Fureurs

Thomas répond à une offre d’emploi insolite : pendant sept jours, il va vivre dans une cabane à la lisière des bois et empêcher quiconque d’entrer ou de sortir de la forêt. Comme seule distraction, il a une radio qui lui permet de communiquer avec Lucie, une jeune femme qui occupe le même poste que lui de l’autre côté de la forêt. Mais il existe une règle secrète : il ne faut pas suivre les lumières qu'on voit, chaque nuit, près des cabanes. Thomas réalise vite qu’il n’est pas le seul à se poser des questions sur ces lumières : Ahmed, un villageois convaincu qu’un complot se trame dans les bois, pénètre un soir dans la cabane de Lucie et la contraint, sous la menace, à l’accompagner dans la forêt. Quand Thomas entre à son tour dans la forêt pour venir au secours de Lucie, il découvre l’origine des lumières : un puits lumineux entre les arbres, dans lequel s’enfoncent des voitures aux vitres teintées. Thomas et Lucie parviennent à fuir hors de la forêt, avant d’être rattrapés par Jacques, le superviseur des gardiens. Ce dernier promet de reconduire Lucie jusqu’à sa cabane, à condition que les deux jeunes gens ne racontent à personne ce qu’ils ont vu. Le lendemain, lorsque Thomas tente de contacter Lucie par radio, une voix inconnue lui apprend que la jeune femme a été remplacée et qu’elle ne reviendra jamais...

Pour Fureurs, fiction fantastique en 5 épisodes, Mehdi Bayad s'est inspiré d'une légende anglaise, l’histoire des Enfants verts de Woolpit, racontée dans une nouvelle par Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018.
Au 12e siècle en Angleterre, dans le Comté de Suffolk, des villageois ont découvert par hasard deux enfants hagards au cœur de la forêt ; ils portaient des vêtements inhabituels, parlaient une langue inconnue et ils avaient tous les deux la peau verte. Les habitants de la région en ont conclu que les enfants viennent d’un autre monde, dont ils se sont échappés en empruntant un passage souterrain.
La spécificité de Fureurs est que chaque épisode est centré sur un personnage différent dont le nom donne son titre à l'épisode. Par ailleurs, elle ne se résout pas à la fin de cette première saison...

🎧 Une série en son binaural, réalisée par Baptiste Guiton, à écouter au casque de préférence 🎧

Scénario : Mehdi Bayad, lauréat de l'appel à projet fonds podcast original France Culture-SACD 2020
Musique originale : Sebastien Quencez
Design sonore : Etienne Colin
Directeur d'écriture : Thibaud Martin
Bruitage : Elodie Fiat
Prise de son, montage, mixage : Julien Doumenc, Etienne Colin
Assistante à la réalisation : Justine Dibling
Avec : Quentin Dolmaire (Thomas), Tiphaine Daviot (Lucie), Bastien Bouillon (M. Lune), Vincent Garanger (Jacques), Mustapha Abourachid (Ahmed), Marie Dompnier (Marie), Miglen Mirtchev (Patron du café), Élisa Erka (Claire), Soldats : Olivier Balazuc, Antoine Sastre, Norbert Ferrer, Speaker radio Jeep : Audrey Stupovski, Maxime Pambet, Flora Brunier, Nicolas Gaudart, Thomas Lenoir, Olivier Kuhn, Kimiko Kitamura, Tiphaine Rabaud-Fournier, Gabriel Dufay, Grégoire Lagrange
Et les voix de : Matthieu Rocher, Sébastien Peyruc, Elie Chapus, Sipan Mouradian, Benjamin Bur, Benoit Chauvin, Marie Thiebaut, Caroline Binder, Olivia Forest et Valentin Capron.

À propos de Fureurs par Mehdi Bayad
"En m'inspirant de la nouvelle d'Olga Tokarczuk, elle-même basée sur le folklore anglais des Enfants verts de Woolpit, je fais le choix d'une fiction qui renvoie à un monde vierge de toute menace et libéré du poids de nos erreurs. Face aux défis environnementaux, sociaux et politiques qui s’imposent à nous, n’est-il pas plus aisé d’opter pour le déni et de rêver d’un ailleurs ? Le décor de cette fiction est apparu spontanément : une cabane à l’orée d’une forêt, isolée du monde et de sa fureur. Un lieu hors du temps, dans lequel le personnage principal serait, lui aussi, tenté de fuir la réalité.
En centrant l’intrigue sur l’un des gardiens de cette forêt, j'ai choisi d’illustrer la déchirure entre l’appel de la nature (sa beauté, sa tranquillité et ses dangers) et les forces de la ville (ses désordres, ses tensions et son apparente sécurité), une thématique que l’on observe souvent dans les œuvres d’ Hayao Miyazaki. Il était pour moi nécessaire d'arrimer le récit dans un avenir proche, un monde au bord du précipice qui aurait eu à affronter de grandes vagues de protestations, dont le traumatisme de Thomas est la trace. Cet avenir est marqué par une menace grandissante : le compte à rebours d’une société qui s’apprête à sombrer dans le chaos et précipite la fuite de certains. J'emprunte également à l'imaginaire de Lovecraft des teintes fantasmagoriques et l'idée de forces qui nous dépassent, auxquelles nous ne pouvons échapper. Cette référence transparaît notamment dans les crises et les cauchemars de Thomas, qui se remémore peu à peu l’événement traumatisant qu’il a vécu autrefois. Cette fiction est aussi l’occasion d’une narration particulière : chaque épisode est centré sur un personnage différent. Comme pour « Pierre et le Loup » de Prokofiev, chaque personnage, y compris la forêt, possède sa propre musicalité. Lucie communique avec Thomas par l’intermédiaire d’une radio ; la forêt à travers le vent dans les sapins et les bruissements nocturnes ; M. Lune est reconnaissable à sa voix suave ponctuée d’éternuements ; Jacques par le grondement menaçant de sa jeep… Si morale il y a, c'est le personnage de Thomas qui la porte : l’ordre des choses peut basculer lorsqu’un individu refuse le déni et accepte d’affronter la réalité, pour le meilleur ou pour le pire.

Fureurs par le réalisateur Baptiste Guiton
"Il y a deux axes importants dans la structure scénaristique de Mehdi Bayad, l’utilisation du plan-séquence d'une part, et la présence de personnages sans passé d’autre part, qui produisent un mode de narration restrictif définissant les rôles par ce qu’ils disent et font. L’auditeur va donc entendre, découvrir et vivre la situation dans le même temps que le personnage, il ne dispose pas davantage d’informations. Nous avons donc choisi d’enregistrer cette série en prise de son binaural, pour que chaque auditeur éprouve une expérience sonore immersive et fasse corps avec les protagonistes et leur environnement.
Si Fureurs est indéniablement une série fantastique, définie par l’irruption d’étrangetés dans des codes communs, elle fonctionne aussi comme une poupée russe, et s’ouvre sur d’autres genres pour jouer avec les attentes de l’auditeur : il y a du drame social dans le thriller, de la comédie dans l’aventure, du contemplatif dans le polar. Ce sont ces faux-semblants qu’il nous appartient de révéler. En effet, la tension vers le fantastique met en perspective des questions plus sociétales, comme les "bullshit jobs ", les lanceurs d’alerte, le complotisme, ou encore des interrogations environnementales. Chaque personnage propose un point de vue particulier face à l’ordre établi. Jacques est certes le "N+1" de Lucie et Thomas, mais il est, lui aussi, méprisé par sa direction. Lucie, motivée par l’appât du gain, se soumet à cette organisation, mais se croit libre de partir à tout moment. Ahmed est un contestataire. Sans faire partie de l’entreprise, il s’y oppose, quitte à aller trop loin. Thomas est une figure de la dissidence parce qu’il interroge un système qui ne le permet pas. Et si l’on perçoit une complicité entre Lucie et Thomas, leur relation reste concurrentielle, et le mode de communication à distance qui leur est imposé, via la radio, nourrit les malentendus et leur difficile association. Enfin, M. Lune, qui possède tous les outils de production, est un héritier à la santé fragile, soumis à de riches clients, dont l’entreprise est un fardeau. Fureurs, polar fantastique aux accents de fin du monde, nous donne à entendre une réflexion sur l’ordre et les rapports de soumission hiérarchique.

Mehdi Bayad est auteur et réalisateur. Pour le théâtre, il coécrit au Théâtre de la Toison d'Or la pièce Sisters, une œuvre qui interroge la place des femmes dans les trois grandes religions monothéistes. Entre 2018 et 2020, il écrit, interprète et réalise quatre fictions radiophoniques dont deux séries dystopiques : Nuit Blanche et Lumière Noire, diffusées en France et en Belgique. En 2020, il est lauréat du Fonds d'Aide à la Création Radiophonique pour sa fiction policière À tâtons. La même année, il écrit et assure la direction artistique de la websérie dramatique SPLIT. Fin 2020, il écrit également le court-métrage Brasier commandé par la RTBF et réalisé par Sébastien Corre. Il est lauréat du Fonds Podcast Natif France Culture / SACD 2020 pour sa série radiophonique Fureurs réalisée par Baptiste Guiton. En 2021, il écrit et réalise la série Bisou à demain sélectionnée au Paris Podcast Festival 2021. La même année, il écrit, interprète et réalise la fiction sonore Rouge Vif, diffusée sur La Première puis jouée en septembre 2021 sur la scène de la Maison de la Poésie à Paris ; cette œuvre remporte le prix international de la fiction aux Phonurgia Nova Awards, le premier prix de la fiction au Brussels Podcast Festival et le prix du meilleur scénario au festival La Nuit Sans Image. En 2022, il réalise le podcast Tout ça m'est Tergal pour Classic 21 et Jeunes Vieux Cons pour La Première. Il obtient la même année le Prix SACD Nouveau Talent Radio 2022. Il est l'auteur de l'épisode AMI pour la série d'anthologies NOISES produite en 2022 par le studio Babababam. Il signe également l'épisode Chiffon Noir de la série Noir Jaune Rouge pour La Première. Toujours en 2022, il écrit et réalise la série de nouvelles Multicolore. La même année, il écrit l'adaptation du roman Dracula de Bram Stocker sous la forme d'une série radiophonique pour la RTBF. Dans le cadre du programme "En 1ère Ligne", il écrit pour France TV Outre-Mer la série en 4 épisodes Vacarme visant à sensibiliser les auditeurs sur l'impact du dérèglement climatique en Outre-Mer.

Baptiste Guiton se forme à l’École nationale de la Comédie de Saint-Étienne en tant que comédien, et à l’ENSATT au sein du département Mise en scène avec Alain Françon et Christian Schiaretti. Directeur artistique de L’Exalté, compagnie de théâtre résolument tournée vers les écritures contemporaines et les auteurs vivants, il met en scène les textes de Michel Vinaver, David Greig, Pauline Sales, Dennis Kelly, Magali Mougel et Kevin Keiss. En 2015, il devient réalisateur de fictions radiophoniques pour Radio France. Il réalise notamment le podcast L’Appel des abysses de Juliette Rose et Cyril Legrais, Germinal d’Émile Zola, plusieurs cycles de créations consacrés à Stefano Massini (Chapitres de la chute, Femme non rééducable, Frankenstein …) et à Simon Abkarian (Électre des bas-fonds, Hélène après la chute, Ménélas Rapsodie), Panda et 22 millions de Vincent Hazard, Red Line d’Alexandra Badéa, Le Bruit des taupes de Magali Mougel, Le Monstre du Couloir et Dunsinane de David Greig, et Le Néther de Jennifer Haley. Au Studio 104 de la Maison de la radio et de la musique, il a réalisé notamment deux adaptations des Aventures du Petit Nicolas d’après René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, avec des enfants comédiens et la Troupe de la Comédie-Française, en public. En adaptant des créations théâtrales pour la radio, il collabore avec les metteurs en scène Jean Bellorini, Macha Makeïeff, Maëlle Poésy, et Christophe Rauck.