conserve la nourriture, permet de la transporter d’un bout du monde à l’autre sans perte de qualité, rafraîchit nos boissons et nos maisons quand le soleil d’été est trop rude.  C'est pourquoi nous vous proposons "La science à la conquête du froid",  une sélection dans nos archives radiophoniques d'émissions enregistrées depuis les années 1940 jusqu'à nos jours.

Le froid fascine les scientifiques depuis des siècles

Il sauve aussi des vies, permettant la conservation d’organes vitaux pour les greffer, menant à des avancées conséquentes dans le domaine de la médecine et la chirurgie. Il fascine les scientifiques, qui cherchent depuis des siècles à le pousser à l’extrême, à produire son incarnation finale, le zéro absolu. Il s’agit bien sûr du froid, mais pas en tant que phénomène naturel. C’est un froid artificiel, dont la production par l’homme est permise par une longue lignée d’avancées technologiques. Ce froid produit comme ex nihilo est désormais une partie à part entière des habitudes de consommation et de production de notre société. Ce froid est pourtant quelque chose que la science à du conquérir, une puissance qu’il à fallu étudier, comprendre et dompter pour qu’on puisse le produire ou le générer aussi facilement.

A la recherche du zéro absolu

Le désir de froid ne date pas d’hier : le grec Protagoras décrit au 5e siècle avant notre ère comment les égyptiens produisaient de la glace en plaçant des récipients plats remplis d’une fine couche d’eau sur les toits de leur maison. Les Romains, eux, en grands amateurs de boissons glacées, transportaient de la neige compactée des Apennins qu’ils conservaient dans des glacières souterraines. Catherine de Médicis ramène en 1533 le goût des sorbets à la cour d’Henri II ; Henri III, puis Louis XIV en sont tout aussi friands. On mélange alors la glace à du sel ou à du salpêtre pour la conserver plus longtemps. C’est vers la même époque au XVe siècle qu’apparaissent les premières traces concrètes de recherche autour de la production du froid : le médecin italien Zimara en 1530 et l’espagnol Villafranca cherchent tous deux quels mélanges de sels permettent de refroidir l’eau.

Une histoire du froid à travers les siècles

Mais c’est au XVIIe et au XVIIIe siècle qu’apparaissent les premières avancées sérieuses en termes de production du froid, sur fond de développement de la thermométrie notamment par Isaac Newton, Daniel Fahrenheit et enfin Anders Celsius. Le chimiste anglais William Cullen, lui, observe que l’évaporation de l’éther abaisse la température, dans la première démonstration publique documentée de la réfrigération artificielle menée à l’université d’Edimbourgh. Il faut néanmoins attendre jusqu’en 1835 pour que le premier brevet de machine à refroidissement voit le jour, et 1855 pour celle de James Harrison qui est utilisé à l’échelle industrielle.

En 1908, la production du froid est devenu un enjeu économique et scientifique si important que se tient le premier congrès international du froid à La Sorbonne avec plus de 5000 participants. S’il est bien sûr impossible de documenter l’infinité de découvertes et d’inventions qui ont guidé la production du froid artificielle, cette nuit tente de suivre les évolutions scientifiques et industrielles de cette deuxième moitié du XXe siècle, où la course au zéro absolu est plus féroce que jamais et où l’utilisation du froid artificiel devient monnaie courante dans la médecine mais aussi dans le quotidien de tout un chacun.

Une sélection d'archives par Mathias Le Gargasson.

• Réalisation : Emilie Vallat
• avec la collaboration d'Hassane M'Béchour
• La science à la conquête du froid (1ère diffusion : 10/03/2024)
• Edition web : Sandrine England, Timothée Fernandes Lopes, Eva Karagatcheff, Documentation de Radio France