Verlaine, la musique des mots dits

Paul Verlaine (1844-1896) est certainement l'un de nos poètes qui demeurent les plus populaires, autant qu'un poète peut l'être aujourd'hui. Il est l'un de ceux, ils se font rares, dont beaucoup d'entre nous connaissent par cœur au moins quelques vers.

L'école, avec Le ciel par-dessus le toit, et les très nombreuses mises en musique, en chansons, de ses poèmes ont contribué à lui conserver cette place de choix dans nos mémoires. Cette Nuit que nous consacrons à Verlaine devrait rappeler cette place si singulière qu’a occupée, et qu’occupe sans doute encore Verlaine, dans la rue et dans les cœurs, et rappeler également ce qu’a été, de son vivant et après sa mort, la place de Verlaine dans la littérature. Les archives de cette Nuit rendent compte de la poésie de Verlaine, des différentes époques de son art poétique et des différentes périodes de sa vie tourmentée ; depuis son enfance choyée d’enfant unique jusqu’à la totale déchéance des dernières années de sa vie, en passant bien sûr par le moment Rimbaud et le coup de revolver le plus célèbre de l’histoire de la littérature.

Verlaine, poète populaire et maudit

Qu’entendrons-nous dans cette Nuit ? Avant tout les poèmes, les vers de Verlaine, entre autres par les voix de Michael Lonsdale et de Jean Négroni… par celles de Bernard Blier, de Serge Reggiani, de Jean Servais et de François Périer… par les voix de ceux qui l’ont chanté, Ferré, Brassens, Gréco… et Verlaine sur les musiques de Reynaldo Hahn, de Fauré, de Ravel, et sur celle du musicien gallois John Greaves, à travers ses compositions de Verlaine gisant… Avec cette question, dans cette Nuit, où sera sans cesse soulignée la musicalité de la poésie de Verlaine : comment mettre en musique une poésie qui est déjà musique, comment chanter des poèmes qui sont déjà chansons ?

Une Nuit durant laquelle sera relu Verlaine, en compagnie notamment de l'écrivain Jacques Borel, éditeur de ses œuvres complètes dans La Pléiade, pour mieux comprendre l'ombre dans laquelle il aura été tenu, par la poésie de Rimbaud, par celle de Mallarmé, et par le "personnage" Verlaine lui-même ; le "pauvre Lelian", nom anagramme sous lequel il avait choisi de figurer dans Les Poètes maudits.

Comment mettre en musique une poésie qui est déjà mélodique ?

Quel fut le drame de Verlaine ? Ce sera une conférence d'Henri Guillemin qui nous le dira avec passion. Alors qu'avec Jacques Drillon et son ouvrage Tombeau de Verlaine, sera interrogé le paradoxe d'un poète s'éteignant quasiment seul, à la dérive, clochardisé entre café et hôpital, mais accompagné jusqu'à sa tombe du cimetière des Batignolles par dix-mille personnes.

Alain Buisine, que l'on entendra dans cette nuit, l'a écrit dans l'avant-propos de Verlaine. Histoire d'un corps, une biographie qu'il signait en 1995 : "Tout se passe comme si aux yeux de la postérité Arthur Rimbaud et Paul Verlaine s'étaient une fois pour toutes réparti les rôles : la beauté et la flamboyante gloire de la méridionale consumation solaire en Afrique pour Rimbaud, la laideur et le glauque engloutissement septentrional dans les brumes du tabac et les vapeurs de l'alcool pour Verlaine, qu'en somme, on imagine toujours déjà ravagé et déchu (…). Dans l'ordre de la réception imaginaire des écrivains, Arthur Rimbaud est à tout jamais du côté de la beauté alors que Paul Verlaine est depuis toujours laid".

La rencontre avec Arthur Rimbaud

C'est donc avec le laid, avec le moins "iconique des deux", avec Verlaine et sans Rimbaud, avec l'auteur du coup de feu, mais aussi de quelques-uns des plus beaux vers de la langue française que nous vous invitons à passer cette Nuit.

"Verlaine, la musique des mots dits", un programme d'archives proposé par Albane Penaranda.

• Réalisation : Thomas Jost
• Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
• Verlaine, la musique des mots dits (1ère diffusion : 31/03/2024)
• Edition web : Noémie Boncourt, Valérie Ernould, Sandrine England, Documentation de Radio France
• Archive Ina-Radio France

Illustration : Portrait de Paul Verlaine par le photographe Otto Wegener en 1893. (colorisé par Albert Harlinque). Auteur :  The Print Collector Droits :  Getty