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- Épisode 1/5 : Un manteau de cuir, un revolver et un grand couteau pour couper le saucisson et chasser le tigreJe passe mes journées à lire et à prendre des notes. Il y a dans ma tête, comme sur le papier, rien d’autre que Sakhaline. C’est une folie. Mania Sachalinosa6 juin 2022 • 28 min
- Épisode 2/5 : Sur la grand-routeLe "trakt" sibérien, c’est la route la plus longue du monde, ruban de civilisation que remettent en cause chaque printemps le dégel, les pluies et la boue.7 juin 2022 • 28 min
- Épisode 3/5 : L’amour est une région bien intéressanteOriginale en diable. [La région] grouille d’une vie dont on n’a même pas une idée en Europe. Cela me fait penser aux récits sur la vie américaine8 juin 2022 • 28 min
- Épisode 4/5 : J’ai tout vu à SakhalineJ’aurai passé deux mois à Sakhaline. J’ai pu voir tout. (...) je me suis démoli les nerfs et je me suis bien juré de ne (...) plus jamais aller à Sakhaline.9 juin 2022 • 28 min
- Épisode 5/5 : Le diable seul le saitSakhaline est un lieu de souffrances intolérables. Seul l’être humain, qu’il soit libre ou asservi, est capable de souffrances pareilles.10 juin 2022 • 28 min
À propos de la série
En 1890, Anton Tchekhov a 30 ans. Il a déjà connu le succès au théâtre et ses récits sont lus dans toute la Russie. Pourtant, sa vie l’ennuie, et il éprouve un besoin de changer d’horizon : partir en Sibérie pour regarder la souffrance, celle des forçats de l’île de Sakhaline, dans le Pacifique.
Le 11 juillet, Tchekhov, qui s’est baigné dans l’Amour, débarque au poste d’Alexandrovsk, après avoir franchi la manche de Tatarie et laissé derrière lui l’impitoyable "trakt" sibérien, la Vladimirka de sinistre réputation, où ont été jetés depuis l’institution du bagne par Pierre le Grand en 1722 des milliers de condamnés que la Russie relègue aux confins de l’empire : cinquante jours de cahots et de boue, de terres gelées et de rivières en crue, onze mille verstes, douze mille kilomètres, bientôt la poussière et une chaleur soudaine, suffocante, les moustiques, la taïga qui n’en finit pas, et toujours les punaises, l’invincible ennemi qui attend le voyageur éreinté aux relais de poste. L’écrivain va séjourner "trois mois et deux jours" sur cette langue de terre désolée qui fait deux fois la superficie de la Grèce. "J’ai tout vu à Sakhaline, sauf une exécution capitale", avertit Tchekhov dans une lettre aux siens : la prison qui avilit les hommes, les peines corporelles, la faim, les conditions de vie dégradantes des femmes, la prostitution, l’enfance abandonnée, souillée. Il remplit dix mille fiches, conservées aujourd’hui à la bibliothèque Lénine de Moscou, et fait œuvre de science, tour à tour sociologue, historien, géographe, ethnologue, médecin. Au retour, il lui faudra trois ans pour dépeindre l’odieuse réalité qu’il a rencontrée, "un véritable enfer". L’île de Sakhaline est une œuvre unique dans sa production littéraire et elle a déconcerté bien des lecteurs. En dressant ce rapport objectif et dépouillé, Tchekhov prend pourtant place dans le bouleversant cortège de la littérature concentrationnaire russe, des Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski aux Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, en passant par Soljenitsyne ou Vassili Grossman. De son stupéfiant voyage à travers l’immense empire russe, Tchekhov fait aussi, dans ses lettres et ses Notes de Sibérie qu’il rédige à l’intention de son éditeur, un récit souvent amusé. Lui qui a déjà craché onze fois le sang s’étonne d’endurer si bien les épreuves, s’émerveille des beautés de la nature et des mille paysages de la Sibérie dont nul ne sait dire où elle prend fin, "prose" jusqu’au Baïkal, «poésie" au-delà. Surtout, il y pratique un art impeccable de la description et du portrait, un toucher délicat, sans égal, qu’il déploie partout avec empathie et retenue. "Humilité, tendresse encore et autodérision chez Tchekhov, l’anti-Poutine absolu", nous rappelait Danièle Sallenave dans une récente tribune au Monde. Jean Torrent
Réalisation : Christophe Hocké
Textes choisis par Jean Torrent
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière
Lus par Vladislav Galard
Avec les voix de Odja Llorca et Olga Kokorina
Violoncelle et chant : Vladislav Galard
Prise de son, montage, mixage : Bastien Varigault, Titouan Oheix
Assistante à la réalisation : Laure Chastant
Les lettres d’Anton Tchekhov sont tirées de Vivre mes rêves. Lettres d’une vie, choisies, traduites et annotées par Nadine Dubourvieux, Paris, Éditions Robert Laffont, Bouquins, 2016; de la traduction de la Correspondance, Paris Éditeurs français réunis, 1966; de Lettres de voyage. Moscou – Sakhaline – Moscou, février 1890-janvier 1891, traduction et préface de Françoise Darnal-Lesné, Paris Éditions de l’Harmattan, 2009 et de L’Amour est une région bien intéressante. Correspondance et notes de Sibérie, traduction de Louis Martinez, Grenoble, Éditions cent pages, 2012.Les lettres d’Anton Tchekhov sont tirées de Vivre mes rêves. Lettres d’une vie, choisies, traduites et annotées par Nadine Dubourvieux, Paris, Éditions Robert Laffont, Bouquins, 2016; de la traduction de la Correspondance, Paris Éditeurs français réunis, 1966; de Lettres de voyage. Moscou – Sakhaline – Moscou, février 1890-janvier 1891, traduction et préface de Françoise Darnal-Lesné, Paris Éditions de l’Harmattan, 2009 et de L’Amour est une région bien intéressante. Correspondance et notes de Sibérie, traduction de Louis Martinez, Grenoble, Éditions cent pages, 2012.
Provenant de l'émission
Un rendez-vous destiné au grand public. Ces fictions auront pour mission de nous émouvoir, nous divertir, nous intriguer. Dramatiques radiophoniques, lectures, scénarios, adaptations, pages arrachées, toutes les formes radiophoniques et toutes les époques sont conviées pour conter une histoire.