Pauline Nyiramasuhuko, génocide des Tutsis au féminin : un podcast à écouter en ligne | France Culture

Pauline Nyiramasuhuko, génocide des Tutsis au féminin
© Ina, Radio France
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Épisodes
    • Du 7 avril au 17 juillet 1994 près d’un million de Rwandais vont trouver la mort, essentiellement des Tutsis assassinés par les extrémistes Hutus. Un véritable génocide au cours duquel Pauline Nyiramasuhuko, alors ministre de la Famille et du Progrès des femmes va jouer un rôle clef.
      27 avril 2023  •  17 min
    • Celle qui s’était battue toute sa vie pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et qui avait œuvré à la mise en place de structures sociales allait devenir un des visages de l’incarnation du mal dans cette région des Grands Lacs.
      27 avril 2023  •  10 min
    • Du 7 avril au 17 juillet 1994 près d’un million de Rwandais vont trouver la mort, essentiellement des Tutsis assassinés par les extrémistes Hutus. Responsable de viols et de meurtres de masse, Pauline Nyiramasuhuko va prendre la fuite avant que son passé ne la rattrape.
      27 avril 2023  •  10 min
    • Après trois ans de cavale passant de camps de réfugiés en camps de réfugiés, du Zaïre au Kenya, Pauline Nyiaramasuhuko est arrêtée afin de répondre de ses crimes devant la justice pénale internationale.
      27 avril 2023  •  17 min

À propos de la série

Elle était ministre de la famille et du Progrès des femmes. Pourtant, Pauline Nyiaramasuhuko, va devenir leur pire ennemie, appelant à leurs viols et leurs meurtres de masse. Son bras armé ? Son fils Shalom.

Attention, certains propos et images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties.

1992. Pauline Nyiaramasuhuko, 46 ans, devient ministre de la Famille et du Progrès des femmes dans le premier gouvernement multipartite du Rwanda constitué par Juvénal Habyarimana qui va être assassiné. Un meurtre qui va se solder par la constitution d’un gouvernement intérimaire et déclencher le génocide des Tutsis, au Rwanda, qui commence le 6 avril 1994. Pauline Nyiaramasuhuko va jouer un rôle clef notamment dans sa ville natale de Butare, la plus importante mégapole du sud du pays où les Hutus refusent de participer aux massacres. Alors Pauline Nyiaramasuhuko va les y aider. Après avoir fait assassiner le gouverneur de la région, elle fait appel aux miliciens de Kigali, les Interahamwe que dirige un de ses trois fils, Arsène Shalom Ntahobali, pour éradiquer définitivement tous les Hutus. C’est « maman » qui est à « la manœuvre » et supervise le carnage ordonnant viols, tortures, massacres et crémation des corps des suppliciés. Sa devise : Avant de tuer les femmes, vous devez les violez ! Pendant 3 mois, elle fait couler assez de sang pour repeindre la région en rouge. Celle qui s’était battue toute sa vie pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et qui avait œuvré à la mise en place de structures sociales devenait un des visages de l’incarnation du mal dans cette région des Grands Lacs. Pauline Nyiaramasuhuko va même entrainer dans son sillon les membres de l’Akazu, cercle très privé et prisé proche du président Habyarimana avant 1994, critiqué pour le train de vie et le comportement de Cour de ses privilégiés.

Dancire Nyiramuzungu au Mémorial de Ntarama (au sud de Kigali). Cette survivante du génocide rwandais a perdu presque toute sa famille lors des massacres
Dancire Nyiramuzungu au Mémorial de Ntarama (au sud de Kigali). Cette survivante du génocide rwandais a perdu presque toute sa famille lors des massacres
© AFP - MARCO LONGARI

Du 7 avril au 17 juillet 1994, près d’un million de Rwandais vont trouver la mort, essentiellement des Tutsis assassinés par les extrémistes Hutus. Responsable de viols et de meurtres de masse, Pauline Nyiramasuhuko va prendre la fuite avant que son passé ne la rattrape.

Celle qui sera la première femme à être condamnée pour génocide prend la fuite, se fondant dans la masse des réfugiés fuyant le pays. Chassez le naturel et il revient au galop nous dit le dicton. Dans les camps, elle va même reprendre son bâton de bienfaitrice aidant femmes et enfants à retrouver un semblant de vie normal. On salue même son dévouement tandis qu’elle se présente sous sa vraie identité. Pourtant, personne n'y prête attention. Madame Pauline, l’ancienne ministre de la Famille et du Progrès des femmes, fait ce qu’elle a toujours su faire. Elle poursuit sa cavale au Zaïre puis au Kenya où elle s’installe à Nairobi. Une bien sympathique voisine, une femme normale et avenante racontent ses voisins. Si là aussi tout le monde connaît l’ancienne ministre, personne ne se doute de son rôle dans la mise en œuvre du génocide. Le 18 juillet 1997, elle est arrêtée lors d’une opération spéciale minutieusement préparée. Elle est conduite devant le TPIR, Tribunal Pénal International pour le Rwanda, et plaide instantanément non coupable. Comment une mère de famille aurait elle pu commettre les crimes dont on l’accuse ?
Le 24 juin 2011, après un procès fleuve de plus de 10 ans, Pauline Nyiaramasuhuko est reconnue coupable de génocide et de crimes contre l’humanité. Le verdict, lui, est sans appel : la perpétuité commuée en 47 années de réclusion.

Rwanda rwacu (Notre Rwanda), l'hymne national rwandais (de 1962 à 2002) interprété par la chorale Abatangana de Gitarama, diffusé en 1963 par Ocora

4 min

Pour en parler

  • Patrick de Saint-Exupéry, journaliste, grand reporter, écrivain et spécialiste du Rwanda
  • Adélaïde Mukantabana, autrice de Innommable – un récit du génocide Tutsi (L’Harmattan, 2016)
  • Juliette Bour, doctorante à l’EHESS. Thèse en cours sur les femmes qui étaient en position d’autorité au Rwanda avant 1994 et pendant le génocide en 1994 et qui l'ont préparé et y ont participé.
  • Alain Gauthier qui, avec son épouse Dafroza d’origine tutsie, traquent les génocidaires Hutus depuis 30 ans
  • Céline Bardet, juriste internationale spécialisée dans les crimes de guerre, les crimes internationaux, la justice et les questions de sécurité, fondatrice et directrice de l’ONG We are Not Weapons of War
  • Melkior, journaliste réfugié à Nairobi

Bibliographie sélective

Ouvrages :

Récits :

Romans :

Des crânes humains conservés au mémorial du génocide de Nyamata (Rwanda), dans l'église catholique où des milliers de personnes ont été massacrées en 1994
Des crânes humains conservés au mémorial du génocide de Nyamata (Rwanda), dans l'église catholique où des milliers de personnes ont été massacrées en 1994
© AFP - AFP PHOTO / SIMON MAINA

Filmographie sélective

Documentaires :

Autres films :

Dans "Le matin du départ", l'artiste Gaël Faye raconte son enfance heureuse au Burundi, parle de ses parents, de sa mère rwandaise... (France Inter, 2014)

1 min

Musique

  • Deux musiques de fin :
  • Jean-Paul Samputu, Ten years remember, extrait de l'album Testimony from Rwanda
  • Jean-Marie Muyango et Garrett List, Mutunge chœur des morts

Remerciements

  • Merci à celle qui m’a inspiré cette série, Merima Huseinbasic, rescapée de la guerre de Bosnie, spécialiste des crises et des conflits, ancienne du TPIY (Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie).
  • Merci à Indiana Burkel pour son aide précieuse dans la fabrication de ce documentaire.

Générique

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Anthony Thomasson et Nadège Antonini. Mixage, Nadège Antonini. Coordination, Christine Bernard. Archives Ina, Delphine André. Attachée de production et édition web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pauline Nyiramasuhuko, génocide rwandais au féminin s'inscrit dans la collection Criminels de guerre, une série de France Culture comprenant huit volets (quatre hommes et quatre femmes) à suivre en podcast et sur l'antenne de France Culture.

Provenant de l'émission

Une histoire particulière, le samedi et le dimanche de 13h30 à 14h sur France Culture

Raconter des histoires du réel, et par le singulier toucher l’universel. Le documentaire est le récit d’une histoire vraie. C’est un fait divers au sens propre et sans tiret : la rencontre entre un documentariste et une histoire qui nous emmène là où généralement nous n’allons pas.