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- Dans ce premier épisode, « En quête de politique » s’intéresse au poutinisme comme « idée » politique. Une « idéologie » brutale, teintée de nostalgie, de fantasme de puissance et empreinte d’autoritarisme.16 mars • 49 min
- Dans ce second épisode sur le poutinisme, « En quête de politique » examine la fascination et l’adhésion d’une partie de la classe politique française pour Vladimir Poutine.23 mars • 49 min
À propos de la série
Thomas Legrand décrypte les différents ressorts qui définissent, déterminent et caractérisent le système idéologique, politique, social et économique de la Russie de Vladimir Poutine.
Une série qui s'interroge sur le fonctionnement de ce spectre idéologique et le soutien réel de la population russe à Vladimir Poutine. Nos esprits français, historiquement construits par le débat d'idées, doivent faire un effort critique particulier pour tenter de se mettre dans l'imaginaire d'une population russe qui n'a jamais connu la démocratie ouverte. Thomas Legrand tente de mieux comprendre ce curieux phénomène d'adhésion et d'apathie du peuple russe vis-à-vis de son leader, qui fait que le patriotisme russe s'inscrit au-dessus de toute autre logique.
Une culture sociétale russe apolitique
On se demande d'abord ce qui anime l'imaginaire des Russes et comment la société russe se représente le système et l'homme dont elle dépend. Est-ce un soutien par le cœur, par l'esprit, par la raison, par la conviction politique, par ignorance, par indifférence, par conformisme, par obligation, par habitude ? Nous verrons que c'est un peu tout à la fois et que le soutien majoritaire au leadership Poutiniste se conçoit par un rapport globalement passif vis-à-vis des affaires politiques. Les Russes ne savent pas ce qu'est la démocratie, ce qui empêche un certain esprit critique à l'égard de la culture politique autoritariste de Vladimir Poutine.
En cause d'abord, un processus électoral en Russie qui n'est pas un processus d'expression populaire tel que nous nous représentons le vote démocratique en France. La culture du pluralisme politique étant inexistante dans l'espace sociétal russe, le débat démocratique est un impensé dans l'imaginaire russe, ce qui annule toute réelle opposition et favorise largement un ralliement absolu fondé sur le conformisme social. Nous verrons qu'une grande partie des Russes a appris à considérer que leurs conditions de vie ne dépendaient pas des décisions politiques. Autant de logiques de contournement qui rendent impossible toute vie démocratique ou opposition, venant directement servir les intérêts idéologiques de Vladimir Poutine. Un système où tout est fait pour donner l'impression aux citoyens russes que Vladimir Poutine est irremplaçable.
Un pragmatisme autoritariste fondé sur l'alliance des contraires
Nous verrons ensuite en quoi le poutinisme est un pragmatisme paradoxal, qui absorbe et dissout en lui-même toutes sortes de courants absolument contradictoires, allant du stalinisme à l'ultra orthodoxie. Un pragmatisme qui se fonde sur l'oxymore politique pour rassembler le plus de soutiens possibles. Une mécanique par laquelle le président russe exalte un culte du passé fantasmé, tout en fustigeant la société libérale, démocratique occidentale, en l'assimilant à une résurgence de l'idéologie nazie. Bien que là aussi, la Russie adhère elle-même paradoxalement aux principes de libéralisation économique. Cette alliance des contraires est au coeur du système poutiniste.
Le spectre du poutinisme en France
Le poutinisme suscite également une singulière fascination française et on se demande par quels mystères Poutine arrive à séduire une partie de la classe politique et intellectuelle de notre pays. Comment expliquer la russophilie chez une certaine partie des Français, chez les Occidentaux pour qui le soft-power russe fascine ? Comment appréhender cette complaisance ?