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- Vénus Khoury-Gatha porte un regard amoureux sur les derniers jours de Marina Tsvetaeva, exilée dans un petit hameau de Elabouga, en Sibérie centrale, où elle se donne la mort, en 1941.2 mars • 57 min
- Estelle Gapp donne la parole à celle qui n'a jamais raconté son histoire, ensevelie sous les mots de sa mère. Condamnée à seize ans de Goulag, Alia écrivait à son ami Boris Pasternak, en 1952 : "Chaque jour, j'appelle à l'aide un miracle, qui me ramène dans le monde des vivants.9 mars • 57 min
À propos de la série
Cette fiction, adaptée du roman de Vénus Khoury-Ghata sur Marina Tsvetaeva et de celui d’Estelle Gapp sur sa fille Adriadna, est un dialogue entre la mère et la fille, pour réparer leurs disputes, leur rupture, brutale et définitive, dans les années 1930, en pleine terreur stalinienne.
"Son prénom dit tout d’elle. L’incarnation de la féminité et de l’amour. L’exigence d’absolu.
Comme Marina Tsvetaeva, Vénus Khoury-Ghata est coupée de ses racines, exilée dans l’écriture. Comme Marina Tsvetaeva, Vénus écrit chaque matin, accoudée à une petite table, contre une fenêtre qui donne sur un jardin boisé.
Quand je rencontre Vénus, à l’occasion de la parution de son livre, Marina Tsvetaeva, Mourir à Elabouga (Mercure de France), je devine à son tempérament de feu combien elle ressemble à Marina, la femme-volcan. Combien elles sont, toutes deux, de grandes amoureuses, de la vie, des hommes, mais surtout de littérature, qui est devenue leur second souffle.
Je viens lui offrir mon livre, Je t’aime affreusement (éd des Syrtes), publié au même moment.
Vénus me parle de Marina, la femme-amante, éternellement séductrice. Je lui parle d’Adriadna, la fille-sacrifice, éternellement reconnaissante. Nous parlons de leur relation, de leur amour-monstre, monstrueux, incandescent et dévorant.
C’est de cette rencontre et de nos échanges qu’est né le projet d’adapter pour France Culture nos deux textes, comme un dialogue entre la mère et la fille, pour réparer leurs disputes, leur rupture, brutale et définitive, dans les années 1930, en pleine terreur stalinienne : sans la mère, la fille n’existerait pas, mais sans la fille, l’œuvre de la mère aurait disparu.
Et puisque le destin s’en mêle, j’aime me raconter cette petite histoire : je suis née un an après l’arrivée de Vénus à Paris, et deux ans avant le décès d’Ariadna Efron, morte d’épuisement, dans la maison campagne où Marina Tsvetaeva avait passé son enfance, à 150 km de Moscou.
"Si nous étions dans une prison, il nous resterait ce trésor, l’éblouissement de l’enfance", écrit Rilke.
D’un éblouissement à l’autre, d’une enfance à l’autre, je me plais à croire que je suis née pour cette tentative poétique : tirer de l’oubli le fil d’Ariane, renouer le lien impossible entre la mère et la fille..."
Réalisation Laurence Courtois
Conseillère littéraire Céline Geoffroy
Les autrices :
Née en 1937 au Liban, Vénus Khoury-Gatha a fui la guerre du Liban et s’est installée à Paris en 1972. Romancière et poétesse, elle a publié une quarantaine d’ouvrages, traduits en 15 langues. En 2009, son œuvre est récompensée par le Grand prix de poésie de l’Académie française. Sensible à l’exil, elle signe deux magnifiques biographies « russes » : Les derniers jours de Mandelstam (Mercure de France, 2016) et Marina Tsvetaeva, mourir à Elabouga (Mercure de France, 2019)
Née en 1973, Estelle Gapp est chargée de programmes à France Inter et a réalisé plusieurs documentaires pour France Culture. Formée au théâtre et à la philosophie, elle publie, en 2019, Je t’aime affreusement (édition des Syrtes), une biographie romancée de la fille de Marina Tsvetaeva, qui fut la première éditrice de sa mère. La même année, elle part en Sibérie sur les traces d’Ariadna, et en revient avec un documentaire, intitulé « Nous sommes venus en Sibérie écouter les arbres crier ».